© ISTOCK

Epauler un ami malade : comment trouver les mots justes

Lorsqu’un ami est touché par une maladie grave, on veut bien sûr l’aider et le réconforter. Mais comment trouver les mots qui font du bien et éviter les maladresses ?

 » J’aimerais rendre visite à un ami gravement malade mais je n’ose pas. Je ne sais pas quoi lui dire... » Une phrase que le Dr Van Edom, bénévole à la clinique Universitaire de Louvain, entend souvent.  » Au lieu de vous concentrer sur ce que vous pourriez dire à votre ami, pensez plutôt à la question qui pourrait lui donner envie de s’exprimer. Soyez ouvert, à l’écoute. Vous pouvez, par exemple, entamer la conversation en disant:  » Dis-moi, comment te sens-tu depuis la dernière fois que nous nous sommes vus ?  » Ne sous-estimez pas l’efficacité du récit. Ceux qui ont dû affronter un diagnostic de cancer ont vu leur vie voler en éclats. Ils doivent rassembler les morceaux pour lui redonner un peu de sens et raconter leur histoire les aide. Consciemment ou non, raconter ce qu’ils vivent leur apporte de la structure pour dépasser le choc et reprendre le contrôle de la situation. En écoutant activement votre ami, vous lui apportez soutien et réconfort. « 

Ne cachez pas votre émotion lors de la visite. Au contraire, laissez vos larmes couler.  » Et si vous ne savez pas trop quoi dire, admettez-le simplement, ajoute le Dr Shana Cornelis de la Fondation contre le cancer. Ne laissez pas la peur de prononcer des paroles maladroites vous paralyser. L’indifférence apparente fait plus de mal qu’une parole maladroite mais spontanée.

Pour aider votre ami à parler, vous pouvez répéter brièvement ce qu’il vous dit, avec vos propres mots. En le paraphrasant, vous le rassurez en lui montrant que vous l’écoutez. Cela l’encouragera à poursuivre. Si nécessaire, il peut vous corriger. Vous pouvez aussi vérifier que vous êtes sur la même longueur d’onde en commençant par une phrase telle que :  » Et donc, si j’ai bien compris, ... »

Ce que vous pouvez faire

  • Rendez visite à votre ami malade et écoutez-le. Soyez vous-même et osez vous excuser pour vos éventuelles maladresses.
  • Montrez aussi votre intérêt après le traitement. Prenez régulièrement des nouvelles, envoyez un sms, une carte...
  • Offrez une aide concrète.
  • Evitez les réflexions trop directes sur la maladie, ( » Quelles sont tes chances de survie » ou  » Ça va aller mieux « ...), les plaisanteries de mauvais goût, les comparaisons avec d’autres malades, les cartes de bon rétablissement pour une personne en phase terminale...
  • Ne parlez pas trop de vous et évitez de faire référence à des connaissances décédées de la même maladie.
  • Si vous apprenez qu’un ami est malade, osez lui en parler et ne l’évitez surtout pas.

Faire face à sa propre finitude

 » Notre réaction d’effroi lorsque nous apprenons qu’une personne est atteinte d’une maladie potentiellement mortelle est pour beaucoup liée à nos propres angoisses, ajoute le Dr Van Edom. Une telle maladie nous confronte à notre propre finitude. Pour soutenir quelqu’un au mieux, demandez-vous, avant la visite, ce que l’idée de la mort et de la maladie réveille en vous. Osez affronter votre propre angoisse. Si vous ne vous autorisez pas cette réflexion, vous risquez d’adopter un comportement fuyant ou inadapté. Le malaise vient aussi du changement de contexte. Votre ami et vous vous retrouvez dans une situation inhabituelle, à laquelle vous ne pouvez pas échapper. Vous entrez en terrain inconnu et cela demande du cran ! « 

Est-ce une bonne idée de parler de vos propres soucis, qui peuvent paraître dérisoires, à quelqu’un qui est gravement malade ?  » Tout à fait ! Mais en tenant compte du lien de confiance qui existe entre vous et les besoins actuels de votre ami. C’est un intime à qui vous avez l’habitude de confier vos hauts et vos bas ? Continuez à le faire ! Ne réduisez pas votre ami à sa maladie; il est avant tout votre ami. Mais, ne le submergez pas non plus avec vos problèmes, vos doutes ou votre anxiété. Cela risque de le décourager à parler de ce que lui vit. « 

Notre force intérieure

Selon certaines études, 90% d’entre nous sommes capables de trouver en nous-même des ressources pour faire face à la maladie.

 » Nous avons presque tous une force intérieure dans laquelle nous avons déjà puisé pour affronter d’autres situations difficiles. On peut donc aider quelqu’un à la retrouver avec une question comme :  » As-tu déjà été confronté(e) à un grosse angoisse au cours de ta vie ? Qu’est-ce qui t’a aidé ?  » Cela peut être la relaxation, une conversation avec un proche, la lecture ou la musique. Souvent, ces aides seront également efficaces en cas de maladie grave « , précise le Dr Van Edom.

Les maladies dont le pronostic est mauvais sont les plus difficiles à appréhender. On voudrait se montrer positif en disant « Ça va aller », « Courage »... Mieux vaut éviter ces clichés face à quelqu’un qui souffre d’une maladie incurable.  » Des malades me disent souvent qu’ils préfèrent que leurs proches ne se voilent pas la face et qu’ils viennent simplement s’asseoir près d’eux pour partager ce qui leur arrive. C’est une vraie consolation de pouvoir partager une émotion aussi intense que la douleur de savoir que sa vie va s’arrêter. « 

Une aide concrète

On dit souvent à ses amis malades de ne pas hésiter à nous appeler s’ils ont besoin de quoi que ce soit.  » C’est une bonne intention, mais elle ne sert pas à grand chose. Lorsqu’on est malade, on n’a pas l’énergie nécessaire pour organiser l’aide dont on a, besoin. En outre, personne n’aime demander de l’aide. Formulez votre offre d’aide de manière plus concrète:  » Un bol de soupe te ferait-il plaisir ? »,  » Puisje venir tondre ta pelouse demain ? « ,  » Est-ce que je peux emporter ton linge à repasser ?  » Répétez votre offre de manière régulière mais sans vous montrer trop insistant. Un malade est très sensible à ces petits gestes « , insistent les Dr Cornelis et Van Edom.

N’oubliez pas le partenaire

Le conjoint d’une personne gravement malade est souvent perdu et doit faire face à une situation très exigeante sur le plan physique et émotionnel.  » C’est également vrai pour les frères et soeurs, les enfants, les parents ou es collègues de longue date. Ils peuvent éprouver des sentiments contradictoires comme la culpabilité de prendre un peu de emps pour eux, une sensation d’impuisance ou l’angoisse de perdre leur partenaire. Souvent, ils sont assez seuls car les proches ont peur de venir les voir, de déranger, d’être intrusifs. La femme d’un homme gravement malade m’a confié que, pendant es quatre mois où celui-ci avait été hospialisé, seule une personne lui avait demandé comment elle allait. « 

Contenu partenaire