Anne Vanderdonckt

Non Jef, t’es pas tout seul !

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.

Vais-je oser vous confier que je n’ai jamais pris un taxi Uber ? Que je ne possède pas de lunettes virtuelles ? Et que je n’ai pas l’intention d’acheter un drone (pour photographier le chien du voisin vu d’en haut ?) ? Oh là là, mais on en parle tous les jours à la télé et dans les journaux ! Donc, cela signifie que je ne suis vraiment plus dans le coup, cqfd.

Stop, minute Papillon ! Savez-vous combien de Belges ont déjà emprunté pris un taxi Uber ? 9%. Possèdent un drone ? 6%. Chaussent des lunettes virtuelles ? 4%. Cela relativise, non ?

Un très intéressant sondage de BD myShopi, société qui fournit des packs promotionnels dans les boîtes aux lettres, et qui indique ces éclairants pourcentages, révèle à quel point le fossé entre le monde que les spécialistes du marketing nous présentent (celui qui reflète leur propre style de vie) et le monde dans lequel vit le Belge moyen est encore plus profond qu’on ne le croit. Dans le premier, le smartphone est greffé dans notre main et la montre intelligente à notre poignet, on a viré notre télé, on ne lit plus qu’en ligne, on fait du sport après le boulot et avant le resto, on réserve des vacances à l’autre bout du monde où les moustiques, braves bêtes, se contentent de contempler les touristes se prélasser un cocktail coloré à la main. Dans la réalité du Belge moyen, 7 Belges sur 10 lisent le journal au moins une fois par semaine et la moitié préfère qu’il soit en papier. L’écran télé nous scotche dans notre canapé encore 3h15 par jour, en direct ou léger différé. Et un quart des Belges ne sont pas partis en vacances l’an dernier.

Affirmer qu’on refuse de s’inscrire dans une tendance présentée comme un hochet de la modernité, c’est prendre le risque de passer illico pour un ringard. Pour un malmené de la modernisation, une victime du fossé numérique. Pour quelqu’un qui refuse le progrès, dé-pa-ssé. Surtout quand on a l’âge d’avoir encore pratiqué le franc belge, donc lorsqu’on n’est pas un millénial.

Merci à cette enquête d’avoir remis les pendules à l’heure exacte et de nous inciter à garder plus que jamais notre esprit critique pour ne pas vivre avec une idée du monde qui n’est pas le monde du plus grand monde et dont nous pourrions, tout à fait à tort nous imaginer en marge. Bonne et belle année 2019 !

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