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Rencontre sur internet: l’amour à portée de souris?

Aujourd’hui, en Belgique, plus d’un célibataire sur trois pense pouvoir trouver l’amour grâce à internet. Pour l’y aider, la Toile regorge de sites de rencontre. Une aubaine pour beaucoup... mais attention aux pièges !

Faites le test : après avoir lu ce magazine, installez-vous devant votre ordinateur et tapez  » site de rencontre en ligne  » dans votre moteur de recherche préféré. Instantanément, vous voici face à des centaines d’adresses vous promettant de dénicher l’âme-soeur. Il y en a pour tous les goûts : des sites généralistes, d’autres réservés à certaines catégories ethniques, certaines tranches d’âge, de revenus ou d’éducation, voire aux personnes mariées désireuses d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs...

Apparus timidement chez nous au tournant des années 2000, les sites de rencontre constituent désormais un juteux marché où se multiplient les acteurs. C’est que, selon une étude menée par Microsoft en 2010, 34% des 1,5 million de célibataires belges considèrent internet comme un bon moyen de faire des rencontres. Une opinion qui n’est pas infondée : en février dernier, un sondage de Dedicated Research commandé par le quotidien la Dernière Heure a montré que 16% des Belges actuellement en couple se sont rencontrés via la Toile.

16 % des Belges actuellement en couple se sont rencontrés sur internet

Fini, le temps où il fallait impérativement sortir et multiplier les activités sociales pour espérer trouver le bonheur. Une simple connexion internet suffitparfois ! S’inscrire sur un site de rencontre est un jeu d’enfant : en quelques clics, on crée son profil – les informations qui seront vues par les autres utilisateurs -, on paye et nous voici sur une véritable bourse aux célibataires. Grâce à un moteur de recherche fonctionnant par critères (âge, région, intérêts...), reste alors à sélectionner des profils intéressants pour entamer une discussion...

Connaître avant de rencontrer

Cette formule séduirait particulièrement les plus de 50 ans, coeur de cible de nombreux sites de rencontre. La raison en est simple, selon Sébastien Darte, project manager chez rendez-vous.be : « Quand on est à l’université, au début de sa vie professionnelle, on dispose d’un réseau social très large, on sort plus facilement et on fait beaucoup de rencontres. C’est plus délicat quand on a des enfants, un boulot, que tout le monde est marié dans notre entourage. «  Et même si, au détour d’une sortie, quelqu’un vous tape dans l’oeil, encore faut-il qu’il soit disponible... « Nous entendons régulièrement cette plainte, confirme John Meuffels, de 50plusmatch.be. Si on rencontre une personne dans un café, il arrive souvent que celle-ci soit déjà engagée dans une relation« .

Face aux contraintes de la vie quotidienne et à la raréfaction des  » rencontres imprévues « , les sites de rencontre ont l’avantage d’être facilement accessibles à tout moment de la journée et de ne regrouper que des utilisateurs activement à la recherche d’une relation. « En général, les gens aiment prendre le temps de chercher et de se faire une idée de quelqu’un avant de le rencontrer en chair et en os« , poursuit John Meuffels.

Amour naïf

En théorie, les sites de rencontre n’offrent donc que des avantages. Malheureusement, leur succès et leur accessibilité attirent également les arnaqueurs, qui n’hésitent pas à s’inventer des personnages pour soutirer de l’argent aux plus naïfs. Même si les sites qui ont pignon sur rue ont mis en place une série de filtres pour dénicher et supprimer ces faux profils, certains parviennent toujours à passer entre les mailles du filet. « Ce n’est pas courant, mais nous avons quelques cas d’utilisateurs arnaqués chaque année, reconnaît-on par exemple chez rendez-vous.be, par lequel transitent chaque jour 40.000 célibataires. Après coup, on se demande comment les gens n’ont pas compris ce qui leur arrivait, mais les arnaqueurs sont parfois très doués. »

Une réalité que détaille Olivier Bogaert, commissaire à la Computer Crime Unit. « Ces escrocs vont avoir une approche assez directe, pour voir si une personne est réceptive ou pas. Rapidement, ils vont glisser dans la conversation des histoires de difficultés financières, d’envie de changer d’air ou de vie, de logement défaillant ou d’opération humanitaire. Si le poisson mord à l’hameçon, ils ne vont demander de l’argent qu’après de longues discussions, parfois des mois après le premier contact. Les victimes sont le plus souvent des personnes en demande au niveau affectif, qui n’ont pas trop d’activité sociale et sont un peu coupées de la réalité... Vu de l’extérieur, l’arnaque peut sembler évidente, mais ces victimes sont dans le déni, car elles sont dans une relation de confiance. »

Les arnaqueurs sont doués, ils ne demandent de l’argent qu’après de longues discussions

L’approche se fait tout en subtilité, les arnaqueurs n’hésitant pas à produire de faux documents. « J’ai le souvenir d’une dame qui vivait seule et a entamé sur un site de rencontre une discussion avec un soi-disant ingénieur de chez Total, bientôt retraité et très souvent en déplacement car travaillant sur des plateformes pétrolières. Cette relation en ligne a duré des mois. L’ingénieur a fini par lui dire qu’il désirait prendre sa retraite en Charente-Maritime et qu’il avait déniché une charmante petite maison campagnarde, une véritable affaire où ils pourraient vivre à deux, mais qu’il lui manquait un certain montant pour pouvoir l’acheter. Il lui a montré des photos, a décrit la maison en détail... et est parvenu à soutirer à la dame 60.000€ – toutes ses économies -, allant jusqu’à lui faire parvenir un document notarié. » C’est finalement un proche de la victime qui s’est rendu compte de la supercherie. Quant au document notarié, il s’agissait d’un faux bien imité. Même si ces arnaques sont rares, mieux vaut donc rester méfiant (voir « Comment se protéger des arnaqueurs? « ).

Abonnements reconduits

Autre problématique qu’on peut imputer aux sites de rencontre, tout du moins à certains : les conditions d’inscription. La plupart des sites payants fonctionnent par abonnement temporaire. En d’autres termes, par virement ou carte de crédit, l’utilisateur achète un accès au site pour un ou plusieurs mois (les prix varient grosso modo de 10 à 50€/mois). Durant ce laps de temps, il accède tant qu’il le désire à la plateforme, sans restrictions de temps ou d’interaction. Passé ce délai, la plupart des abonnements sont automatiquement reconduits, sauf demande contraire de l’utilisateur et sous certaines conditions.

En 2014, Test-Achats dénonçait des manquements à la législation sur cette reconduction automatique : selon l’organisation de consommateurs, de nombreux sites n’affichaient pas clairement les règles de prolongement tacite d’un contrat, qui doivent théoriquement apparaître  » dans les conditions générales en gras et dans un cadre distinct« . Test-Achats regrettait également que de nombreux sites ne permettaient pas de délai de réflexion légal de 14 jours, pendant lequel un contrat peut être annulé et remboursé sans frais.

A l’heure actuelle, certains sites ne respectent toujours pas ces règles : il est donc primordial, avant de s’inscrire, de lire attentivement les règles d’utilisation pour éviter toute déconvenue ultérieure. Pour ne citer qu’un exemple, en février dernier, un utilisateur du site de rencontre Be2.be a vu la résiliation de son compte refusée parce qu’il ne l’avait pas demandée selon la procédure indiquée dans les conditions d’abonnement : il avait employé le mot « résiliation » plutôt que « rétractation » et avait envoyé un mail plutôt qu’un courrier ou un fax !

Une chance sur quatre ?

Mais que tout ceci ne vous empêche pas de tenter l’aventure des sites de rencontre en ligne, si le coeur vous en dit. Moyennant un minimum de précautions, cela devrait vous permettre de rencontrer de nouvelles têtes, ce qui pourrait déboucher sur des histoires d’amitié... ou d’amour. Mais au fait, la recherche de l’âme soeur en ligne se clôture-t-elle souvent par une réussite ? « Nous recevons régulièrement des feedbacks d’utilisateurs, répond Sébastien Darte. Lorsqu’un utilisateur se désinscrit, nous demandons notamment pourquoi il supprime son profil. Dans environ 25% des cas, les gens nous expliquent que c’est parce qu’ils ont trouvé quelqu’un. On peut donc en conclure qu’un utilisateur sur quatre finit par faire une rencontre fructueuse chez nous. Maintenant, s’agit-il d’une relation qui s’inscrira dans la durée ou d’une histoire sans lendemain... Nous ne sommes pas en mesure de le savoir ! « 

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