Un désherbant 100% naturel made in Belgium

Deux chercheurs liégeois ont découvert un désherbant 100% naturel et biodégradable à base de la bactérie responsable de la gale commune de la pomme de terre. Explications.

Cette bactérie est la terreur des agriculteurs car elle rend certains légumes invendables, mais pourtant consommables. Elle se nomme Streptomyces scabies et en 2007, elle fut responsable au Canada d’un manque à gagner estimé entre 15 et 18 millions de dollars. Même si on ne connaît pas les chiffres pour la Belgique, contentons-nous de savoir que la gale commune de la pomme de terre n’a pas de frontière.

Des cratères inesthétiques

Qu’a-t-elle de si terrible ? Cette bactérie, lorsqu’elle entre en contact avec un légume – pomme de terre, carotte, navet, radis, ... -, libère une puissance toxine qui fait apparaître des taches disgracieuses sur la pelure des légumes visés. Elle s’attaque aux racines et tubercules pour pomper leurs réserves nutritionnelles. Couverts de cratères brunâtres, ils sont rendus invendables bien que parfaitement comestibles. Sébastien Rigali et Samuel Jourdan, chercheurs au sein du Centre d’Ingénierie des Protéines de l’Université de Liège, ont toutefois mis en avant une caractéristique nouvelle de Streptomyces scabies.

Toxine puissante et désherbante

En effet, la toxine libérée, appelée thaxtomine, possède par ailleurs un puissant pouvoir de désherbant naturel et biodégradable. En collaboration avec la spécialiste belge Isolde Francis et le Pr Rosemary Loria de l’Université de Floride à Gainesville, les deux hommes ont découvert le mécanisme moléculaire responsable de l’induction de la synthèse de cette toxine, ouvrant la voie à une exploitation rentable. A l’état pur, un gramme de thaxtomine peut coûter jusqu’à 250.000 euros ! Pas sûr dans ce cas que les agriculteurs feront la fête à la toxine ! Les deux Liégeois se sont donc attelés à mettre au point un procédé novateur pour produire à grande échelle une toxine aux effets similaires, mais à un coût nettement plus acceptable. Cette découverte est à la base d’une proposition de brevet permettant une exploitation lucrative de la thaxtomine comme désherbant.

Bactérie mutante

Grâce à une mutation génétique, ils ont ainsi produit une bactérie mutante qui produit massivement la thaxtomine, mais qui ... n’empêchera en rien l’émergence de la gale commune !  » Cela ne nous intéresse pas de trouver un remède juste pour que les patates soient belles « , se justifient les chercheurs qui visent avant tout une alternative intéressante aux pesticides issus de la synthèse chimique. La particularité de la thaxtomine est de s’attaquer à l’enzyme qui fabrique la cellulose des végétaux et donc de les empêcher de croître. Cette toxine, présente naturellement dans les sols depuis des centaines de millions d’années, a permis aux plantes et aux espèces animales de vivre en sa présence en sachant exactement comment la dégrader.  » Nous avons donc de nombreuses raisons de croire que, lorsque l’utilisation d’un agent herbicide sera nécessaire, cette phytotoxine naturelle devrait altérer l’environnement aussi peu que possible « , assurent les Liégeois tout en reconnaissant que des enquêtes sur la toxicité de la Thaxtomine doivent quand même encore être menées.

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