Tous ensemble, chacun chez soi

Aujourd’hui, parce que les familles se complexifient, parce que la longévité a augmenté, notre habitat correspond à une phase de notre vie.

Quand j’étais petite, j’en ai connues combien des maisons comme cela,  » maisons bruxelloises  » ou  » de rapport « , composées de trois appartements superposés et appelées à évoluer au fil des années. Parfois habitées par un couple de propriétaires et ses enfants, des locataires aux étages; puis, un des appartements se voyait dévolu aux grands-parents, un autre aux enfants devenus jeunes adultes. Au décès des grands-parents, cet appartement était loué à un tiers ou repris par un enfant désormais en couple. Etc. Hier, ce genre d’arrangement ne portait pas de nom. Aujourd’hui, cela s’appelle une habitation kangourou. Et c’est une tendance.

Avant, les gens naissaient et mouraient dans le même village, souvent dans la même maison ou le même quartier. La maison bâtie par les jeunes mariés, c’était pour la vie. On ne pensait pas à la manière dont on pourrait y vieillir en toute autonomie.

Aujourd’hui, parce que les familles se complexifient, parce que la longévité a augmenté, notre habitat correspond à une phase de notre vie. Pour être très caricatural, il y a l’appartement des jeunes qui débutent sans grands moyens. La maison des jeunes parents. Et puis, quand les enfants quittent le nid, on constate que l’espace devient trop grand. Se pose alors la question : maison plus petite, appartement, autre chose...?

Dans cette réflexion, entre désormais l’élément du  » en prévision de plus tard « . A 60 ans, même si on est en pleine forme et on gravit les escaliers comme un cabri, on tient compte du fait que ce ne sera peut-être plus le cas quand on aura...

99 ans, par exemple. Comme le confirme notre sondage exclusif (lire page 31), nous sommes prévoyants, parés à toute éventualité ! C’est du réalisme. Nous sommes comme ça.

Notre objectif consiste à rester le plus longtemps possible chez nous, sans trop peser sur nos enfants. La toute dernière étude d’Iliv (Observatoire de la vie à la maison) montre en effet que si près d’un quart des Belges se disent prêts à vivre avec leurs parents âgés, ces derniers, eux, se montrent plus réticents. N’empêche, pour en revenir à l’habitation kangourou, et à d’autres formes de logement adoptées par des témoins rencontrés pour les besoins de notre dossier, on observe, en réaction à la crise et à l’individualisme, un grand retour du besoin d’être ensemble, du sentiment de communauté. Manière de réduire les frais, de briser la solitude, de mettre en commun les compétences et de pouvoir compter sur la solidarité du groupe. Ceci n’a plus grand chose à voir néanmoins avec l’esprit des communautés des années septante car, aujourd’hui, le besoin d’intimité prédomine. On pourrait dire que l’idéal, c’est : tous ensemble, mais chacun chez soi. Tout en sachant que le vivre ensemble, quel que soit le pourcentage de terrain à partager, n’est jamais une évidence. Il n’en reste pas moins que c’est certainement une piste d’avenir à explorer sérieusement...

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