J’ai testé: un stage de conduite sécuritaire

« Roulez un peu plus vite, oui, 50 km/h. Parfait ! A mon signal, appuyez à fond sur la pédale de frein. Maintenant! »

Marie-Luce a 70 ans et freine abruptement sur un morceau de route rendu lisse comme un miroir. La voiture se met à déraper, mais elle reprend le contrôle et finit en beauté entre les lignes. Applaudissements dans les rangs.

Marie-Luce n’est pas la plus âgée du groupe lors de ce stage de conduite pour seniors. Anne-Marie a 73 ans, André 69 ans, Marie-Claire compte 70 printemps et je frôle pour ma part les 60 ans. Durant toute une journée, Didier et Olivier nous prennent en charge pour nous informer, nous confier des trucs pratiques et nous faire tenter des manoeuvres parfois extrêmes.

9 h

On nous offre du café et des croissants, tandis que Didier détaille les dangers de la route.

« Souvenez-vous, en 1977, un avion de la KLM s’était écrasé à Ténérife. La presse internationale s’était fait l’écho des 583 morts. 583 tués ... Mais savez-vous qu’en 2013, dans toute l’Europe, on compte 595 morts sur les routes chaque semaine. Chaque semaine ! Et personne ne s’en émeut.

L’une des femmes roule en automatique. Une excellente idée, selon, selon Didier. On déplore moins d’accidents avec une boîte de vitesses automatique, car cela laisse davantage de temps pour réagir et se concentrer sur le trafic.

Nous apprenons l’importance de bien positionner le repose-tête, car nombre d’accidents provoquent le cou du lapin. Avec l’âge, les muscles et les os se fragilisent. Il faut donc faire attention.

L’être humain est doté de deux yeux qui ne voient que devant lui. Nous ne sommes en réalité pas conçus pour aller à grande vitesse. Quand on conduit, on doit régulièrement tourner la tête à gauche et à droite, tenir à l’oeil les cyclistes, les piétons et les autres conducteurs. Et veiller à ne pas rester trop longtemps dans l’angle mort des camions.

Mais certaines personnes d’âge mûr perdent la mobilité de leur nuque. Il ne leur reste plus alors que les rétroviseurs pour voir ce qui se passe derrière elles. Impossible de rouler trop vite dans ces conditions !

Certains se plaignent que la limite de 30 km/h en ville soit excessivement lente. C’est vrai mais quand on percute un piéton à cette vitesse, il conserve 90 % de chances de survie !

Trente pourcent des collisions ont lieu sur un parking. Il faut donc être ultra prudent quand on a fait ses courses et que l’on fait marche arrière pour repartir. On ne voit pas toujours qui arrive.

Didier nous apprend comment prendre facilement une place en marche arrière au milieu d’une série d’emplacements pour repartir ensuite en marche avant.

10h30

Mais assez parlé. En route vers la piste d’exercice Peugeot, ici à Nivelles. La Peugeot Driving Academy offre un espace sécurisé et des véhicules pour s’exercer.

Nous recevons deux voitures. L’une avec vitesses classiques (celle de Didier), l’autre automatique (celle d’Olivier).

Nous apprenons à connaître notre vitesse de réaction. Nous devons à tour de rôle rouler à 60 km/h et, lorsqu’un signal retentit, freiner sec. Les uns réagissent plus vite que les autres. Je me débrouille bien. Est-ce parce que je suis le plus jeune ?

« Non », répond Olivier. « Chaque personne a besoin d’une fraction de seconde pour prendre conscience du danger, puis réagir en conséquence. Que l’on ait 20 ans ou 70 ans, il faut environ une seconde avant de freiner réellement. »

11 h

Nous apprenons qu’il n’est pas pareil de freiner à 30 km/h, à 50 ou à 70... Quelle différence !

Je dois rouler en direction de cônes de circulation bleus et m’arrêter quand on m’en donne le signal.

Ça marche mais, tout à coup, des fontaines entrent en action et la route est détrempée. Même exercice : quelle différence ! Je glisse et perds le contrôle. Je renverse des cônes. Heureusement que ce ne sont pas des piétons...

Nous apprenons l’importance de réagir calmement au volant quand on doit freiner brusquement et à ne pas quitter des yeux l’endroit vers lequel nous voulons nous diriger. Après d’innombrables exercices, je réussis enfin à freiner sec sur sol mouillé, et à esquiver les cônes.

Mes collègues seniors ont également l’occasion de tâtonner et de s’exercer à de nombreuses reprises. C’est en tombant et en se relevant que l’on apprend à rester maître de son véhicule.

« C’est super de pouvoir déraper et emboutir des cônes dans un environnement très sûr, au volant d’une voiture qui n’est pas la sienne », se réjouit André. « Quand on se retrouve réellement dans ce genre de situation, il est en général trop tard si l’on n’a pas appris à garder le contrôle au volant. »

12h30

L’heure du lunch a sonné. Nous sommes dans un centre de formation pour chauffeurs, on fait donc l’impasse sur l’apéro et on se contente d’un verre d’eau avec sa salade.

Pourquoi mes compagnons d’un jour se sont-ils inscrits à ce cours (qui n’est pas bon marché) ?

Anne-Marie : « On n’est jamais trop âgé pour apprendre. Quand j’ai su que la province de Brabant wallon prenait en charge la majeure partie de ce cours, je me suis inscrite. Attention, nous autres seniors avons toujours roulé. Il est vrai que certains d’entre nous n’ont eu qu’à aller chercher leur permis à la maison communale. Mais nous avons de l’expérience et nous sommes devenus plus prudents avec les années. Cela dit, je voulais pouvoir contrôler ma voiture en hiver, quand les routes sont glissantes. »

Marie-Luce : « Nous devons rester dans le coup, et alertes. Il n’y a rien de pire que ces personnes âgées qui ne prennent plus leur voiture que pour aller faire des courses et se révèlent de vrais dangers publics. Et j’en vois pas mal autour de moi, des personnes de mon âge qui ont une conduite franchement dangereuse. Aucun de leurs enfants n’ose leur dire qu’ils feraient mieux de laisser la voiture au garage. Moi, ça ne m’arrivera pas. Je saurai quand il sera temps d’arrêter de prendre le volant. »

Marie-Claire roule avec une vieille Volvo automatique et aura bientôt une voiture neuve. Elle est donc venue ici pour se familiariser avec les nouveautés que sont pour elle l’ABS (système d’anti-blocage des freins) et l’EPS (programme électronique de stabilité).

André me raconte que, dans le temps, n’importe quel homme décrochait son permis avec une facilité déconcertante pendant le service militaire. Il trouve que les personnes âgées ne roulent ni mieux ni moins bien que les autres. « Les jeunes conducteurs sont plus agressifs. Moi-même, j’utilise de plus en plus mes rétroviseurs. Mon dos et ma nuque me permettent moins qu’avant de me retourner. J’avais donc envie d’entretenir ma technique et de me maintenir à niveau, et ici on vous apprend tout cela. »

13h30

Le temps de la valse !

Tandis qu’ailleurs sur la piste de très jeunes gens tentent nos exercices matinaux, nous autres seniors allons rouler sur sol particulièrement glissant.

A tour de rôle, nous empruntons un morceau de route lisse comme un glaçon.

Pour la première fois, je me demande ce qui m’arrive. La voiture tourne sur elle-même, je ne contrôle absolument plus rien et j’emboutis des tas de cônes, les pauvres.

Puis l’instructeur m’apprend comment je dois tenir mon volant, très calmement, et comment laisser l’EPS faire son boulot. Il s’agit de ne jamais quitter des yeux l’endroit vers lequel je veux me diriger in fine.

En chemin, j’ai appris à bien me comporter sur verglas. Je sais quelle est la vitesse maximale jouable et que toute réaction de panique ne fait qu’empirer les choses. Il faut rester maître de son véhicule, y aller très doucement et rejoindre en douceur l’endroit voulu. Et oui, c’est possible !

Heureusement, je vois mes collègues valser, eux aussi, à qui mieux mieux lors des premières tentatives, avant de reprendre en douceur le contrôle, au grand soulagement de chacun.

Nous apprenons aussi que la qualité des pneus compte énormément. L’une des deux voitures a les pneus arrières usés et dérape en conséquence beaucoup plus vite que celle qui a ses quatre pneus en bon état.

16h30

Je suis épuisé. A cause de la concentration, de l’absorption de tant d’informations, des tests répétés, des échecs suivis de réussites...

Mais tout le monde est heureux. Nous bavardons encore un peu, nous avons tous appris énormément de choses.

Un cours à conseiller chaudement pour tout senior actif qui désire sortir sa voiture du garage cet hiver.

Infos:

Le stage pour seniors coûte 265 euros

Les habitants du Brabant wallon se voient remboursés 200 ? par la province.

http://www.peugeot-driving-academy.be 02/287 87 87

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