J’ai rencontré l’amour à 50 ans

Tomber amoureux après 50 ans est le signe d’un renouveau. Parce qu’on se connaît mieux, qu’on connaît mieux les autres, l’amour se vit plus intensément.

Contenu :

Un nouveau départ
Seul, c’est bien, mais à deux, c’est mieux
Les amours tardives ont plus de chances de durer

Le grand amour : que n’a-t-on écrit sur ce délicieux tourment ! Estomac noué, coeur qui palpite, « papillons » dans le ventre... Les symptômes habituels qui accompagnent un amour naissant ne sont plus, depuis quelque années déjà, une affaire de jeunes, loin s’en faut. Les divorces et remariages après 50 ans sont en effet devenus tellement courants (15 % des divorces concernent des personnes mariées depuis plus de 25 ans) que l’on ne trouve plus grand monde pour s’émouvoir d’un amour tardif.

Pourquoi voudrait-on d’ailleurs que le besoin d’aimer et d’être aimé s’étiole avec les années ? C’est même probablement une des rares facultés qui ne vieillisse pas, comme en témoignent toutes ces amourettes qui fleurissent dans les couloirs des maisons de repos, au grand dam parfois des enfants des pensionnaires de ces institutions (même adulte et vacciné, un enfant a toujours du mal à admettre que ses parents puissent avoir une vie sentimentale, a fortiori sexuelle...).

Un nouveau départ

Pourquoi tant de quinqua- et sexagénaires n’hésitent-ils plus aujourd’hui à se lancer dans l’aventure de l’amour ?

Pour Marie-Thérèse Casman, sociologue de la famille qui a travaillé sur le Panel démographique 1992-2002, il y a aujourd’ hui moins de « freins » qu’avant à l’idée de refaire sa vie. « Comme l’espérance de vie a fortement augmenté, pas mal de personnes, une fois arrivées à la cinquantaine, se disent qu’elles ont finalement encore beaucoup d’années devant elles, observe Marie-Thérèse Casman. Elles se sentent encore jeunes et n’hésitent par conséquent plus à se séparer d’un partenaire grincheux ou qui les rend malheureux, pour prendre un nouveau départ. L’autre facteur important, c’est la plus grande autonomie des femmes, qui sont aujourd’hui non seulement plus instruites qu’auparavant mais ont aussi généralement travaillé, ce qui leur procure une indépendance financière. Avant, beaucoup de femmes restaient avec leur mari par manque de ressources financières, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Enfin, l’individualisme a gagné beaucoup de terrain dans notre société tandis que la pratique religieuse est en recul (en 2002, seulement 10 % des Belges se disaient pratiquants contre 17 % en 1992). La combinaison de ces deux éléments fait que de nos jours, on reste avec quelqu’un tant qu’on l’aime, d’autant plus que le divorce n’est plus stigmatisé comme avant. « 

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Seul, c’est bien, mais à deux, c’est mieux

« L’amour, toujours... « , dit la chanson. Certes, mais est-ce une quête qui est vraiment partagée par tout le monde ? Pas nécessairement si on se fie au nombre élevé de coeurs à prendre, divorcés ou veufs surtout, qui ne voudraient pour rien au monde partager à nouveau leur quotidien avec quelqu’un. Refroidis par une vie de couple calamiteuse, écrasés par le terrible sentiment d’échec qui accompagne un divorce, attristés par la perte d’un être adoré, ils n’ont pas envie de se risquer une deuxième ou troisième fois dans l’aventure du couple. Par désillusion ( » on n’est pas fait pour vivre ensemble « ,  » on est mieux tout seul « ) ou par pur romantisme (d’après le Panel démographique, plus on est âgé et plus on croit en l’amour unique !).

Pourtant, quoi qu’en disent les célibataires les plus endurcis, la solitude est rarement un choix, et n’avoir personne à aimer peut représenter une grande souffrance morale et physique. Plusieurs études ont ainsi montré que les personnes vivant en couple ont une meilleure santé et une plus grande longévité que les personnes vivant seules. Ces dernières souffriraient en effet plus souvent de maladies chroniques, de dépression et leur espérance de vie s’en trouverait raccourcie. Autant de raisons qui plaident pour les vertus de l’amour. « Aimer et être aimé est un besoin fondamental, observe Catherine Pilet, psychologue et thérapeute de couple. Aussi fondamental que manger ou boire. Un enfant qui ne reçoit pas d’amour meurt ou devient fou, et les personnes qui peuvent survivre à ce manque d’amour sont rares. Quant à l’amour d’un partenaire, il remplit un autre besoin, très important lui aussi sans être fondamental : le besoin d’être l’élu, la personne la plus importante pour quelqu’un. « 

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Les amours tardives ont plus de chances de durer

Puisqu’on vieillit mieux en couple qu’en solo et qu’avoir une vie affective et sexuelle satisfaisante contribue au bien-être quel que soit l’âge de ses artères, aime-t-on à 50 ans comme on aime à 20 ans?

Non. A 50 ans, on s’est frotté à la vie, on a enchaîné les expériences, bonnes ou mauvaises, et on a la plupart du temps tiré des leçons de ses déconvenues. Autant d’éléments qui donnent une assise peut-être un peu plus solide à un amour à 50 ans qu’à un amour à 20 ans. « L’amour tardif, s’il est basé sur une meilleure connaissance de soi-même, a plus de chances de durer qu’un amour de jeunesse, confirme la psychologue Catherine Pilet. Parce qu’on a tout un chemin de vie derrière soi et qu’on connaît mieux ses besoins.  »

Autre facteur de solidité des amours tardives, le fait qu’à un certain âge, on met probablement plus de choses en oeuvre pour assurer la réussite de son couple. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord parce que souvent, on a connu les affres d’un divorce ou d’une séparation qui, même s’ils sont terriblement banalisés aujourd’hui, restent toujours des épreuves. Parce qu’on est aussi mieux informé des pièges de l’amour que sont l’idéalisation, les attentes démesurées, l’égoïsme ou le manque de communication. Parce que, d’une certaine façon, les amours tardives sont plus « libres » : libres de certains soucis familiaux, professionnels ou matériels, libres de toute idée de performance, sexuelle notamment, et libres du regard des autres (on est moins à l’affût de l’approbation et de la reconnaissance sociales). Parce qu’enfin, même si on est jeune de plus en plus longtemps, le temps n’est pas élastique.

Autant de raisons qui poussent à vivre son nouvel amour avec toute l’intensité, la fantaisie, et le petit grain de folie qu’on peut désormais se permettre. Il est certes moins courant d’avoir un coup de foudre à 50 ans ou à 60 ans voire plus mais quand ça arrive, on aime bien mieux, et avec plus de générosité, qu’à 20 ans !

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