© Getty Images/The LIFE Picture Co

La pension, ça mérite un rituel de départ !

Qu’on l’attende avec impatience ou qu’on soit obligé de la prendre, la coutume veut qu’on fête sa pension. Pour dire au revoir à ses collègues mais aussi pour célébrer le début d’un nouveau chapitre de sa vie.

Vous ne serez pas étonné d’apprendre que le Belge, modeste et discret de nature, n’est pas un fervent adepte des grandes fêtes marquant la fin de sa carrière professionnelle. Plus surprenant par contre, les Français et les Néerlandais, en général plus extravertis, sont, eux aussi, assez peu attachés au fameux  » pot de départ « . D’après une enquête néerlandaise menée auprès de travailleurs sur le point d’être pensionnés ou qui viennent de prendre leur pension, 18 % estiment que c’est un gaspillage d’argent.

 » La pension suscite des sentiments mitigés, constate Els Messelis, une gérontologue qui donne des cours de préparation à la retraite depuis plus de trente ans. Parfois, la retraite s’impose parce qu’on a atteint l’âge légal de 65 ans, parfois on est poussé à la (pré)pension suite à une réorganisation, alors qu’on aurait aimé garder son emploi. A l’inverse, certains aimeraient prendre leur pension mais ne peuvent pas encore le faire. On associe encore trop souvent pension et vieillesse, ce qui ne donne pas très envie de faire la fête.  » Chacun est libre de choisir ce qu’il souhaite faire surtout lorsqu’on a dû, tout au long de sa carrière, exécuter des ordres. Els Messelis conseille malgré tout de prendre le temps de la réflexion.

Pendant la fête de départ, il est conseillé de mettre l’accent sur l’avenir.

 » C’est un chapitre très important de la vie qui se clôture. Un pot ou un rituel de départ peut aider à franchir le cap, c’est une manière de faire le lien entre passé, présent et avenir. Même si le vécu professionnel n’a pas toujours été rose, il faut pouvoir lui donner une place. J’aime utiliser l’image d’un sac à dos dans lequel on place toutes sortes de valeurs, de normes et de projets. Le moment de la retraite est l’occasion idéale pour réfléchir à ce dont on veut se débarrasser et à ce qu’on va garder, une fois pensionné, et ajouter dans son sac à dos. « 

Le dernier jour

Le pot de départ doit avoir lieu, de préférence, le dernier jour (ou presque).  » Certains gardent leurs congés pour pouvoir prendre leur pension quelques mois plus tôt. Du coup, l’entreprise célèbre leur départ à la date officielle, des semaines ou des mois après le dernier jour presté. C’est un peu bizarre, analyse Mark Claus, auteur d’ouvrages sur le thème de la pension. Au lieu de cumuler ses congés pour partir plus tôt, mieux vaut les prendre normalement avant. Cela permet de lever le pied progressivement et de prendre le temps de réfléchir à la façon dont on a envie de passer son dernier jour de travail. « 

Els Messelis conseille, elle aussi, de programmer la fête de départ le dernier jour de travail presté, indépendamment du fait qu’on ait encore ou pas des congés à prendre.  » Cette petite fête envoie un signal : voilà, c’est fini, j’arrête de travailler. Nombreux sont ceux qui profitent de leur pension pour faire le grand ménage chez eux ou repeindre leur maison. Comme pour donner un grand coup de balai dans leur vie. Fêter le départ à la pension aide à réaliser qu’on est à la croisée des chemins. « 

Un discours positif !

Pas d’adieux sans discours. Pour Mark Claus, rédiger son discours permet de repenser à ce qu’on a vécu, aux personnes qu’on souhaite remercier ou avec lesquelles on a encore des comptes à régler, à d’éventuels conflits qu’on aurait envie d’aplanir...  » Entamez la rédaction de votre discours bien à l’avance, pour avoir le temps de mettre certaines choses en ordre. Ecrivez ce que vous avez sur le coeur, mais ne faites pas trop long et terminez sur une note joyeuse et positive. Le discours d’adieu n’est pas le moment opportun pour rappeler des choses qui se sont mal passées. « 

On n’a pas forcément envie d’entendre le speech d’un patron ou de collègues, prévient Els Messelis.  » Lors des pots de départ à la pension, les speechs évoquent une vie qui s’achève et prennent souvent des allures d’oraison funèbre. Certains détestent qu’on mette en lumière leur passé. «  Dans leur petit discours, le patron et les collègues veilleront à ne pas mettre l’accent sur le vécu ou le bilan de celui qui part mais plutôt sur ses talents et ses traits de caractère. Attention ! Là aussi, le terrain peut être semé d’embûches.  » Certains estiment que ce n’est pas dans le cadre professionnel qu’ils se sont le mieux réalisés, met en garde Els Messelis. Du coup, les louanges du patron peuvent tomber un peu à plat...  » Si vous voulez organiser un pot pour un collègue qui prend sa retraite, tâchez de savoir s’il a envie que le patron ou quelqu’un d’autre prononce un discours à son attention. Il en va de même pour les autres initiatives, consultez le héros du jour pour qu’il ait voix au chapitre.

 » Il faut avant tout que la fête reflète la personnalité du premier concerné, confirme Els Messelis. Les collègues ou le service du personnel sauront d’instinct si le futur pensionné a envie d’une grande fête ou d’un petit repas intime. Parfois, les circonstances font qu’on préfère partir sur la pointe des pieds. Par exemple, lors une absence prolongée pour maladie, après laquelle on n’est plus revenu au travail. Dans ce cas, il faut tâcher de trouver le rituel de départ le plus approprié. « 

Trinquer à l’avenir !

Pourquoi le futur retraité ne pourrait-il pas être impliqué dans le choix du cadeau collectif qui lui sera fait ?  » Dressez une liste de ce qui vous ferait plaisir et mentionnez ce que vous ne voulez pas recevoir, conseille Mark Claus. C’est une façon agréable de prendre part aux festivités et de réfléchir à ce qui reste à venir. « 

A en juger par les cadeaux les plus demandés, les jeunes retraités ont très envie de rester actifs ! Avant, on recevait une montre, un beau stylo ou un fauteuil confortable. Aujourd’hui, on reçoit plus volontiers un Bongo, un vélo électrique, un chèque pour un voyage ou un événement culturel... Des cadeaux qui en disent long sur la façon dont on aborde l’avancée en âge : on veut rester au top sur les plans physique et mental.  » On ne parle jamais trop de l’avenir pendant un pot de départ à la pension, estime Els Messelis. N’hésitez pas à évoquer vos projets, vos envies, vos craintes. Inspirez-vous des personnes présentes. On veut en général donner du sens à sa vie après le boulot. Je pense que les cours de préparation à la retraite vont tenir davantage compte des projets de nouvelle carrière car de plus en plus de pensionnés se lancent comme indépendants. L’âge de la retraite sonne un nouveau départ. « 

Quid des (ex-)collègues ?

Quand on prend sa pension, on perd une partie de son réseau social. Vous avez peut-être prévu de revenir de temps à autre au bureau, saluer vos ex-collègues. Mais est-ce une si bonne idée ? :  » Quand quelqu’un quitte l’équipe, une autre dynamique se met en place, constate Els Messelis Au début, vos ex-collègues vous accueilleront avec enthousiasme mais, au fur et à mesure, ils auront moins de temps à vous accorder. Et est-ce bien utile de vous faire du mal en constatant que votre place est désormais occupée par quelqu’un d’autre ? Ou, pire, qu’on ne vous a pas remplacé ? Ou que votre service n’existe plus ? Avec les collègues, c’est un peu loin des yeux, loin du coeur. Si vous comptez de vrais amis parmi eux, vous les verrez en allant prendre un verre, en allant au restaurant ou en faisant une sortie ensemble... « 

Le rituel de départ ne se limite pas toujours au lieu de travail. Il arrive qu’on ait conservé des documents professionnels sur son ordinateur privé.  » Pour certains, supprimer définitivement ces fichiers revient à jeter une partie de soi. Comme si la disparition de ces données effaçait des années d’expérience. Savoir prendre du recul fait aussi partie du rituel de départ. Vous pouvez transmettre ces fichiers à votre successeur dans l’entreprise, pour que votre expérience ne se perde pas. « 

Aucune envie

Je n’ai pas du tout ressenti l’envie de fêter mon départ en retraite. Pour moi, les fêtes sont synonymes d’événements joyeux, comme un anniversaire, une naissance, un mariage, etc. Prendre ma pension, pour moi, c’était la fin d’un chapitre, d’une période de ma vie.

3 fêtes sinon rien

1. Un après-midi chant et théâtre avec les enfants. Un verre et des en-cas avec les parents et les enfants.

2. Pendant la dernière réunion du personnel, un verre et des zakouskis entre collègues.

3. Enfin, une soirée apéritif avec la famille et les amis.

Pour tous les goûts

J’ai fêté mon départ du travail à deux endroits différents, parce que je travaillais avec des fonctionnaires et des ouvriers. Pour les premiers, j’avais prévu une réception avec du mousseux et des petits pains garnis, pendant la pause de midi. Pour les seconds, une soirée poulet/frites et boissons à volonté jusqu’aux petites heures de la nuit. A la fin, j’avoue que j’étais très ému.

Des confitures

Pour célébrer ma pension, j’ai offert à chacun de mes collègues un pot de confiture maison. Sur l’étiquette, j’avais écrit une citation de Fifi Brindacier :  » Je ne l’ai jamais fait, alors je pense bien que je peux le faire « .

Un vrai thriller

Après avoir rédigé mon tout dernier procès-verbal, j’ai dû remettre ma carte, mon arme, mes menottes et autres attributs de policier. Vers minuit, je suis rentré chez moi en voiture. Ma femme m’attendait avec une bouteille de champagne. Le lendemain, avec un collègue qui prenait sa pension comme moi, j’ai organisé un pot de départ pour une quinzaine de collègues. Pendant la réception, nous avons reçu des cadeaux et certains collègues avaient préparé un très chouette discours. Nous avions invité un auteur de polars, Bob Mendes, qui a dédicacé des exemplaires de son dernier livre. Accompagné d’un petit poème d’adieu, nous avons aussi offert le livre aux collègues qui n’avaient pas pu venir. Après la réception, nous sommes allés manger un morceau. A part les amendes pour stationnement que certains invités ont reçues, on garde tous un très bon souvenir de cette soirée.

Tout aplanir

Dans mon discours – obligatoire – je me suis excusé auprès de chacun au cas où je l’aurais blessé, offensé ou contrarié... »

Contenu partenaire