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Positiver malgré la pandémie

Le mental de la plupart d’entre nous va mal. A cause de la crise du Covid qui s’éternise nous peinons à imaginer demain. Certains réussissent pourtant à positiver!

Depuis un an, on ne peut pas vraiment dire que les bonnes nouvelles se bousculent au portillon, et ce dans les médias ou sur les réseaux sociaux. S’il ne fait aucun doute que la crise du Covid-19 s’accompagne de souffrances, tant physiques que mentales, la réalité est tout de même plus nuancée. De nombreux lecteurs nous l’ont écrit: la pandémie leur a permis, malgré tout, de donner à leur vie un éclairage différent, souvent positif.

« Cela illustre notre incroyable capacité d’adaptation, analyse le Pr Elke Van Hoof, psychologue. Or, bien souvent, nous n’utilisons cette ressource qu’en dernier recours. La situation que nous traversons est tout à fait inédite et nous n’avons aucun précédent sur lequel nous appuyer. Ce n’est négatif en soi. Car c’est ce qui nous oblige à faire de preuve de créativité, pour faire face à la situation tout à fait anormale que nous traversons. »

DES RITUELS

Et ce ne sont pas les situations inédites qui ont manqué ces derniers temps. Des mariages aux départs à la pension, en passant par les naissances et autres événements, tout a été chamboulé. Même les enterrements ont dû s’organiser en tout petit comité ou à distance. « Nous avons tous besoin de rituels de passage pour marquer le début d’un nouveau chapitre de la vie. Ou pour pouvoir faire son deuil. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut toujours se rattraper.

Il n’y a pas de limite dans le temps pour organiser ces rituels. Ce serait formidable de pouvoir organiser des fêtes de « rattrapage ». Pourquoi, par exemple, ne pas programmer – dès que ce sera possible – un pot de pension pour tous les ex-collègues qui n’ont pas pu marquer le coup? Ou fêter cet été le repas de Noël qu’on n’a pas pu faire en famille? Cela nous permettrait de retrouver un semblant de normalité », estime Elke Van Hoof.

« Souvent, nous ne arrêtons pas assez sur les moments charnières de nos vies. Pourtant, il est important de le faire en toute conscience, dans les moments positifs comme dans les moments négatifs, assure Leslie Hodge, psychologue. Après un changement drastique, on est souvent confronté à la solitude. Il faut alors tâcher de faire un bilan introspectif sur ce qu’on aurait intérêt à lâcher et sur ce par quoi on pourrait le remplacer.

Il y a plusieurs façons de s’y prendre, à chacun de trouver celle qui lui convient. Pourquoi ne pas en faire un rituel? Par exemple en mettant les choses par écrit ou en partageant son histoire avec d’autres. L’important est que ce rituel ait une valeur ajoutée pour vous et qu’il vous réconforte ou vous aide à passer un cap. »

Positiver malgré la pandémie
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UN SITE INSPIRANT

Vous n’avez pas pu faire vos adieux à un être cher comme vous l’auriez voulu? Il n’est jamais trop tard pour organiser une cérémonie. « On n’en a pas l’habitude, mais on peut très bien refaire une cérémonie, même longtemps après le décès, pour un cercle de proches plus étendu, préconise Elke Van Hoof. Cela permet de se réconforter et de partager des souvenirs. L’année passée, de nombreuses familles ont ainsi imaginé des manières originales de faire leurs adieux ou de marquer un événement important. Ce serait formidable si on pouvait regrouper toutes ces alternatives sur un site web inspirant, une sorte de bibliothèque virtuelle avec des petites vidéos et des photos que les gens pourraient partager. »

BOOSTER LA RÉSILIENCE

Nous avons tous subi les mêmes restrictions au cours de l’année écoulée, mais nous ne les avons pas vécues de la même manière. Ce qu’on appelle la résilience, ou capacité d’une personne à rebondir ou s’adapter après un bouleversement, joue un rôle clé à cet égard. Notre degré de résilience est en partie déterminé par la génétique, donc héréditaire, mais on peut aussi s’exercer pour l’améliorer. « Dans un certaine mesure, la résilience est comme un muscle qu’on peut travailler, estime Leslie Hodge. La relation avec les autres – et avec soi-même – est cruciale. Veillez avant tout à vous créer un solide réseau d’amis et entretenez-le. »

« Face à un coup dur, une personne réagira mieux si elle sait pouvoir s’appuyer sur des personnes en qui elle a entière confiance. Je conseille de continuer à prendre soin de soi, en se préparant de bons repas, en sortant chaque jour de chez soi, en dormant suffisamment. Il faut se ménager des moments de détente, car le stress chronique grignote notre énergie et notre stock de résistance. Si vous avez tendance à vite amplifier les petits désagréments, tâchez de vous raisonner pour remettre les choses en perspective. Occupez-vous de l’obstacle lui-même. S’il s’agit d’une mission professionnelle délicate, qui vous empêche de dormir, parlez-en à votre patron et concentrez-vous aussi sur tout ce que vous faites avec talent. »

Penser positif, ça s’apprend!

  1. Créez-vous des perspectives, même modestes ou limitées. Et soyez concret: il peut s’agir de nettoyer la terrasse, d’entretenir un bout du jardin, de ranger une pièce de la maison, d’organiser un apéro le vendredi soir avec sa « bulle »... Fixez-vous une deadline de 21 jours. Un délai idéal pour que votre cerveau ne perdre pas de vue l’objectif à atteindre.
  2. Reprenez contact avec des gens. Téléphonez chaque semaine à deux personnes, amis ou (ex-)collègues, pour prendre de leurs nouvelles. Personnellement, je le fais une fois par semaine et, chaque fois, je suis impatiente de voir comment la reprise de contact va se passer, affirme Elke Van Hoof, psychologue. Ça booste l’énergie et ravive très souvent les liens d’amitié. »
  3. Rendez service. Si vous n’avez ni voisins, ni connaissances que vous pouvez aider en faisant des courses ou un bricolage pour eux, contactez le guichet social de votre commune ou faites du bénévolat en téléphonant à des personnes isolées.
  4. Prévoyez chaque jour un petit moment « plaisir » rien que pour vous. Qu’il s’agisse d’aller boire un cappuccino au parc, en lisant un livre, de vous acheter un bouquet de fleurs ou de papoter avec vos voisins...
  5. En cas de problème ou de coup dur, concentrez-vous sur ce qui a du sens pour vous, au quotidien, vos petits-enfants, votre travail, vos activités de bénévolat...

Quelques témoignages de nos lecteurs

Après un appel à témoignages lancé sur ce site, nombre d’entre vous ont partagé leur méthode pour traverser cette crise en douceur, en gardant espoir et en restant toujours positif. Une belle leçon de vie.

Anne: « Je vois le verre rempli aux trois quarts »

Je suis bien décidée à prendre la vie du bon côté, même si au début ce n’était pas évident pour moi, qui suis veuve, de respecter toutes les restrictions liées à la crise du Covid. Ma recette pour rester positive? Je refuse de m’appesantir sur ce qui ne va pas, je me concentre au contraire sur ce qui va bien. Je trouve que c’est déjà pas mal. Je me rends compte que je ne suis pas trop à plaindre. Je continue à travailler depuis chez moi et je n’ai pas subi de perte de revenu. Je vis dans un environnement très vert, si bien que je peux sortir me promener quand je veux. Je me suis également rapprochée de quelques personnes importantes dans ma vie, comme ma mère, ma soeur et mon beau-frère. Ma soeur est ma meilleure amie, depuis toujours. Tant que je peux les voir régulièrement, tout va bien pour moi.

Marie-Christine: « J’ose à peine le dire, mais j’ai vécu de manière très positive l’année écoulée! »

J’ai eu 65 ans en 2020 et j’ai énormément appris sur moi-même. Le confinement a remis mentalement mes compteurs à zéro et je me suis rendu compte que je passais beaucoup de temps à faire des choses qui ne me plaisent pas. J’étais membre de nombreux clubs et associations, et je croyais aimer ça. Jusqu’à ce que tout soit à l’arrêt et que je me trouve parfaitement bien à la maison. Je m’aperçois que toute ma vie je me suis efforcée de socialiser, alors que ça ne me ressemble pas et que cela me prend une énergie folle.

Ces contacts sociaux ne me manquent absolument pas. Je dirais même que ça m’a retiré un poids des épaules. Après la pandémie, je ferai soigneusement le tri parmi toutes ces activités. Mais j’appelle régulièrement des amis qui ont besoin de parler. J’ai également repris contact par e-mail avec des amis perdus de vue. Tout cela a enrichi ma vie. Je peux mieux occuper le temps ainsi libéré, je lis davantage, je cuisine, je regarde des documentaires. Je m’aperçois qu’il y a plein de choses que j’ai envie d’apprendre. Cela a fait du bien à mon couple aussi. Nous sommes maintenant tous les deux pensionnés, ce qui a pas mal réduit notre niveau de stress.

Isabelle: « J’ai vécu une année covid très dure émotionnellement »

J’ai perdu ma mère, mon frère et mon parrain. Comme nous avons dû leur dire adieu en très petit comité, sans petit verre après la cérémonie pour nous réconforter, j’ai du mal à faire mon deuil. En plus, mon couple n’a pas tenu le coup et j’ai eu un accident de vélo qui m’a laissé des séquelles.

Malgré tout, j’essaie de faire chaque jour quelque chose de positif. Aller marcher au bord de la mer ou à la campagne, lire un livre sur le lâcher-prise, créer quelque chose de mes mains, voir des amies, cuisiner, faire le grand nettoyage dans la maison, m’installer sur le divan pour regarder un film ou une série sur Netflix, ou mettre par écrit l’histoire de ma vie.

Mon frère avait une devise: ne jamais renoncer et apprécier chaque petit plaisir de la vie. J’essaie, et cela me permet d’être avec lui en pensée.

Positiver malgré la pandémie

Marthe: « Pendant le premier confinement, j’ai décoré mes fenêtres »

Au printemps 2020, alors que la maison était pleine de serpentins après les anniversaires des enfants, j’ai décidé de les suspendre aux fenêtres pour faire sourire les passants. Et j’ai ajouté un petit meuble devant la fenêtre, pour améliorer ma déco. En faisant du rangement dans la maison, je suis tombée sur de vieilles lettres. J’ai décidé d’écrire à leurs auteurs pour voir s’ils s’en souvenaient. J’ai eu la surprise de recevoir pas mal de courrier en retour, ce qui m’a permis de renouer des liens en cette année qui aura été sans contact pour beaucoup de gens! Mon mari doit souvent me rappeler l’heure du repas, parce que quand je suis occupée, j’oublie tout... Bien sûr, il partage avec moi la surprise des messages qu’on reçoit de la famille et des connaissances. »

Mario: « Je suis pensionné depuis début 2020. Et je me suis très vite lancé dans le bénévolat »

Dans le cadre d’un projet d’apprentissage et d’emploi dans mon quartier, j’aide des jeunes adultes handicapés dans un atelier de boulangerie. Ce travail est très gratifiant et m’apporte énormément sur le plan humain. Une excellente chose en cette drôle de période...

Christine: « L’aspect le plus positif a été le gain de temps grâce au télétravail »

Chaque jour, j’ai un bonus de trois heures ! Comme beaucoup de mes hobbys ont été suspendus, j’ai dû faire des choix pour la première fois et j’ai décidé d’arrêter certaines activités. Après le coronavirus, ma vie ne sera plus jamais comme avant ! Ce qui me manque énormément, c’est la chorale. Je chante dans différents groupes, plusieurs fois par semaine. A la place, je fais nettement plus souvent de grandes balades nature, ce qui m’a permis de découvrir de beaux coins près de chez moi, et je bouge beaucoup plus. Idéal pour décompresser !

Madeleine: « Cela a été dur pour tout le monde, mais la manière de réagir peut faire toute la différence »

Pendant le premier confinement, j’avais décidé d’appeler trois personnes chaque jour pour bavarder avec elles. Je suis bénévole au sein d’une association de personnes âgées, alors pour moi ça allait de soi ! Du coup, je reçois, moi aussi, des coups de fil tous les jours. J’ai également pris une résolution : sortir de la maison tous les jours, parfois pour 15 minutes seulement, souvent pour une heure. Grâce à cela, je croise souvent des connaissances, ou même des inconnus, et on se met à parler spontanément. Que faut-il de plus pour que la journée soit bonne ? Avec un de mes petits-enfants, je m’occupe aussi d’une action solidarité. Et il y a autre chose que j’attends avec impatience. Bientôt, je serai arrière-grand-mère pour la deuxième fois !

Annemie : « Mon mari et moi vivons les plus beaux moments de notre vie »

Nous étions tous les deux, tout le temps, très occupés par de nombreuses associations, par les enfants et la famille. Et tout à coup, plus rien de tout ça. Mais qu’est-ce que ça fait du bien ! Et le pire, c’est que je ne culpabilise pas du tout.

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