© Frédéric Raevens

La piscine naturelle de Muriel

Sur le seuil de l’entrée, un petit écriteau prévient les visiteurs :  » We’re in the garden « . Mais quel jardin ? La haute demeure ne laisse rien paraître d’un quelconque espace vert. Que cache le charme désuet de cette ancienne maison de serriste où nous attend Muriel Emsens ?

 » Entrez ! Installons-nous là parce que le salon est occupé. Il y a un cours de taichi en ce moment. Vous voulez un thé ? Menthe, ça ira ?  »

La piscine naturelle de Muriel
© FRÉDÉRIC RAEVENS

Chaleureuse et accueillante, Muriel, 56 ans, a un don pour mettre à l’aise. De la véranda où nous avons pris place, le jardin se dévoile en partie. Mais rien d’exceptionnel.  » Vous voulez parler de la piscine, c’est ça ? On ira la voir après.  »

Je veux bien, me dis-je, parce que là, j’ai du mal à imaginer la présence d’une piscine ...

Le principe de permaculture

Plus un jardin présente une grande biodiversité, plus il est en équilibre

Il y a trente ans, quand Muriel s’installe dans cette maison centenaire, le jardin portait les stigmates d’une activité encore florissante au siècle dernier, à Overijse notamment. Le raisin était cultivé dans huit serres en verre. L’une était encore en bon état ; des sept autres, il ne restait que les fondations en briques. La piscine écologique a été aménagée sur les bases de l’une d’entre elles, sur une surface d’environ douze mètres sur cinq.

 » Une piscine naturelle, c’est zéro produit chimique dans l’eau. A la place, le lagunage (bassin tampon) et les plantes aquatiques se chargent de filtrer et de nettoyer l’eau. Moi j’y ai même rajouté des poissons ! « , sourit Muriel. Et d’énumérer les fonctions du bassin naturel :  » Le plaisir de se rafraîchir dans une eau saine, la beauté (de l’installation), la réserve d’eau pour l’arrosage du jardin et de la serre et la biodiversité qu’elle génère. Une piscine naturelle s’inscrit pleinement dans le principe de la permaculture, où chaque fonction est remplie par plusieurs composants du jardin.  »

Car au-delà du plan d’eau un peu bobo, une telle piscine démontre l’intérêt et la prise de conscience de ses propriétaires pour un environnement et un avenir durables. Si Muriel a opté pour ce genre de point d’eau, c’est assurément dans la continuité d’une certaine cohérence par rapport à ses valeurs écologiques et au respect de la vie.

Travailler avec la nature

La piscine naturelle de Muriel
© FRÉDÉRIC RAEVENS

Muriel m’emmène à l’extérieur. Un regard sur un petit lagunage en devenir, un coup d’oeil au figuier, au plaqueminier (arbre à kakis), au pommier, au premier potager, au deuxième potager, au troisième potager, ... aux Nègres Soies qui caquettent, bref après un rapide tour d’horizon des 40 ares qui s’offrent à nous, Muriel me présente sa piscine cerclée de pierres bleues, en parfaite harmonie avec le paysage. Les piscines écologiques s’associent à la nature pour créer une eau propre, saine et réutilisable. En reposant sur le principe du lagunage, elles utilisent les plantes pour épurer l’eau. Celle-ci, vivante, génère un équilibre biologique et bactériologique.

 » Les piscines classiques, ce n’est que de l’eau morte, souligne-t-elle. Ici, l’eau n’est pas aseptisée par des produits chimiques. Elle accueille au contraire toute biodiversité extraordinaire : grenouilles, tritons, libellules, etc. Plus un jardin présente une grande biodiversité, plus il est en équilibre. Il est très important d’avoir un endroit humide et aquatique dans un jardin.  » Les plantes du lagunage – papyrus, menthe aquatique, iris d’eau – sont séparées de la partie  » nage  » par un muret.  » Le seul point négatif, c’est qu’il y a un dépôt de micro algues sur le sol, ce qui le rend un peu glissant. Pour les maniaques, ça peut poser problème.  »

La piscine naturelle de Muriel
© FRÉDÉRIC RAEVENS

On comprend que pour Muriel, ça ne l’est nullement. Quant au coût d’une telle installation, notre hôte assure qu’il n’est pas plus élevé que pour une piscine classique car l’infrastructure qu’elle requiert est beaucoup plus simple : un local technique hébergeant un filtre à sable et une lampe à UV (pour tuer les hypothétiques bactéries nocives), ainsi qu’un petit robot aspirateur qui s’active dans le fond de la piscine une à deux fois par semaine de mai à octobre. Elle est en outre alimentée par les eaux de pluie acheminées depuis les toitures par un système de tuyaux aménagé dans le sol. Et quand trop plein il y a, celui-ci est dirigé dans la citerne alimentant la serre.

Pionnière il y a quinze ans, Muriel se réjouit d’avoir aujourd’hui fait des adeptes. Sa force : travailler avec la nature, pas contre elle.

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