Anne Vanderdonckt

Une sensation volcanique!

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.

Des articles « la ménopause expliquée aux hommes » ou « la ménopause expliquée à votre boss« , vous en aurez déjà lus dans ce magazine. Malheureusement, le reporter est contraint de rester au niveau des mots et de la théorie. Même en faisant preuve de la plus grande empathie, le lecteur ne peut qu’imaginer ce dont il s’agit. Aussi percutant que soit un témoignage, qui ne s’est jamais fait assaillir par une bouffée de chaleur n’aura jamais qu’une idée assez fade de la force de ce qu’on appelle pudiquement « un désagrément » de la ménopause. Un peu comme on parle des « petits kilos » de la ménopause, comme si les femmes étaient disposées à les trouver mignons ces kilos, dont on espère leur faire gober qu’ils ne pèseraient pas 1.000 grammes, le jour où elles n’entrent plus dans leurs jeans.

Bouffées de chaleur, ou vapeurs, cela reste sans aucun doute le symptôme le plus caractéristique de la ménopause. La meilleure image peut-être, c’est dans la série américaine House of Cards quand la belle et machiavélique Claire Underwood (Robin Wright), qui deviendra en dernière saison présidente des USA, s’éclipse d’un dîner pour se rafraîchir la tête dans le frigo. Terrible. Tellement vrai. Mais même ça pour qui ne l’a jamais vécu...

On a retrouvé pourtant un peu l’esprit et l’efficacité de cette scène le 28 juin, au Royaume-Uni lorsque, pour sensibiliser les parlementaires masculins à une pénurie de THS (traitement hormonal substitutif qui combat aussi les symptômes désagréables), une députée travailliste, Carolyn Harris, a fait équiper ses collègues de gilets simulant des bouffées de chaleur. Et là, fini de rire (car ce phénomène naturel, qui n’est pas une maladie rappelons-le, représente une source d’inspiration infinie pour les blagueurs, d’autant que ces blagues bien lourdes ne sont pas encore pourchassées par la culture woke, comme tout ce qui touche à l’âge). Tandis que le ministre de l’Immigration évoquait « une sensation presque volcanique », ce qui est une image assez juste, le secrétaire d’Etat à la Santé jugeait l’expérience « profondément désagréable ». « C’est comme une chaleur enveloppante. Je ne sais pas comment je ferais pour continuer à vivre. J’ai hâte d’enlever ça! ». Ben tiens! Rien d’étonnant si, au Royaume-Uni, une salariée sur 10 aurait mis fin à son contrat de travail car elle n’arrivait plus à concilier les symptômes de la ménopause avec ses conditions de travail.

Contrairement à ce qui se passe chez nous où la ménopause reste un tabou (contrairement aux règles dont on parle désormais ouvertement), le Royaume-Uni a ses activistes de la ménopause (menopause warriors), ménopause qui mène sa vie sur les réseaux sociaux, a ses documentaires, ses projets de loi (visant à faire baisser le prix des THS) et dispose d’égéries, comme Lorraine Kelly, 62 ans, une des présentatrices les plus populaires de la télévision britannique. A côté de cela, des voix s’élèvent pour recadrer des interprétations sélectives des études scientifiques sur le THS. C’est très sain qu’il y ait un débat. A quand chez nous?

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