"Mais à ce prix-là, pour ce que vous demandez, vous n'aurez plus rien!", voilà ce qui a été répondu à une famille qui voulait partir en vacances une quinzaine de jours, comme il y a deux ans, avec grosso modo le même budget de 6.000€. Ce qui est loin d'être une somme négligeable. Choquée, la famille a dû revoir ses ambitions nettement à la baisse en ces temps d'inflation galopante. Les vacances sont-elles devenues impayables?
...

"Mais à ce prix-là, pour ce que vous demandez, vous n'aurez plus rien!", voilà ce qui a été répondu à une famille qui voulait partir en vacances une quinzaine de jours, comme il y a deux ans, avec grosso modo le même budget de 6.000€. Ce qui est loin d'être une somme négligeable. Choquée, la famille a dû revoir ses ambitions nettement à la baisse en ces temps d'inflation galopante. Les vacances sont-elles devenues impayables? "Tout dépend des destinations, mais les prix ont effectivement augmenté de minimum 10% ou 15%, détaille Romy Monfort, directrice d'une agence et spécialiste dans les voyages sur mesure. Je viens justement de discuter avec un couple qui veut repartir à Gran Canaria dans le même hôtel, pour la même durée d'une semaine et à la même période de l'année. Le surcoût est de 600€." Dans certains cas, l'augmentation peut atteindre 50%. Et même si de nombreux vacanciers ont attendu une hypothétique baisse des prix, il faut se rendre à l'évidence: après deux étés de crise sanitaire, les Européens ont retrouvé en masse le plaisir de partir en vacances à l'étranger. "Il y a donc peu de chance de profiter d'un last minute alléchant cette année", ajoute Romy Monfort. Pourtant, les Russes, interdits de voyage, ont laissé de la place dans les complexes hôteliers comme en Turquie. "Mais plus que jamais, c'est la loi de l'offre et de la demande qui va influencer les prix", embraye Florence Bruyère, la porte-parole du voyagiste TUI. Il existe un véritable phénomène de rattrapage après deux années plombées. La demande est supérieure à l'offre d'autant que les compagnies aériennes comme les opérateurs touristiques ne peuvent pas se permettre d'augmenter leurs capacités. L'objectif premier est de renflouer les caisses. Et il n'y a pas que le prix du séjour qui a augmenté. Toute une série de produits connexes ont suivi la même courbe inflationniste. Ce qui fait gonfler le prix global du voyage. Parfois, cela semble supportable comme l'augmentation des taxes d'aéroport. "Il faut compter de 8 à 15€ supplémentaires pour un couple", estime Romy Monfort. Par contre, d'autres augmentations font plus mal. La hausse spectaculaire des prix des carburants a un impact, même pour certains vacanciers qui avaient réservé leurs vacances en avion largement à l'avance. TUI a communiqué que les frais supplémentaires prévus pour les départs en avion en juin dernier étaient de 74€ pour l'Espagne, 96€ pour la Grèce et 320€ pour les Caraïbes. On parle bien d'augmentation par personne! Seuls ceux qui avaient souscrit au Fuel protection program (FPP) y ont échappé. "Ce FPP n'est pas une assurance, mais une option que les clients peuvent ajouter au moment de leur réservation, précise Florence Bruyère. Le prix du carburant est l'un des rares éléments d'un voyage à forfait qui peut influencer le prix définitif sur la facture finale. Il peut s'agir d'une augmentation ou d'une diminution. Le FPP garantit un prix fixe. Il était gratuit jusqu'au 15 janvier. Il dépend depuis de la distance de la destination choisie. Prenons les costas espagnoles très prisées par les Belges, le prix du FPP était de 20€ (aller-retour par personne) après le 15 janvier. Il est aujourd'hui de 74€. Il reflète l'évolution des prix du carburant historiquement élevés." "Si la voiture reste le moyen de transport vers les vacances le plus prisé pour près de 7 Belges sur 10, la crise énergétique qui se traduit par la flambée des prix du carburant, freine les ardeurs de nombreux villégiateurs", analyse-t-on chez Touring en se basant sur les résultats d'une grande enquête sur les Belges et leurs vacances. Désormais, "pour deux Belges sur cinq, les prix élevés des carburants influencent le choix de la destination de voyage et du moyen de transport. Ainsi, le caractère abordable est, après le soleil et la chaleur, le critère le plus important pour choisir où s'évader." L'organisation indique aussi que 10% des Belges ne partiront pas en vacances cet été. Près de la moitié d'entre eux devra s'en priver pour des raisons budgétaires. Il n'y a pas que les carburants qui vont grever le budget des vacanciers motorisés. Du sandwich sur l'aire d'autoroute aux péages, rien ne baisse. Que du contraire. En France par exemple, les péages ont augmenté en moyenne de 2,5% depuis 2021. Quant aux tarifs de location de véhicules, c'est la piqûre. C'est l'Italie qui les bat tous les records avec +104%. En Espagne (+85%), le tarif hebdomadaire le plus bas pour une petite Fiat Panda au départ de l'aéroport d'Alicante approche les 400€. En Croatie, c'est +62% et en France +40%. Le prix moyen des locations a augmenté de 20 à 25% en Belgique. La cause de cette envolée des prix? Une forte demande des locations après deux saisons blanches. Mais aussi parce que les loueurs ne veulent pas et ne peuvent pas renouveler leur parc automobile tant pour des raisons d'investissements qu'à cause de la pénurie de semi-conducteurs. Les nouveaux véhicules sortent au compte-gouttes des usines d'assemblage. Pour un séjour à l'hôtel, l'augmentation moyenne est de 10%. Et le prix des emplacements de camping suit la même courbe. Le secteur hôtelier se dit obligé d'augmenter ses prix pour éponger les dettes de la pandémie, compenser ses dépenses énergétiques et ses coûts de personnel. Personnel que le secteur a de plus en plus de mal à recruter, ce qui fait aussi grimper les salaires et indirectement le prix des chambres.