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Rouler avec un e-bike, ça s’apprend !

Rouler avec un vélo électrique, est-ce si différent qu’avec une bicyclette classique ? Eh bien, oui ! La vitesse, le poids, l’accélérateur... tout cela demande un peu de dextérité de la part du cycliste.

Selon une enquête menée par le salon spécialisé Velofollies, il s’est vendu, en 2018, plus d’un demi-million de vélos neufs, dont près de la moitié en version électrique. Ce qui veut dire que nous sommes de plus en plus nombreux à nous lancer sur la route au guidon d’un e-bike et que notre vitesse moyenne ne cesse d’augmenter.

 » Avec un vélo de ville classique, on roule entre 15 et 17 km/h, contre 20 km/h avec un vélo électrique. La vitesse moyenne des cyclistes qui roulent avec un speed pedelec monte à 35 km/h. Contrairement à ce qu’on prétend, il est rare que ces e-bikes rapides atteignent leur vitesse maximale de 45 km/h,  » précise Roland Breyne de l’e-bike school, une asbl qui organise des cours et des ateliers de maîtrise du vélo électrique à la demande de communes, d’associations et d’entreprises. Il n’en reste pas moins que rouler à 20 km/h – et plus encore à 35 km/h – c’est rapide. A cela s’ajoute le poids d’un e-bike : au moins 25 kg. Maîtriser le danger potentiel que cela représente exige pas mal de technique et d’anticipation pour parer à tout risque.

e-bike = vélo

J’ai eu l’occasion d’en faire l’expérience lors d’une sortie à vélo en compagnie d’un guide de l’e-bike school. Là où un cycliste lambda n’atteindrait les 25 km/h qu’en descente sur un vélo classique, j’ai très vite roulé à 20 km/h sur une route plane, avec très peu d’assistance électrique. J’imagine qu’une fois habitué à ce confort et à cette vitesse de croisière, il doit être difficile de s’en passer.  » Sur un e-bike, on roule à vélo. Il ne faut faire appel à l’assistance électrique que sur terrain complexe : dans une côte, contre le vent ou quand on est fatigué de pédaler. D’autant que cela permet de prolonger la durée de vie de la batterie.  » Il ne faut pas oublier qu’un e-bike a des vitesses normales, comme un vélo classique, pour faciliter le pédalage, y compris sans l’assistance du moteur électrique.

Rouler avec un e-bike, ça s'apprend !
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An-ti-ci-per !

 » 60 % des accidents à vélo qui font l’objet d’un PV concernent des collisions latérales. Par exemple lorsqu’une voiture veut tourner droite sans voir qu’un cycliste approche, analyse Roland Breyne. Les automobilistes ont parfois du mal à estimer la vitesse à laquelle un e-bike approche et pensent avoir largement le temps de faire leur manoeuvre. Même si le cycliste a priorité (en tant qu’usager faible), il doit absolument anticiper ce genre de situations.  » Or, ce n’est possible qu’en ralentissant l’allure et en s’assurant que les automobilistes vous ont vu. A l’arrêt à un feu rouge ou à un rond-point, mieux vaut couper l’assistance électrique. Sinon, dès qu’on commence à pédaler, le moteur électrique se met en route et fait redémarrer le vélo bien plus vite que ne le pensent les autres usagers de la route. De même, il vaut mieux ne pas pédaler dans les tournants, afin que l’assistance électrique se coupe d’elle-même.  » Un moyeu avec vitesses intégrées est plus facile à utiliser. On peut le stopper même à l’arrêt. Avec un dérailleur, il faut anticiper nettement plus. « 

Pour moi qui n’avais jamais roulé sur un e-bike, c’est un baptême de la route. Je m’exerce d’abord sur un parcours d’agilité. Je dois zigzaguer entre des plots, négocier un virage serré, garder mon équilibre sans toucher les balises et freiner à temps. Là, pas de souci : je roule si lentement que je ne risque pas de déraper !

 » Quel que soit le vélo sur lequel on roule, il est très important de freiner correctement (toujours en actionnant les deux freins en même temps) et d’avoir des freins en parfait état de marche. Vu la vitesse atteinte sur un vélo électrique, je conseille de s’informer sur les différents systèmes de freinage « , recommande Roland Breyne. Certains systèmes fonctionnent moins bien sur route mouillée ou exigent plus d’entretien.  » La dernière technologie en date, l’ABS vélo, qui fonctionne comme un ABS auto, empêche la roue de se bloquer et, par la même occasion, évite de passer par-dessus le guidon. Comptez au moins 500. Si vous roulez occasionnellement et en général sur terrain plat, la dépense n’en vaut pas la peine. « 

Rouler avec un e-bike, ça s'apprend !
© FRANK BAHNMÜLLER

Lors du test d’équilibre, je renverse un plot. C’est que rouler très lentement avec un e-bike n’a rien d’évident, d’autant que ce type de vélo se renverse assez facilement.  » Les accidents ne se produisent pas tous en roulant ou à cause d’une interaction avec d’autres usagers de la route, souligne Roland Breyne. Beaucoup de gens tombent de leur vélo en y montant ou en en descendant. Un e-bike pèse +/- 25 kg, soit 10 kg de plus qu’un vélo classique ! Si vous avez perdu un peu de votre souplesse, choisissez un vélo à la barre tranversale plus basse. « 

La répartition du poids dépend en partie du type de moteur embarqué. Les vélos équipés d’un moteur sur la roue avant sont réputés moins stables quand on roule sur des voies accidentées, comme les chemins de terre ou les allées en graviers. Ceux dont le moteur est fixé au milieu du cadre ont un centre de gravité plus bas et sont donc plus stables sur la route.

S’y mettre à temps

La règle d’or est donc d’apprendre à bien connaître son vélo électrique. Et de (re)potasser le code de la route !  » Nos cours démarrent souvent par un rafraîchissement des règles de circulation pour les cyclistes. Quand on les connaît, on se sent déjà nettement plus à l’aise dans le trafic. On peut aussi équiper son vélo de rétroviseurs, qui sont d’ailleurs obligatoires sur un speed pedelec. On pense en effet souvent voir ce qui se passe derrière soi mais, en fait, on ne voit que ce qui se passe à côté de soi. « 

De plus en plus de gens comprennent l’intérêt de suivre une (courte) formation dédiée au vélo électrique. Certaines entreprises en offrent à leur personnel qui vient à vélo au travail. Certaines autoécoles proposent des modules de cours d’e-bike. Et c’est parfois le cas des (grands) revendeurs de vélos.  » Quand nous avons commencé il y a sept ans, nos clients étaient presque tous envoyés par des associations de seniors. Aujourd’hui, notre public a nettement rajeuni. L’idéal est d’apprendre à rouler à vélo électrique sans tarder.

Les anciennes générations attendent souvent trop longtemps pour s’en acheter un. A 85 ans, quand on n’a plus fait de vélo depuis dix ans, se mettre au vélo électrique est un énorme cap à franchir. Non seulement d’un point de vue technique mais aussi question trafic : la circulation est beaucoup plus dense qu’avant. Mieux vaut passer du vélo classique à l’e-bike sans attendre que les années s’accumulent. « 

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