Les courses du samedi

Pourquoi les pensionnés font-ils leurs courses le samedi aux moments d’affluence, alors qu’ils auraient l’occasion de les faire en dehors des heures de pointe sans contribuer à allonger les files?, s’interroge une lectrice dont nous publions le message dans le courrier des lecteurs.

Je serais très hypocrite de vous dire que je ne me suis jamais fait la même réflexion. Et serais encore plus hypocrite d’écrire que cela ne m’a jamais agacée. Et en même temps, cela a un sens...

Tant qu’on travaille, ou qu’on a charge de famille, la gestion de notre temps nous échappe largement. A 7 heures on se lève, parce que le bus est à 8 h 15. Coiffeur, emplettes, c’est le samedi, seule journée disponible pour ce genre d’activités. Dès le moment où on se retrouve hors du circuit du travail du fait de la pension (ou du chômage), il faut soi-même se donner des balises qui vont rythmer la semaine. Sans cela, on se retrouve à rouler en roue libre, à devoir chaque jour décider de la moindre petite chose plutôt que de s’appuyer sur des automatismes, et surtout à se trouver confronté à une ligne du temps qui se présente comme un grand vide. Se donner des obligations, cela revient aussi à se donner un moteur. Et comme on a toujours fait ses courses le samedi, eh bien, on va continuer. On va s’inscrire dans une normalité :  » comme tout le monde « , on fait ses courses le samedi. Et on se repose le dimanche. Pour beaucoup, quitter son travail, c’est aussi perdre une partie (grande ou petite) de son identité personnelle et sociale. C’est important, donc, de se sentir  » in  » en se stressant de concert avec ses voisins le samedi matin au rayon charcuterie. Pourquoi les pensionnés devraient-ils vivre autrement que les autres?

D’autant plus que la vie de certains n’est pas très différente de celle des travailleurs. Entre les cours, les bénévolats, aller rechercher les petits-enfants à l’école ou les conduire au judo, éventuellement s’occuper encore de parents âgés, bref la course contre la montre, il faut aussi caser le ravitaillement en grande surface...

Pensez-y, le pensionné est un stressé comme un autre 🙂

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