Anne Vanderdonckt

L’effet magique des crises

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Anne Vanderdonckt observe la société, ses évolutions, ses progrès, ses incohérences. Partage ses doutes, ses interrogations, ses enthousiasmes. Quand elle se moque, ce n’est jamais que d’elle-même.

Ce Plus Magazine, nous l’avons confectionné avec les moyens du bord. Chacun confiné, parfois malade, mais la main sur la souris. Nous sommes fiers d’avoir réussi à braver tous les écueils pour vous proposer un magazine à la fois adapté en raison des circonstances et très fidèle à lui-même avec ses conseils en matière de santé, droits et finances ou société. Bah, c’est vrai, il restera des coquilles, et sans doute aussi d’autres imperfections, le moins possible nous l’espérons. Nous faisons donc appel à votre indulgence...

Mais toute crise offre du positif...

La courgette flagada. Une image qui me restera, c’est, au tout début du confinement, celle de cette courgette oubliée dans mon frigo. Tellement moche que j’ai dû me résoudre à la jeter. Alors même que, nécessité faisant loi, je m’appliquais à gérer mes stocks alimentaires de manière raisonnée. Ne pas entamer plusieurs boîtes de fromage à tartiner à la fois ; n’ouvrir une bouteille de crème fraîche que si je peux la consommer jusqu’au bout ; ne pas craindre la mort subite pour une date de péremption dépassée d’un jour. En une semaine, j’ai rempli à peine une poubelle de cuisine. Voilà, donc, je peux le faire ! Ce que Greta Thunberg n’a pas réussi à m’inculquer, le coronavirus y est arrivé.

C’est dans les vieilles marmites... Lors des attentats, je me suis affolée de ne pas pouvoir joindre mon mari sur son GSM. Jusqu’au moment où j’ai tenté le fixe. Qui, lui, fonctionnait. Aujourd’hui, on constate la même chose. On se remet à regarder la télévision, dont on disait qu’elle était dépassée. A se téléphoner car il est plus facile de partager des informations de vive voix que par mail, ainsi que d’atteindre certains services débordés par les demandes électroniques. Voire à envoyer des courriers, ou à les glisser dans la boîte du destinataire. Mais oui, la Poste comme au bon vieux temps ! Et puis, il y a la lecture, bien sûr, qui retrouve toutes ses lettres de noblesse et qui aura refait de l’oeil à un bon nombre de ceux qui l’avaient sacrifiée sur l’autel du stress quotidien.

Zéro silence. Comme me le faisait remarquer une lectrice : « Quand je lis aujourd’hui votre édito de mars qui pointait les sources de bruit omniprésentes dans la société, j’ai l’impression qu’il s’agissait d’un autre monde et me dis que finalement on était heureux sans le savoir ». Peut-être nous montrerons-nous plus tolérants après, en effet. Aaaah le bourdonnement de la tondeuse de nos infatigables voisins le dimanche après-midi quand tout le monde somnole... Peut-être, donc.

Bienveillance et solidarité. On a écrit des petits mots pour demander des nouvelles des uns des autres, de gens dont on se disait depuis longtemps : il faudrait que je reprenne contact... Cette fois, on l’a fait. On a aidé des personnes âgées, envoyé des encouragements au personnel soignant, soutenu des malades. Comme on a pu. Cela c’est l’effet magique des crises. Et c’est tout cela qui fait que quand on les raconte plus tard, sauf d’avoir été gravement touché, lorsqu’on a réussi à donner du sens à ce qu’on a vécu et à poser un autre regard sur nos vies, on n’en garde pas un si mauvais souvenir que ça...

Contenu partenaire