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Marre du coronavirus ? Quelques pistes pour s’en accommoder au mieux

Il a débarqué chez nous par un beau matin de printemps. Suscitant au passage son lot d’enquiquinements et de tristes sires. Voici comment passer au-dessus des aspects les plus rébarbatifs de la crise sanitaire.

Nous aimerions mieux vivre sans, mais nous sommes bien obligés de faire avec. Le covid a eu un impact énorme sur notre vie quotidienne. Faute de pouvoir y changer quelque chose, tout au plus existe-il quelques pistes pour s’en accommoder au mieux.

1. Des petits plaisirs gâchés

Quantité de petits bonheurs du « monde d’avant » ont perdu leur côté insouciant et spontané. Aller au resto, au cinéma, s’offrir une virée shopping ou un week-end à la mer... : toutes ces activités sont tantôt interdites, tantôt balisées de règles sanitaires, nécessaires mais déprimantes ! De quoi éprouver, de temps à autres, un ras-le-bol général, l’impression qu’on ne pourra plus supporter un jour de plus la situation actuelle.

Comment passer au-dessus ? Il serait illusoire de se forcer à faire semblant que rien n’a changé, mais pester et rester braqué sur la situation actuelle ne mène à rien. « Nous n’avons aucune prise sur la crise, cela ne dépend pas de nous : pourquoi dépenser de l’énergie là-dessus ?, fait remarquer le Dr Claire-Anne Toubeau, médecin psychologue (CentrEmergences de Tournai). Recentrez votre attention sur l’objectif principal de la sortie : si je vais au restaurant, c’est avant tout pour passer du temps avec quelqu’un ; si je vais au musée, c’est pour me distraire. Le port du masque, la prise de rendez-vous obligatoire ne l’empêchent pas, ce sont des détails par rapport à l’essentiel. » Et si le contexte rend cela impossible, pourquoi ne pas chercher le contentement ailleurs ? « Il faut accepter que nos sources de plaisir puissent changer, soutient Marilyn Merlo, psychologue à Liège. Reconnectez-vous à vos centres d’intérêt : quels sont les hobbys qui vous ont déjà attiré mais que nous n’avez encore jamais eu l’occasion d’essayer ? » C’est peut-être le moment de découvrir la marche, la peinture, le brassage en amateur, l’art de la boulange... « Ce ne sera pas la même chose, mais la satisfaction qu’on en retirera peut être tout aussi forte. »

2. Un festival de rabat-joie

C’est bien beau de mordre sur sa chique, mais encore faut-il composer avec tous les pessimistes qui n’ont que « Covid-19 » à la bouche, les paniqués et autres ronchons qui, en ce moment, nous plombent le moral dès qu’ils commencent à parler. Et Dieu sait qu’ils sont légion...

Comment les faire taire ? La première chose à faire est de mettre les points sur les « i ». « On a souvent l’impression que les autres vont deviner quand ils nous agacent, qu’ils vont comprendre d’eux-mêmes qu’on n’a pas envie de partager leur morosité, mais c’est rarement le cas : les gens ne voient pas ce qu’il se passe dans votre tête, explique Marilyn Merlo. Vous en avez marre que ces personnes ne parlent que de ça, ne fassent que râler face à vous ? Il faut toujours l’exprimer, clairement mais avec diplomatie. C’est plus efficace si vous parlez en « Je » plutôt qu’en « Tu » : plutôt que de dire « Tu m’énerves », dites plutôt « Je ne me sens pas bien quand on parle de cela, discutons d’autre chose ». Cela suscite davantage d’empathie. »

Le simple fait d’accepter qu’on est effrayé estompe déjà un peu la peur

Et si cela ne suffit pas, éloignez-vous temporairement des broyeurs de noir. « N’oubliez pas que vous avez le choix des personnes que vous côtoyez, ajoute Claire-Anne Toubeau. On a parfois des amis qui, en période difficile, nous apportent plus que les personnes que nous côtoyons habituellement, quand nous allons bien. Privilégiez ceux qui vous font du bien en ce moment. Vous en avez le droit. »

3. Une cohabitation pas toujours facile

Le confinement, le télétravail ou la diminution des activités sociales ont mis à rude épreuve certains couples/familles, en imposant une cohabitation plus intense qu’à l’accoutumée. Que celui qui n’a pas eu envie, ces derniers mois, d’emplafonner son conjoint ou son ado nous jette la première pierre !

Comment pacifier sa famille ? Tout tient dans l’art du compromis !  » Si, pour vous sentir à nouveau bien, vous avez une exigence de moments de solitude, par exemple, il faut accepter que les autres voient aussi leurs propres besoins assouvis, développe le Dr Toubeau. Il y a généralement moyen de contenter 80% des besoins de chacun, mais il faut procéder de façon stratégique.  » Comment ? Chacun expose le minimum minimorum dont il a besoin pour se sentir bien à la maison. Une fois cela acté, la progression se fait par paliers : tant que chacun s’y retrouve et qu’un certain équilibre est respecté, il est possible d’ajouter des revendications supplémentaires.  » Le système marche particulièrement bien avec les ados car, de cette façon, il se sentent pris en compte et écoutés.  »

« Une fois que les espaces pour chacun ont été définis et choisis, il est important que ce soit planifié : si j’ai droit à tant de temps par jour pour moi, je fais en sorte que tout le monde en soit informé », ajoute Marilyn Merlo.

4. Cette petite peur omniprésente

L’être humain déteste l’incertitude. Faute de voir le bout du tunnel de la crise, il est normal d’éprouver une angoisse diffuse, surtout lorsqu’on fait partie de la population à risque. De quoi rester cloîtré chez soi, ne plus oser pénétrer dans certains lieux clos ou garder ses petits-enfants...

Comment se rassurer ? Tenter de rejeter d’emblée la peur est un mauvais calcul. « Si je vous dis de ne pas penser à un éléphant rose, à quoi pensez-vous directement ? , questionne Marilyn Merlo. C’est la même chose avec le sentiment de peur : il restera, s’intensifiera tant que vous chercherez à le refouler. Le simple fait de prendre un petit temps pour s’observer soi-même et accepter qu’on est effrayé estompe déjà un peu la peur. »

Analyser sa peur permet d’adapter son comportement, ses activités. « Si vous avez envie de sortir, de voir du monde, demandez-vous ce dont vous avez besoin pour vous sentir en sécurité. Quels aménagements vous permettraient d’être tranquillisé ? » Il est toujours possible de voir ses amis ou sa famille lors d’une promenade en forêt, en respectant les distances de sécurité, par exemple.

5. Anti-masque & co

La crise du covid a été déroutante pour tout le monde. Sans réponses claires et univoques des instances gouvernementales ou scientifiques, nombreux sont ceux qui se sont mis à chercher de l’information en ligne, trouvant des explications complotistes à leurs questions. À écouter les plus « atteints » – le plus souvent des 50+ avec un niveau correct d’éducation, selon une étude française ! – le masque viserait à nous abrutir, tandis que le virus serait une création de Bill Gates, destinée à nous implanter une puce 5G via le vaccin. Rien que ça !

Est-il possible de leur faire entendre raison ? « Je crois qu’on peut et même qu’on doit discuter avec les personnes qui continuent à se poser des questions et n’ont pas encore un avis tranché, estime Julien Giry, chercheur en sciences politiques. Par contre, le dialogue est pratiquement impossible avec celui qui s’est « radicalisé » dans une théorie complotiste et qui est persuadé, par exemple, que l’industrie pharmaceutique est la grande responsable de la crise actuelle. Pour lui, vous êtes au mieux un idiot utile au complot. »

Pour ouvrir la discussion avec une personne qui doute, ce doute doit être pris au sérieux. N’ayez pas d’a priori et vérifiez avec lui chacune de ses affirmations, en lui faisant bien comprendre que certaines sources ne sont pas dignes de confiance. Un processus un peu fatigant car, souvent, « le complotiste doute de tout, sauf de l’existence du complot », signale le politologue. Impossible de lui faire entendre raison ? Reportez-vous au point 2 : faites-lui comprendre que ces discussions ne vous intéressent pas. Et s’il est anti-masques, expliquez que vous respectez son point de vue mais exigez qu’il respecte aussi le vôtre, en mettant son masque en votre présence, lorsque c’est nécessaire.

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