Les parents disaient non, les enfants disent oui

Comme très souvent, l’idée est venue un midi, à table. Qu’est-ce que tu fais ce week-end? Je suis invité(e) au mariage de la fille d’un ami. Du fils de ma soeur. De la fille d’une copine d’école. Du fils d’un collègue que je connais depuis trente ans.

Tiens, c’est marrant, les parents – l’ami, la soeur, la copine d’école, le collègue que je connais depuis trente ans -, eux, ont toujours refusé de se marier. Question de principe. Interpellant, non ? Comment le vivent-ils, ces quinquas-sexas rétifs à l’institution, la signature qui lie deux jeunes coeurs pour toujours (enfin, c’est l’objectif), les robes blanches, les gâteaux à étages, les petites demoiselles d’honneur ?

La génération des parents qui accompagnent aujourd’hui leurs enfants à l’autel en grand tralala a été celle de tous les grands choix et de toutes les libertés. Contrairement à ses propres parents, elle a pu se marier ou non, même si la pilule a parfois été amère pour certaines familles. Elle a pu faire des enfants ou pas. Rester dans son village ou pas. Faire les études qui lui plaisaient. S’habiller suivant son style. Cette génération-là, c’est celle des enfants qui, dans la foulée de Mai 68, ont pu parler à table. Qui ont été considérés comme des personnes. Et qui ont pu construire leur vie en choisissant elles-mêmes les pièces du puzzle, quitte à ce que toutes ne s’emboitent pas tout à fait bien, quitte à ce que cela grince à certains endroits. Ils ont choisi et donc renoncé. Ils ont choisi et se sont parfois trompés. Ils ont choisi et ont porté les conséquences de leurs choix sans les renier, quitte à changer de cap.

Aujourd’hui, ces anticonformistes d’hier ont des enfants dont on dit qu’ils ne s’opposent plus. Ils écoutent la musique de leurs parents, enfilent des jeans  » mom  » qui prennent la taille pur style 80, disent que leur meilleure amie c’est  » ma maman « , que leur modèle c’est  » mon papa « . Dans la vingtaine, ils préparent leur plan retraite (dixit les banques). Ils rêvent d’un job qui leur laisse le temps de s’épanouir dans leur vie privée. Ils veulent avant tout fonder un foyer. Et se marient dans le plus grand respect des traditions. Que des valeurs sûres qui permettent de se protéger dans cette société mouvante où plus rien n’est certain. Sauf... Sauf l’amour, car ils y croient et veulent le faire savoir. Se marier en grande pompe, c’est  » faire savoir à la communauté « , c’est, à l’origine, une forme de publicité, et ce l’est toujours.

Ils ne s’opposent plus... Est-ce si sûr ? Remettre délibérément la tradition à l’honneur au moment où on commence sa vie, même si cette expression a peu de sens, est-ce bien différent que de refuser le mariage pour ne pas faire comme ses parents ?

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