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Les grands-parents 2021 au-delà des clichés

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Beaucoup de clichés, mais pas de patron à découper et à suivre. Grand-parent, c’est un rôle, espéré ou craint, dont beaucoup d’éléments ne dépendent pas de vous et que chacun doit réinventer et investir à sa manière. Une mission passionnante !

La grand-parentalité suscite énormément de questions. Sur soi, sur la relation qu’on a avec ses enfants devenus parents, avec les petits, bien sûr, sur les attentes de la société et sur la place qu’on occupe dans la galaxie familiale. Si certaines de ces questions sont celles que se posaient déjà nos parents, d’autres, nouvelles, se posent en regard de nos conditions de vie actuelle. Car, pour ne prendre qu’un exemple, si nos grands-mères étaient souvent des femmes au foyer, celles de 2021 devront, en principe, travailler jusqu’à leurs 67 ans. Pour ouvrir la réflexion, Question Santé publie une brochure, Les grands-parents d’aujourd’hui, de nouveaux héros ?, menée par la plume talentueuse de la journaliste Pascale Gruber. Un grand nombre de témoignages de grands-parents bien dans leur époque, n’éludant ni leurs joies ni leurs peines, illustre tous ces chapitres qui n’ont pas vocation à nous offrir des réponses toutes faites.

Les clichés

Grands-parents. Qu’est-ce que cela évoque ? Quelle est l’image qui vient ? Deux braves petits vieux, pipe pour l’un, chignon pour l’autre, des odeurs de gâteaux s’échappant de la cuisine, un bon gros fauteuil coiffé d’un napperon de dentelle. Deux petits vieux auxquels on doit le respect dû aux anciens et qu’on visite sinon par affection, au moins par devoir familial.

Ces ancestraux grands-parents-là, nous devons à la vérité de dire qu’ils n’ont existé que dans les milieux aisés. Les autres ou bien n’atteignaient pas l’âge d’être grands-parents ou bien représentaient des bouches improductives à nourrir.

Qui sont les grands-parents en 2021 ?

L’image d’Epinal des grands-parents continue néanmoins à faire florès notamment dans la pub et la presse, peu encline à sortir des clichés sitôt qu’il s’agit d’âge. Or, les grands-parents actuels, qui travaillent à l’extérieur, consultent Facebook pour dialoguer avec leurs amis vrais ou virtuels, ont pris en charge un bénévolat ou/et d’autres loisirs, voyagent, divorcent, tombent amoureux, se remarient, prennent soin d’eux et possèdent une impressionnante collection de jeans et de baskets, en sont loin.

En outre, il n’est pas rare du tout que les grands-parents cumulent ce rôle avec celui de parents d’un enfant encore à leur charge. Et last but not least, ils ont encore très souvent leurs propres parents désormais très âgés voire dépendants dont ils doivent s’occuper ou tenir compte. Ce qui fait que ces grands-parents se situent au coeur d’un club sandwich dont ils sont le pivot. Leur charge mentale est énorme et leur temps est compté. Faire des gâteaux avec les petits-enfants ou les amener promener en forêt, oui, mais ceci n’est qu’une facette de leur identité.

Le tableau se complique encore un peu quand on sait que les enfants actuels, par le jeu des divorces et remariages de leurs parents et grands-parents, ont souvent plus de quatre grands-parents si l’on compte ceux avec lesquels ils n’ont aucun lien de sang mais peut-être bien d’autres affinités. La question qui pique : que deviennent ces liens en cas de séparation des adultes ?

Voilà pour les clichés et le décor...

Alors, heureux ?

Qu’est-ce qu’être grands-parents aujourd’hui ? Que ce nouvel état soit désiré, attendu, subi ou craint, rappelons qu’il ne résulte en tout cas pas du choix des grands-parents auxquels, bien sûr, leurs enfants ne demandent pas leur autorisation de procréer, et c’est très bien comme ça.

Devenir grand-parent génère des sentiments ambivalents : du bonheur oui, mais sans compter avec le fait qu’on prend une autre place dans l’ordre générationnel, et qu’on va aussi se retrouver tout à coup à partager la couche d’un grand-père ou d’une grand-mère. Un pas vers la vieillesse, alors qu’on ne se sent pas vieux ? Un pas vers la renonciation pour s’occuper de cet enfant alors qu’on a tant d’autres projets ?

Le fait que les grands-parents se choisissent une appellation particulière, plutôt que papy ou mamy peut être une « solution » pour être un heureux grand-parent sans les préjugés qui l’accompagnent.

Pas heureux quand...

La grand-parentalité n’apporte pas nécessairement le bonheur quand :

  • Les enfants se sont installés à l’étranger et qu’on a peu de contacts avec les petits, contacts encore plus difficiles quand on ne partage pas la langue. Comment créer un lien dans ces conditions-là ?
  • Quand enfants et parents se disputent et que ces derniers se voient privés de leur relation avec leurs petits-enfants. C’est une souffrance incroyable. Surtout si on avait quelque chose à réparer par rapport à ses propres enfants et qu’on est ainsi empêché de le faire.
  • Quand le fait de pouvoir visiter les enfants ou pas est brandi comme une menace.

Un vrai boulot à responsabilités

Certains grands-parents confient leurs craintes de ne pas être à la hauteur, de n’avoir pas les moyens financiers ou les compétences pour suivre par exemple en informatique. Ils sont d’autant plus angoissés que les médias mettent en avant les grands-parents idéaux. Bref, encore une pression ajoutée à leur vie : réussir son couple, réussir sa famille, réussir sa carrière et...sa grand-parentalité.

Qu’attend-on d’eux : de soutenir, d’être disponible, mobilisable, d’entrer dans un projet éducatif qui n’est pas nécessairement le leur. C’est énorme.

Faut-il tout accepter ?

Il est clair que pour la plupart, un petit-enfant peut redonner un élan à leur vie et les rebooster.

En donnant trop, cependant, au prix de leurs propres centres d’intérêt, ils courent néanmoins le risque de se retrouver fort isolés et déçus le jour où le petit-enfant devenu grand prend son envol. Attention donc à poser ses limites, à oser dire non quand il le faut et à ne pas entrer dans le jeu d’enfants qui s’imaginent que tout leur est dû. Faut-il par exemple sacrifier sa carrière (on va désormais travailler jusqu’à 67 ans) et les finances de sa future pension pour se consacrer à plein temps à un petit-enfant dont les parents travaillent ? Le rôle de soutien est-il obligatoire ? Bonne question.

Passeurs de sens

L’éducation c’est pour les parents. Chouchouter, c’est pour les grands-parents qui, au passage, renouent avec leur âme d’enfance. Leur rôle aussi consiste à transmettre des histoires, des mémoires familiales, des valeurs... Mais tenez-vous bien, le grand gagnant de cette relation privilégiée, c’est la lecture ! Une enquête révèle que pas moins de 90% ont déclaré que leur priorité était de donner le goût de la lecture à leurs petits-enfants !

Cette brochure est téléchargeable sur le site www.questionsante.org/education-permanente

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