Métier passion. Pension émotions

Cet article, dans lequel certains se retrouveront peut-être, en partie, ou pas du tout, vous ne pourriez le lire nulle part ailleurs... Il y a un an, à grand renfort de surprises et de blagues, nous avons fêté le départ de notre premier pensionné.

Ludo Hugaerts, journaliste, 65 ans et demi, qui fait partie de ces 6,11 % de Belges à avoir attendu l’âge légal pour arrêter de travailler. Mais nous ne l’avons pas laissé filer sans une dernière commande : tenir, durant un an, le journal de son ressenti de jeune pensionné. Ce qu’il a fait, méticuleusement. Et ce qui est précieux, car qui peut le plus justement exprimer des émotions que celui qui les a vécues ?

Ludo écrivait régulièrement des articles sur la préparation à la retraite, sur les relations de couple après la retraite, etc. Il savait, donc. Mais en le lisant, on se rend compte que ceci ne l’a pas empêché de tomber la tête la première dans certains pièges contre lesquels il avait mis ses lecteurs en garde, et d’en être parfaitement conscient. Entre la théorie et la réalité, il y a une marge, en effet.

Comme il le craignait, il empiète sur le territoire de sa femme et, surtout, n’a pas, comme d’autres, une passion qui lui aurait fait aspirer à la pension pour pouvoir s’y consacrer. Journalisme = métier passion. Oui, mais quand cela s’arrête ?

On sent que, plus d’une fois, ce fana de boulot a le blues. Que ce n’est pas facile tous les jours. Quelle est sa place dans la société ?  » Ne suis-je plus qu’un grand-père ?  » Quel sens donner à sa vie ? Et cette culpabilité de ne plus subir le stress et les contraintes ! Un an plus tard, après (mais non pas au terme de) tout un cheminement, Ludo a réussi à se remettre en  » mode projets « , à trouver un équi libre. Il continue à se demander néanmoins : l’homme est-il fait pour vivre sans travailler ?

Un psychologue, auteur d’une grande enquête sur la manière dont les pensionnés vivent leur retraite, a lu ce journal. Ses commentaires montrent bien que ce que Ludo vit est  » normal  » et que l’organisation d’une vie sans le travail comme balise, c’est un travail en soi... et sur soi. La pension, ce n’est pas si

facile !

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