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La plus-value des aînés au travail demeure sous-estimée

Les mesures prises pour faire face au vieillissement des travailleurs n’ont guère évolué en 10 ans, selon une étude de Tempo Team. Il faut dire: les préjugés ont la vie dure, malgré la pénurie sur le marché de l’emploi et le recul de l’âge de la retraite.

En 2013, 40% des employeurs reconnaissaient que le vieillissement du personnel menaçait de causer une perte de connaissances et de savoir-faire. Malgré cette crainte, seuls 11% des entreprises actuelles ont produit des efforts concrets pour éviter la fuite des cerveaux due au vieillissement.

Ce manque de vision n’est pas sans conséquence. Ainsi, seulement 20% des entreprises proposent à leurs travailleurs plus âgés de jouer le rôle de parrains ou de mentors pour les débutants ; pourtant, en 2013, 59% des employeurs admettaient que les aînés étaient idéalement placés pour encadrer les jeunes recrues. Aujourd’hui, seuls 17% des sociétés proposent aux plus de 50 ans des emplois adaptés aux fins de carrière, leur permettant d’accéder graduellement à la retraite ; elles ne sont que 11% à moduler leurs tâches pour les rendre physiquement moins ardues ; et seulement 8% à évaluer les aînés d’une façon différente des jeunes.

Des préjugés tenaces

Il y a 10 ans, un travailleur sur deux nourrissait des préjugés sur les collègues plus âgés, concernant entre autres l’employabilité, la santé et le désir d’apprentissage. Ce taux est en recul, pourtant ces préjugés tenaces sont encore partagés par près d’un travailleur sur trois. Ainsi, 37% déclarent que leurs collègues plus âgés ont besoin de davantage de temps pour apprendre de nouvelles choses ; 36% pensent qu’ils sont moins motivés à suivre des formations ; et 28% qu’ils accomplissent moins bien leur travail en raison d’ennuis de santé. Dans le même temps, 67% des travailleurs de plus de 50 ans affirment vouloir s’améliorer continuellement dans leurs tâches.

« S’attaquer au problème du vieillissement du personnel n’incombe pas seulement aux employeurs : les travailleurs eux-mêmes doivent prendre conscience des avantages de leurs collègues plus âgés », explique Sébastien Cosentino, porte-parole de Tempo-Team. « Leurs dispositions à travailler encore quelques années avant de partir à la retraite augmentent et renforcent leur engagement et leur dynamisme. Par leur longue expérience, ils forment souvent une bonne caisse de résonance et sont très complémentaires avec leurs collègues plus jeunes. »

Des atouts... et des limites

D’après l’enquête menée par Tempo-Team, les travailleurs aînés comptent beaucoup d’atouts pour l’employeur et les collègues, entre autres en ce qui concerne le plaisir éprouvé au travail, la concentration et la loyauté. Seuls 12% des aînés reconnaissent s’ennuyer rapidement au travail, contre 28% de leurs collègues de moins de 34 ans. 21% se disent rapidement distraits, contre 33% des travailleurs plus jeunes. Et les seniors sont également moins nombreux à subir un manque de motivation (18 contre 27%).

« Les entreprises ont tout intérêt à dresser la pyramide des âges de leur personnel: comment la situation se présente-t-elle aujourd’hui et comment devrait-elle évoluer d’ici 5 ans? Elles doivent s’efforcer de bannir les stéréotypes et de voir l’individu plutôt qu’un travailleur âgé », selon Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven. « Comme leurs éventuelles restrictions physiques ou cognitives qui surviennent au fil des ans sont souvent compensées par une longue expérience, ils ne perdent rien en performance. Toutefois, l’employeur doit tenir compte d’une chose: la perspective temporelle des travailleurs âgés se rétrécit. Cela ne signifie absolument pas qu’ils soient fermés aux changements et formations, bien au contraire, mais la pertinence de ceux-ci doit être immédiatement tangible si l’on veut les convaincre. Donner aux aînés des marges de manoeuvre pour améliorer leur travail comme bon leur semble peut également s’avérer très précieux pour préserver leur motivation longtemps. »

C’est ce qui ressort d’une enquête menée en ligne auprès d’un échantillon de 2500 travailleurs (ouvriers et employés) et 250 employeurs en Belgique, choisis de façon représentative selon le régime linguistique, le genre et l’âge entre le 10 novembre et le 1er décembre 2022 par un bureau d’études indépendant exerçant pour le compte de Tempo-Team en collaboration avec la professeure docteure Anja Van den Broeck, experte en motivation du travail à la KU Leuven.

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