L’habitat kangourou ou comment réactiver la solidarité entre les générations

Faire vivre ensemble jeunes et moins jeunes permet de réactiver les contacts entre générations. Le point sur cette nouvelle forme d’échanges réciproques.

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Supprimer les barrières entre générations
Rester chez soi
Habiter avec des vieux

On entend par habitat kangourou un logement – conçu par un pouvoir public ou aménagé par un propriétaire privé – qui accueille simultanément des locataires jeunes et des locataires âgés. Ce type d’habitat a pour but d’encourager et de faciliter les interactions entre eux, notamment l’échange de services. Sans relever de la vie communautaire, l’habitat intergénérationnel est plus qu’une simple cohabitation puisqu’il comporte une dimension d’entraide et de coopération entre les générations qui l’occupent.

Supprimer les barrières entre générations

Le temps des familles où grands-parents, parents et enfants cohabitaient est révolu ! Rares sont encore les familles où plusieurs générations se partagent une habitation. Même au niveau de la relation parents-enfant, une fois la période d’éducation terminée, les liens sont rompus ou en tout cas amoindris dès que l’enfant prend son envol.

L’habitat intergénérationnel peut réactiver les contacts entre personnes d’âges différents, qui sont évidemment bénéfiques pour chacune des générations : entraide, solidarité, échange de savoirs et d’expérience mais aussi de services. Faire vivre ensemble jeunes et moins jeunes permet de rompre l’isolement de ces derniers en leur offrant une certaine sécurité. Mais c’est aussi une valorisation de leur expérience et de leur savoir-faire qu’ils transmettent aux plus jeunes. Basée sur ces échanges réciproques, la cohabitation intergénérationnelle permet par exemple à un jeune couple de profiter de petits services, comme la garde des enfants ou des travaux de jardinage, tandis que pour les personnes plus âgées c’est la garantie d’une certaine autonomie.

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Rester chez soi

Alternative aux maisons de repos et aux difficultés de continuer à vivre seul(e) chez soi passé un certain âge ou après une maladie, l’habitat kangourou peut prendre différentes formes. Il peut s’agir de  » la cohabitation entre une famille et une personne âgée, cette dernière occupant une partie de la maison – généralement le rez-de-chaussée – tandis que le ménage occupe le reste de l’habitation. Cette formule d’habitat permet aux personnes âgées de mieux vivre chez elles grâce à un voisinage bienveillant.  » Cette définition est donnée par l’asbl Question Santé, qui a réalisé une brochure dressant un état des lieux de l’habitat kangourou, de ses avantages et des améliorations à apporter.

L’habitat kangourou de Dar Al Amal à Molenbeek-Saint-Jean est un exemple de cette forme de cohabitation. Depuis 20 ans, deux maisons unifamiliales ont été aménagées en deux appartements, où résident une personne âgée belge et une famille de personnes immigrées avec enfants. Ces familles vivent de manière indépendante, mais chacune est prête à donner un coup de main à l’autre, la personne âgée peut garder les enfants pendant que les parents vont faire leurs courses mais aussi celles de leur voisine. L’isolement, la solitude et le sentiment d’insécurité sont moins pesants pour la personne seule et les problèmes d’intégration de la famille issue de l’immigration s’estompent grâce à la vie commune.

En Belgique francophone, une grande partie des projets existants ou en construction proposent la cohabitation au sein de petits lotissements de personnes âgées avec des jeunes mères, des adultes en difficulté ou des personnes (légèrement) handicapées. Ces habitats sont encadrés par des aides extérieures, bénévoles ou non, qui offrent différents services, allant du ménage à l’aide sociale.

L’habitat groupé propose quant à lui des logement privés et des lieux communs destinés au personnes de plus de 50 ans. Ce sont des  » maisons Abbeyfield « , où des bénévoles aident les habitants à réaliser leurs projets de vie.

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Habiter avec des vieux

Autre initiative : une personne seule ou âgée loge chez elle un étudiant qui, en échange d’un loyer très modéré, dispose d’une chambre, d’une cuisine et parfois de repas déjà préparés. L’étudiant s’engage à rendre quelques services à la personne qui l’accueille, comme manger avec elle une fois par semaine ou rentrer toutes les nuits. Ces habitats sont encore très peu nombreux en Belgique mais tendent à se développer, notamment à Gand ou à Louvain-la-Neuve, mais toujours sans le soutien des universités.

Loger chez une personne âgée n’est pas la même chose que chez sa grand-mère ou son grand-père, ou que vivre sous le même toit que ses parents à la retraite. Aujourd’hui, c’est un choix. C’est la différence avec la famille d’antan. Dans un habitat intergénérationnel, contrairement au temps où toute la famille vivait sous le même toit, dans un esprit de soutien familial, voire d’obligation envers les aînés, aujourd’hui, on choisit d’habiter avec d’autres personnes, avec des jeunes qui ne sont pas issus de la famille ou avec des vieux qui ne sont pas ses vieux.

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