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Énergie illimitée, voyages rapides et non polluants... Et si le meilleur restait à venir?

Impossible de prédire de quoi demain sera fait. Mais certains parient sur un monde où la technologie répondra aux défis de l’humanité. Voyage au pays de la science-fiction... pas si fiction que ça.

Tenter de prédire à quoi ressemblera le futur est un exercice qui semble voué à l’échec, tant il existe de paramètres et d’inconnues à prendre en compte dans l’équation. Suivant la théorie du verre à moitié vide ou à moitié plein, la vision oscille généralement entre un monde riant, empli de gadgets (on attend toujours les voitures volantes qu’on nous promettait jadis à l’an 2000! ) ou carrément apocalyptique, façon « Mad Max ».

Reste qu’à l’heure actuelle, c’est bien souvent le pessimisme qui semble avoir la cote. Et pour cause, les défis auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée sont nombreux: réchauffement climatique, diminution des ressources, pic énergétique, surpopulation, mise en péril de la sécurité alimentaire, pollution... Certains voient en ces problématiques une véritable mise en péril du genre humain.

« Et pourtant, il faut avoir foi dans l’Homme », explique, à contre-pied, Brice le Blévennec, Chief Visionnary Officer pour la société Emakina Group, agence spécialisée dans les technologies high-tech. Avec l’aide d’une cinquantaine de consultants, l’homme s’est récemment lancé dans un passage en revue rigoureux des dernières innovations, des projets en cours et des grandes tendances de la recherche pour brosser le tableau d’un futur possible... et optimiste! Il en a tiré un livre, Vision d’un monde meilleur. « Attention, l’idée n’est pas de faire de la « science-fiction bullshit  » déconnectée de la réalité. Mais le fait est que, quand on y regarde de plus près, on constate qu’il existe des dizaines de solutions sur lesquelles investiguer pour régler les problèmes auxquels nous sommes ou nous seront confrontés. Certaines relèvent encore de la fiction, même s’il s’agit d’une fiction plausible, mais d’autres technologies sont presque au point ou en phase d’essai. »

L’Homme à toujours dû trouver des astuces pour régler des problèmes.

L’énergie illimitée

Et de citer l’exemple d’une solution à la crise énergétique, qui se fait tout doucement sentir. « Dans les années 60, des ingénieurs ont planché sur des réacteurs nucléaires au thorium, un élément beaucoup plus abondant dans la croûte terrestre que l’uranium, explique Brice le Blévennec. Un tel réacteur ne produit pratiquement pas de déchets, et ceux-ci ne restent pas radioactifs très longtemps. Comme cette technologie ne permettait pas d’obtenir des armes nucléaires, contrairement à l’uranium, elle a été mise de côté pendant la Guerre Froide. On en reparle aujourd’hui, et elle est prometteuse. » A terme, dans une trentaine d’années, cette technologie devrait permettre la création de mini-centrales nucléaires, de la taille d’une grosse caravane, produisant une énergie abondante et sans danger pour les entreprises.

D’autres pistes sont possibles en parallèle, telles que celle de l’hydrogène, elle aussi non polluante, qui pourrait permettre aux maisons d’être indépendantes énergétiquement. Finalement, l’énergie deviendrait tout aussi abondante que peu coûteuse...

L'Hyperloop, le train hyper rapide à sustentation magnétique.
L’Hyperloop, le train hyper rapide à sustentation magnétique.© getty images

Le supermarché du futur

Heureusement, car, dans la trentaine de scénarios épinglés par le Chief visionnary officer et son équipe, la plupart des solutions aux grands défis futurs passent par des technologies résolument énergivores. Impossible de toutes les passer en revue dans cet article, mieux vaut se cantonner à un sujet qui parlera à tout le monde: le contenu de nos assiettes.

Selon les projections des Nations-Unies, puisque la croissance démographique ne devrait s’infléchir qu’aux environs de 2045, il faudra trouver de nouvelles sources alimentaires pour remplir près de 11 milliards de ventres en 2050... La solution passera par la consommation généralisée d’insectes transformés (les larves de mouche noire font, paraît-il, d’excellentes glaces), de viande cultivée en bioréacteur, de céréales encore peu consommées aujourd’hui et génétiquement modifiées. Adieu le riz, très producteur de méthane, bonjour les pois bambaras! Pour les repas de la semaine, plus la peine de devoir s’échiner à cuisiner – cette activité ne sera plus qu’un loisir, un bon moment à passer en couple ou en famille: au quotidien, des applications de santé connectées, via des implants ou nos vêtements, calculeront précisément nos besoins nutritifs pour créer des substituts de repas intégralement adaptés à notre corps. Elles ne manqueront par ailleurs pas de suggérer une liste des commissions, en fonction de notre profil, de nos goûts et du contenu du réfrigérateur.

Quand on y regarde de plus près, il existe des dizaines de solutions pour régler les défis auxquels nous sommes confrontés » Brice le Blévennec Chief Visionnary Officer pour la société Emakina Group.

Dans ce scénario, les supermarchés ne disparaîtront pas, mais deviendront des centres de divertissement en plus de lieux d’achats: des lunettes de réalité augmentée ajouteront des animations et de petits personnages dynamiques dans les rayons. L’intelligence artificielle (IA) limitera les risques de rupture de stock ou proposera toujours une alternative en cas de produit manquant. « Là comme ailleurs, l’IA sera partout, mais pas de panique: elle ne restera jamais qu’un outil, l’homme restant toujours le chef d’orchestre. J’en suis convaincu: la machine ne dépassera jamais l’humain. »

Le réassortiment et les tâches ingrates se faisant automatiquement, ou presque, le personnel pourra être constitué d’experts conseillant le client ou faisant des démonstrations culinaires, par exemple. Les clients bénéficieront donc de conseils personnalisés, pourront toujours sentir et goûter la marchandise. Pas besoin, par contre, de faire la file en caisse, de sortir son portefeuille, ou de pousser un lourd caddie: les achats seront débités automatiquement, par reconnaissance faciale, et pourront être livrés à domicile dans la journée s’ils ne sont pas urgents. Quant aux clients qui voudraient taper la causette avec la caissière, ils pourront tailler une bavette avec des caissiers-robots humanoïdes. Délirant? Pas tellement... La plupart de ces technologies existent d’ores et déjà, même si elles ne sont pour l’instant cantonnées qu’à quelques magasins-pilotes.

Les disciples de l’apocalypse

Tout le monde ne partage pas l’optimisme des fanas de technologie. À l’opposé du spectre, certains envisagent même un effondrement de la civilisation industrielle à relativement court terme. Ce courant de pensée porte un nom: la collapsologie. Si elle se base sur des données vérifiables et inquiétantes, il est à noter qu’elle se teinte désormais d’un fort courant apocalyptique et défaitiste. Et si, comme souvent, la vérité s’avérait plus nuancée, ni toute rose, ni toute noire, entre difficultés et opportunités? L’avenir nous le dira...

Un pari sur l’avenir

Le retour à la maison, lui se fera via navette-taxi autonome – presque plus personne n’aura de voiture individuelle. Pour les voyages à plus longue distance, le train à sustentation magnétique et l’avion sans hublots (mais beaucoup plus rapide, et tapissé d’écrans permettant une vision à 360° du paysage) permettront d’économiser de précieuses heures, tout en polluant moins. Et en cas de vertige, les biocapteurs présents dans les vêtements ne manqueront pas de diffuser une musique apaisante et individualisée, spécialement composée en fonction de nos paramètres personnels. Bref... tout ira pour le mieux. Mais n’y aurait-il pas là un excès d’optimisme?

« Je ne crois pas, répond Brice le Blévennec. Rien n’est inventé dans tout ce qui est décrit ici, tout est sourcé dans mon livre. Je n’ai pas l’impression qu’on soit dans l’utopie: on peut résolument se diriger vers cela, même si certaines choses sont encore lointaines. Le problème, c’est qu’avec l’état d’esprit actuel, beaucoup voient la fin du monde, la catastrophe en ligne de mire. Or, vous vous dirigez nécessairement vers là où vous regardez. Leurs prophéties catastrophistes sont quelque part auto-réalisatrices. À l’opposé, si vous envisagez une solution, vous allez emprunter ce chemin. De tout temps, l’Homme a dû trouver des astuces pour régler les problèmes qu’il a le plus souvent lui-même créés. Et quand vous voyez comment nous vivons par rapport à il y a deux mille ans, ou même deux cent ans, il ne s’en est finalement pas si mal sorti... »

Avant d’ajouter, goguenard: « En fait, quelque part, ce que je fais ici, c’est une version moderne du pari de Pascal: rien ne me prouve que j’ai raison, mais je fais le pari que le monde sera meilleur demain. Si je suis dans le bon, j’ai tout à y gagner. Si j’ai tort, et que ce sont les collapsologues qui sont dans le vrai, tout le monde aura perdu. »

Visions d'un monde meilleur, Brice Le Blévennec, éditions Racine
Visions d’un monde meilleur, Brice Le Blévennec, éditions Racine

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