Le crabe et la bonne étoile

C’est publié dans le très respecté Science, donc cela n’a rien de fantaisiste. Un tiers seulement des cancers sont le fruit de facteurs génétiques ou d’un environnement défavorable, affirment des scientifiques américains.

Les deux autres tiers, soit la grande majorité, trouvent leur origine dans des mutations génétiques aléatoires qui permettent aux tumeurs de grossir. De nombreuses formes de cancer (pas le cancer du sein ni de la prostate) sont donc dus au pas de chance, sans lien avec l’hérédité ou le mode de vie.

Est-ce à dire...

Est-ce à dire que les industries chimique et agroalimentaire peuvent désormais se dédouaner de leurs responsabilités dans la dégradation de notre environnement ?

Est-ce dire que nous pouvons désormais mener une vie de patachon avec l’aval de la science ?

Non.

Non, évidemment. On peut déplorer qu’à force de nous conscientiser à force de  » Fais pas ci, fais pas ça  » et de nous répéter que nous sommes acteurs de notre santé, responsables, lorsque nous tombons malades, outre du choc physique de la maladie, nous souffrons de la culpabilité de l’avoir développée. A cet égard, cette étude remet un peu les pendules à l’heure. Tout en ne remettant pas en question notre pouvoir d’aider la chance. Ou ne pas aider la malchance.

Car le cancer résulte d’un ensemble de facteurs. Et si fumer, par exemple, ne conduit pas nécessairement au cancer, la consommation de tabac va augmenter le nombre de mutations et, partant, le risque. En d’autres mots, se gaver de brocolis bios tous les jours ne constitue pas une assurance tous risques, mais manger du grand n’importe quoi augmente la possibilité d’être confronté à un crash.

Juste ? Pas juste ? Le cancer n’est pas quelque chose de juste ou d’injuste, une punition, un châtiment, ce n’est qu’une maladie. Une maladie que la médecine connaît et maîtrise de mieux en mieux, comme nous le montrons dans le numéro de février (p. 40) au point de promettre une meilleure espérance et qualité de vie. Au point de rendre (presque) vraie cette vieille blague :  » Vous avez un cancer ? Ouf, je croyais que vous aviez une maladie grave ! « 

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