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Étiquette et coronavirus : comment rester poli, tout en gardant ses distances ?

Ann Heylens Journaliste

Si le confinement se relâche peu à peu, le virus n’a pas complètement disparu. Alors comment éviter de paraître brutal, voire froid lorsqu’on croise une connaissance au coin de la rue ? Nous avons interrogé la spécialiste en étiquette Isabelle Coppens.

Faire des signes de la main à distance, poser un colis par terre au lieu de le remettre en mains propres... Les mesures anti-coronavirus nous obligent à être créatifs en matière de règles de politesse. Et cela demeurera probablement ainsi pendant un certain temps.

Plus Magazine : Faut-il mettre l’étiquette de côté à cause du virus ?

I.C. : Le principe de base de l’étiquette est et reste d’être attentif aux autres et de respecter son prochain. Le coronavirus n’a aucun contrôle sur cela, mais en a plutôt dans la façon dont nous appliquons cette étiquette. Après tout, il est impensable, du moins sur le court terme, de continuer à serrer la main aux autres en guise de salutation ou pour conclure une conversation.

Quelle est la bonne alternative à une poignée de main ou à un baiser ?

Je pense qu’un hochement de tête est une bonne alternative. Sans masque buccal, vous pouvez sourire à quelqu’un. Avec un masque buccal, vous pouvez saluer du regard, hocher la tête et lever la main dans un contexte plus informel. Un signe de tête légèrement plus formel et consensuel lors de la conclusion d’un accord est un choix approprié dans un environnement commercial.

Et se pencher ou rassembler nos mains, comme en Asie ?

Ca, je n’en ai pas encore été témoin. Nous n’y sommes pas vraiment habitués et je pense que cette forme d’étiquette est vécue ici comme très formelle. Je doute que les courbettes du passé reviennent un jour à la mode.

Y a-t-il des choses qui étaient autrefois considérées comme impolies, mais qu’on reproduit aujourd’hui?

Alors que par le passé, refuser de serrer une main tendue était l’une des plus grandes fautes que vous pouviez commettre en matière d’étiquette, à court terme, c’est le fait de tendre la main qui pourrait être considéré comme un faux pas. Contourner quelqu’un dans un virage pour l’éviter, ou traverser la rue quand on voit quelqu’un s’approcher dans une autre direction, tout cela est aujourd’hui considéré comme un signe de courtoisie.

Pouvez-vous demander à quelqu’un de garder ses distances ?

Je pense qu’il vaut mieux faire un pas en arrière et prévenir l’autre que vous souhaitez simplement respecter les règles de sécurité. Il est toujours préférable de faire les choses soi-même, pour ne brusquer personne.

Qu’en est-il de l’étiquette numérique ? Combien de fois êtes-vous autorisé à envoyer un courriel, à téléphoner, à demander un appel vidéo à quelqu’un ?

Vous pouvez simplement reproduire ce que vous faisiez avant l’émergence du virus. Si vous aviez l’habitude de travailler et de consulter quelqu’un sur une base quotidienne ou hebdomadaire, vous êtes maintenant autorisé à téléphoner ou à envoyer des courriels à la même fréquence. L’important est de ne pas utiliser Skype ou FaceTime de manière inattendue. Il est préférable de l’annoncer à l’avance. Pour la simple et bonne raison que vous pouvez voir la personne.

Pourrons-nous trinquer à nouveau lorsque nous reverrons nos amis et notre famille ?

Trinquer n’est pas une règle conforme à l’étiquette. Il faut lever son verre en l’air et regarder les autres. Et je pense que c’est mieux à court terme.

Devrions-nous garder une partie des règles d’étiquette imposées par le coronavirus ?

La base de l’étiquette est de toujours respecter les autres. J’espère donc que cela restera d’application.

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