Garder ses petits-enfants

S’occuper de ses petits-enfants, que ce soit de temps en temps ou très souvent, ouvre la porte à de nombreuses questions. Comment réagir si vous n’êtes pas d’accord avec les principes éducatifs des parents ? Ou lorsque votre petit-fils lance son ballon dans la vitre des voisins ?

Mamie gronde Louca (7 ans) parce qu’il a pris des bonbons sans permission.  » Dans la voiture de mon papa, il y a un marteau et je vais le prendre pour te taper sur la tête « , répond Louca. Lorsque son papa vient le chercher, mamie lui dit : Louca a été méchant. Papa se fâche sur mamie, prend Louca par la main et part en claquant la porte.

Cette scène, Rosina Bonnaerens, 59 ans, l’a réellement vécue. Elle est éducatrice, spécialisée dans les relations entre grands-parents et petits-enfants. Elle a elle-même quatre petits-enfants et les garde un jour par semaine.  » Au moment où j’ai dit Louca a été méchant, je savais que je commettais une erreur. Louca n’avait désobéi qu’une seule fois et n’était pas pour autant méchant. Je me suis excusée auprès de mon fils. En tant que grands-parents, nous aimons voir nos petits-enfants, mais nous voulons aussi qu’ils nous voient avec plaisir. Il faut donc souvent marcher sur des £ufs !  »

Voici les conseils de Rosina Bonnaerens pour bien réagir dans dix situations auxquelles nous sommes souvent confrontés lorsque nous gardons nos petits-enfants.

Quand des conflits peuvent-ils survenir avec les parents ?

Une communication insuffisante ou inexistante conduit à coup sûr à des conflits.  » Si êtes prêt à garder régulièrement votre petit-enfant, vous devez préalablement convenir de certaines choses, conseille Rosina Bonnaerens. Même a posteriori, vous ne devez jamais refouler vos contrariétés ou nier les problèmes. « 

Que faut-il régler préalablement ?

En premier lieu, des points pratiques tels que l’alimentation de l’enfant, l’heure du coucher, le temps passé à regarder la télévision... Mais aussi certains aspects psychologiques ou une éventuelle source de conflits. Qu’est-ce qui est essentiel pour les parents dans l’éducation ? Sont-ils tous deux favorables à ce que vous gardiez leur enfant ?  » Vous devez vous aussi discuter de la garde de l’enfant avec votre propre conjoint, poursuit Rosina Bonnaerens. Combien de temps désirez-vous consacrer à vos petits-enfants, et combien à vos propres activités ? Dites aux parents la fréquence à laquelle vous acceptez de les garder. S’ils promettent de venir chercher leur enfant à telle heure, ils ne doivent pas être en retard. Et réservez-vous le droit d’arrêter si cela devient trop fatigant. « 

10 règles de base

1. Avant de commencer à garder vos petits-enfants, discutez-en sérieusement avec votre conjoint.

2. Entendez-vous préalablement avec les parents concernant toutes les sources de conflit éventuelles.

3. Ne faites jamais quoi que ce soit qui heurte les principes éducatifs fondamentaux des parents.

4. En dehors de cela, ce sont vos règles qui s’appliquent dans votre maison.

5. Faites toujours preuve de diplomatie.

6. Gâtez vos petits-enfants surtout sur le plan affectif.

7. Ne les aidez pas trop à faire leurs devoirs.

8. Ne vous transformez pas en nounou à temps plein, osez dire non.

9. Parlez d’abord avec les parents si vous supposez que votre petit-enfant a un problème.

10. Souscrivez une assurance familiale.

Que faire si nos principes éducatifs sont différents ?

 » Je suis contente que mes petits-enfants habitent à 500 km de chez nous, nous écrit Monique, une lectrice bruxelloise. Les principes éducatifs de ma fille ne sont pas les miens. Grâce à la distance, nous évitons des conflits qui se produiraient certainement si je voyais mes petits-enfants fréquemment. « 

Le point délicat par excellence : nos principes éducatifs ne correspondent pas toujours à ceux des parents.  » En tant que grands-parents, vous ne devez pas vous mêler de l’éducation des petits-enfants. Un point, c’est tout, affirme Rosina Bonnaerens. Mais vos petits-enfants doivent apprendre que chaque maison a ses propres règles. Vos principes sont d’application chez vous, à condition qu’ils soient compatibles avec ceux des parents et que vous leur disiez quand vous appliquez d’autres règles pour en discuter. « 

Exemple: chez lui, votre petit-fils peut quitter la table lorsque les autres sont encore en train de manger, mais vous n’aimez pas cela.  » Cela ne heurtera certainement pas les principes des parents si vous obligez votre petit-enfant à rester encore un peu à table. Il en va autrement lorsque les parents sont, par exemple, strictement végétariens. Il s’agit ici de principes essentiels. Vous ne pouvez pas y faire une entorse en lui donnant un peu de viande. « 

Faut-il toujours se taire ?

Seulement si c’est nécessaire!  » Utilisez plutôt votre conjoint comme soupape, conseille la spécialiste. La première fois qu’une de mes belles-filles m’a donné des instructions très détaillées concernant la préparation de la panade de sa fille, j’ai écouté et je me suis tue. Mais, le soir, j’ai dit à mon mari : Elle a certainement oublié que j’ai élevé cinq enfants ! C’est avec une bonne dose de diplomatie et un brin d’humour qu’on s’en tire le mieux. Surtout entre belles-mères et belles-filles, les rapports peuvent être délicats. Donnez des conseils mais avec prudence. Par exemple : Que penses-tu, ne serait-ce pas mieux si Daphné recevait un demi-biberon supplémentaire ? J’ai l’impression qu’elle a parfois très faim. De même, n’hésitez pas à présenter vos excuses lorsque vous avez commis une erreur.  »

Peut-on gâter ses petits-enfants ?

Oui et non. Il faut surtout se méfier des gâteries matérielles (essayer d’acheter l’amour et l’affection d’un petit-enfant en le submergeant de cadeaux) et pédagogiques (céder à tous ces caprices et n’imposer aucune règle).  » Les gâteries pédagogiques peuvent vous mener à devenir leur esclave. Quant aux gâteries matérielles, elles sont plus fréquentes chez les grands-parents qui voient leurs petits-enfants moins souvent, par exemple après un divorce », constate Rosina Bonnaerens. Je suis en revanche très favorable aux gâteries affectives : faire des câlins, profiter des moments d’intimité pour regarder un DVD l’un contre l’autre, jouer à un jeu de société, aller à la plaine de jeux, etc. « 

Peut-on les punir ?

Oui, absolument! Si notre petit-enfant enfreint une règle de la maison de manière répétée, une punition est appropriée.  » La première fois, contentez-vous d’une simple réprimande, conseille Rosina Bonnaerens. Dites-lui : Je ne te punis pas maintenant, mais, si tu recommences, tu le seras. Soyez cohérent et punissez réellement votre petit-enfant s’il recommence. Vous pouvez lui interdire de regarder une émission télévisée, par exemple. Mais n’oubliez pas de dire aux parents que vous l’avez puni et dites-leur aussi pourquoi.  »

Pouvons-nous les aider à faire leurs devoirs ?

Question délicate ! Aider pour les devoirs reste avant tout la responsabilité des parents. Les grands-parents feront mieux de s’abstenir, ne serait-ce que parce que les méthodes d’apprentissage scolaire ont beaucoup évolué.  » Vous pouvez par contre aider pour de petites choses : dicter un texte, faire un peu de lecture ensemble ou aider à chercher des images.... « 

Peut-on dire  » non » ?

 » Il faut bien sûr pouvoir dire non. Par exemple, lorsque vos enfants ne trouvent pas de baby-sitter en dernière minute pour aller au cinéma. Seulement, bien souvent, nous n’osons pas. Au plus profond de nous, une petite voix nous dit que nous devons toujours être disponibles. S’il s’agit véritablement d’un cas d’urgence – par exemple un petit-enfant malade alors que les parents n’ont plus de jours de congé -, il est normal que vous apportiez votre aide. Dans les autres cas, c’est votre agenda qui prime. Ne culpabilisez pas, vos enfants accepteront que vous ayez votre propre agenda. Si vous dites toujours oui, vous risquez de vous transformer en esclave. « 

Peut-on demander un remboursement des frais ?

 » Ce point doit également être tiré au clair dès le début. Il est logique que les parents nous remboursent les frais de langes, de vêtements et de nourriture. De même, un remboursement du carburant n’est pas injustifié lorsque nous devons souvent aller chercher ou conduire l’enfant quelque part. Vous pouvez, par exemple, décider de noter les frais et de faire le décompte une fois par semaine. « 

Que faire lorsqu’on remarque que notre petit-enfant a un problème ou se drogue?

Il arrive assez fréquemment que les grands-parents décèlent un problème avant les parents. Un bambin qui éprouve des difficultés à parler, par exemple. Un enfant de 9 ans qui présente un retard de lecture, d’écriture ou de calcul. De l’argent qui a disparu d’une manière inexplicable de votre porte-monnaie après la visite de votre petit-fils de 16 ans.

 » Faites part de vos doutes aux parents, mais avec diplomatie, conseille notre experte. Dites par exemple : Tu ne demanderais pas à l’école (ou au médecin) d’examiner Lucas ? Quand il lit, il mélange les lettres. De même, si vous supposez une consommation de drogue ou un vol dans votre porte-monnaie, les parents doivent être votre premier interlocuteur. Faire intervenir la police ou une aide extérieure (par exemple, un centre d’accompagnement scolaire) doit vraiment constituer le dernier recours, lorsqu’il n’y a plus d’autre solution.  »

Que faire si votre petit-fils joue au football et casse une vitre chez les voisins. Ou s’il se fait renverser en traversant la rue sans regarder ?

Suis-je assuré lorsque je garde mes petits-enfants ?

 » La meilleure manière de vous protéger contre de tels accidents est de souscrire une assurance responsabilité civile vie privée, conseille An Declercq, juriste spécialisée en affaires familiales. Elle couvre votre responsabilité lorsque des dégâts corporels ou matériels sont occasionnés à des tiers par votre propre faute dans la sphère privée. Elle indemnise aussi les dommages que vos petits-enfants occasionnent à des tiers lorsqu’ils sont sous votre surveillance. Lisez bien ce qui est écrit en petits caractères sur votre police. Il peut arriver que vous soyez considéré comme famille et non comme tiers. Dans ce cas, l’assurance n’indemnise pas le dommage si votre petit-enfant casse ou endommage quelque chose chez vous. « 

Suis-je toujours responsable en tant que grand-parent?

 » Pour les parents, il existe une présomption légale de responsabilité, mais pas pour les grands-parents, précise An Declercq. Si votre petit-enfant occasionne un dommage à des tiers tandis que vous le gardez, la partie adverse devra démontrer que vous avez commis une erreur de surveillance. Si vous n’avez commis aucune erreur, vous ne devrez pas supporter les frais. Il existe également des cas dans lesquels les parents restent responsables, même lorsque leurs enfants séjournent chez les grands-parents. Dernière possibilité, la responsabilité partagée : les deux assurances familiales payeront chacune une partie du dommage. »

Que se passe-t-il si j’ai un accident de voiture avec mon petit-enfant à bord ?

Si vous êtes en tort, votre propre assurance responsabilité civile couvre les dégâts corporels et matériels des passagers (pas du conducteur !). Si vous n’êtes pas en tort, le dommage doit être indemnisé par l’assurance de la partie adverse.

Combien d’enfants puis-je transporter dans la voiture ?

Vous pouvez transporter le nombre de passagers pour lequel votre voiture a été homologuée. Pour les enfants de moins de 1,35 m, un siège-auto enfant ou bébé est obligatoire. Les enfants de moins de 18 ans doivent porter une ceinture de sécurité, également à l’arrière.

Quel médecin ? Quel hôpital ?

Les parents doivent vous indiquer quel médecin prévenir ou quel hôpital choisir en cas d’urgence. Si vous habitez assez loin des parents, donnez une copie du dossier médical de votre petit-enfant à votre généraliste.

Quels documents dois-je avoir pour emmener nos petit-enfants à l’étranger ?

La carte d’identité de l’enfant, sa carte SIS ainsi qu’une autorisation écrite des parents.  » Ce dernier document vous permet d’exclure le risque de suspicion d’enlèvement d’enfant, précise An Declercq. Le mieux est d’avoir un formulaire officiel d’autorisation de vacances disponible à l’administration communale.  »

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