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Enfant malade, grands-parents à la rescousse

La maladie d’un enfant a un impact considérable sur toute sa famille, grands-parents compris. S’ils apportent une aide pratique, ils rencontrent également beaucoup de difficultés émotionnelles.

« Les grands-parents d’un enfant gravement ou malade durant une longue période sont confrontés à un double – voire un triple – chagrin », explique Maaike Jappens, sociologue qui participe au projet Kadet du Centre de connaissances des sciences de la famille de la haute école Odisee et notamment au développement d’un programme de soutien aux grands-parents et aux frères et soeurs d’enfants malades.

« Les grands-parents s’inquiètent pour leur petit-enfant et son avenir mais sont également très angoissés pour leur propre enfant, le parent de leur petit-enfant. Saura-t-il faire face à la situation? À cela s’ajoute leur inquiétude pour les frères et soeurs du petit malade, dont ils constatent qu’ils ont du mal à gérer la situation. Ils sont d’ailleurs régulièrement appelés à s’occuper d’eux lorsque les parents doivent se rendre à l’hôpital. »

Trop peu d’informations

Une enquête menée auprès de 30 grands-parents a permis aux chercheurs du projet Kadet de répertorier ce à quoi ils sont confrontés lorsqu’un petit-enfant tombe gravement malade. « Pour les grands- parents aussi, apprendre que son petit-enfant est atteint d’une maladie grave est un véritable choc, un cauchemar, analyse Maaike Jappens. Ils se sentent impuissants et angoissés. C’est un processus de deuil. Ils y pensent constamment et n’en dorment pas. S’occuper de l’enfant malade prend toute la place. »

Les grands-parents se demandent très souvent s’ils soignent correctement leur petit-enfant. « Ils sont nombreux à vouloir en savoir plus sur sa maladie et son état de santé afin de pouvoir lui administrer les soins adéquats. Ils veulent savoir ce qu’il en est des médicaments ou des traitements. Souvent, l’équipe médicale communique exclusivement avec les parents, ce qui est normal car le temps lui manque pour informer aussi les grands-parents. Sans compter que les médecins sont tenus au secret professionnel. Mais ne pouvoir compter que sur des informations de seconde main introduit le doute chez les grands-parents. »

Les doutes

Les grands-parents ne cessent de s’interroger. En font-ils assez pour aider la famille de leur enfant? Ou, au contraire, en font-ils trop? Certains aimeraient aider davantage mais ils sont pris par leur travail. Dans des circonstances normales, de nombreux grands-parents peinent déjà à trouver le bon équilibre dans leur relation avec leurs enfants et petits-enfants. Et quand la maladie est là, l’incertitude les ronge.

« Les grands-parents ne veulent pas trop s’immiscer dans l’éducation de leurs petits-enfants mais tiennent tout de même à être suffisamment présents pour eux. Le maître mot est la communication, d’autant plus importante lorsqu’un petit-enfant est gravement malade car une aide supplémentaire est tout simplement indispensable. Communication car les grands-parents aimeraient avoir plus d’informations mais n’osent pas toujours les demander. »

Les grands-parents doivent oser poser des questions et exprimer leurs besoins

Il n’est peut-être pas très utile que parents et grands-parents tentent de se surprotéger les uns les autres. « Beaucoup de parents souhaitent ménager les grands-parents en édulcorant la réalité. Mais ces derniers ne sont pas dupes, précise Maaike Jappens. De leur côté, les grands-parents cherchent à cacher leur propre chagrin et leurs inquiétudes pour ne pas constituer un poids supplémentaire pour leur enfant. Ils pensent qu’ils ne sont « que » les grands-parents et que la situation est d’abord pénible pour leur enfant. »

Inquiétude pour les frères et soeurs

C’est parce qu’ils s’occupent davantage des frères et soeurs du petit malade que les grands-parents s’inquiètent davantage pour eux. « Ils constatent combien ils souffrent eux aussi, ils les voient se débattre avec des sentiments comme la peur et l’incertitude et se voient poser des questions auxquelles ils ne savent pas toujours quoi répondre, poursuit Maaike Jappens. Ce sont parfois des questions difficiles. Que va-t-il arriver à mon frère? Est-ce que ma soeur va se rétablir un jour? Pour certains grands-parents, il n’est pas nécessairement naturel de leur répondre ou de parler avec un petit-enfant de ses sentiments et de ses émotions. » Parfois, ils n’ont tout simplement pas de réponse ou se demandent si c’est à eux de répondre. D’autres ne sont pas encore prêts à aborder ces questions avec leur petit-enfant.

Communiquer ouvertement

Pour dissiper certaines inquiétudes et certains doutes, il est important que parents et grands-parents communiquent ouvertement et fixent des règles très concrètes. Les grands-parents doivent oser poser des questions et exprimer les besoins qu’ils peuvent avoir. La nature de ces règles peut varier d’une famille à l’autre.

« Bien que la plupart des grands-parents aient indiqué qu’ils aimeraient être davantage impliqués dans l’aspect médical, l’enquête a montré que certains étaient convenus avec les parents qu’ils ne voulaient pas être informés des tests médicaux avant que les résultats ne soient connus. Ils ne voulaient donc pas être tenus au courant ni de la date ni du type d’examens à subir parce qu’ils n’auraient cessé de s’inquiéter dans l’attente des résultats. Si c’est de cette règle qu’il a été convenu, c’est parfait. Mais trop souvent, ces choses-là ne sont pas discutées. Pour se protéger mutuellement, pour ne pas ajouter du chagrin au chagrin. »

Plus d’informations sur les règles à fixer entre parents et grands-parents sur plusmagazine.be/petitenfantmalade Lire aussi l’édito-témoignage.

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