Anne Vanderdonckt

Vos vêtements ont la parole

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Apanage de l’âge, lorsque vous découvrez la nouvelle collection dans les boutiques, vous vous dites: ça, j’ai déjà ! Et ça aussi ! Et ça également ! C’est que, ces dernières années, la mode ne se renouvelle plus.

Quoi de neuf ? Des brillances, beaucoup de bleu et blanc avec, ça et là, une touche de rouge, beaucoup de noir et blanc, de lignes, de l’ethnique, du blanc... Allez bref, ce qu’on voyait déjà l’année dernière... et les années précédentes. Quoi de neuf ? L’association du bleu serenity et du rose quartz. Neuf, vraiment ? Une veste de marque italienne dénichée lors des soldes d’été 2015 porte déjà haut ces couleurs dans ma garde-robe.

Quoi du neuf ? Des vieux machins, comme les Stan Smith, ces Adidas blanches à languette verte, entre autres, que nous avons portées ados, et que le marketing a très intelligemment relancées en organisant une pénurie avant d’en inonder les magasins. Car c’est un fait, les études de marché ont pris la place de la création, sans plus même s’en cacher. Et dès lors, tout se ressemble, car on vend mieux ce qui est déjà connu et ne heurte pas. Et tout ce qui porte la griffe du neuf s’avère être du remake : quand la mode ne s’inspire pas des années 70, elle plonge dans les années 80, etc., choisissez votre décennie ! La nostalgie des temps meilleurs, ça marche à tous les coups ! C’est qu’en temps de crise, on ne prend pas de risques. Ni les marques. Ni les boutiques. Ni les clients, qui ont par ailleurs gagné en maturité et pensent davantage en termes de qualité/prix. Les vêtements à prix de fous qui se déglinguent après deux lavages, non merci, on a donné !

Si la mode ne se démode plus à force de se copier elle-même, il y a néanmoins une donne qui a changé. Comme on le sait, la mode propose et la rue dispose. Là, la rue a décidé qu’elle en avait marre de la morosité chic et branchée. Quand tout va mal, comme ne nous le laissent jamais oublier les infos quotidiennes, on se replie sur des valeurs sûres; un trench beige de bonne facture qui fera dix ans, une chemise blanche qui ira avec tout. Mais là, cela va tellement mal ! Les attentats, la situation économique, les centrales qui se fissurent, la terre qui se réchauffe nous ont tellement plombés qu’en réaction, on a envie de joie, de couleurs, de fantaisie. Ce qui explique d’ailleurs la persistance de la tendance  » brillances  » que nous vous présentions le mois dernier. Les tissus dorés, les paillettes et les colifichets bling bling, c’est Noël tous les jours, c’est un gigantesque acte de résistance. Les imprimés ananas ou crème glacée sont autant de pieds de nez. Le vêtement a le pouvoir de véhiculer des messages. Et là, il dit : rien ni personne ne nous empêchera de prendre la vie comme une fête !

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