Anne Vanderdonckt

Edito: ‘C’est quoi encore le mot de passe ?’

Anne Vanderdonckt
Anne Vanderdonckt Directrice de la rédaction

Beaucoup de réactions à la suite du dossier du mois dernier sur la succession numérique, qui a manifestement donné à réfléchir. Car beaucoup nous ont confié avoir, du coup, recensé leurs mots de passe (mdp) dans un petit carnet secret. En vue de leur succession ? Pas en première instance...

Car il suffit de tomber malade et de devoir confier ses affaires à ses proches pour que l’absence de mdp vire au cauchemar organisationnel. Exemple : avez-vous déjà essayé de commander des vignettes de mutuelle pour quelqu’un qui n’est pas vous en 2017 ? J’ai testé. Mon oncle, désorienté par une anesthésie, ne se souvient plus de ses mots de passe. Tant pis, même si je n’ai plus fait cela depuis des années, je vais procéder à l’ancienne et empoigne mon téléphone.  » Bonjour, si vous parlez français tapez 1, etc.  » Rien sur la commande de vignettes. Une musique d’attente. D’attente. D’attente. Une voix me demande de donner mon numéro de registre national, on me retéléphonera. Flûte ! Sur le site de la mutuelle, le mot clé  » vignette  » renvoie inexorablement à  » guichet en ligne « . Tant pis (re), je vais inscrire mon oncle au guichet en ligne. J’entre ses données, on m’avise qu’il dispose déjà d’un compte. Chouette ! Son mdp ? Euh ? Je vais le réinitialiser, c’est facile, on m’en enverra un nouveau par mail. Sauf que, c’est logique !, le nouveau mdp file non pas dans ma boîte mail, mais dans la sienne. A laquelle je n’ai pas accès, car pas de mot de passe. Pareil pour la banque, où s’amoncèlent les factures dans zoomit. Pareil pour les sms qui arrivent sur un smartphone verrouillé, etc. Bien sûr, nous sommes au final arrivés à (presque) tout résoudre, mais au prix de quels énervements. D’où l’utilité de laisser un carnet de mots de passe (sauf pour les comptes bancaires) pour le cas où...

Evidemment, la première condition à cela est de soi-même se souvenir de ses mots de passe. On nous a enseigné d’en créer de pas trop évidents, de jouer avec les majuscules et signes spéciaux, de ne pas utiliser les mêmes partout, de les modifier de temps en temps et de ne pas les inscrire. Dès lors, on vous conseille de créer des mdp que vous pourrez retrouver par un moyen mnémotechnique. Sur le moment, c’est évident : mon chien était un boxer. Je remplace le O par un 5 et le E par un 8, j’ajoute un #, je double la première lettre par une majuscule : Bb5x8r# Voilà un beau mdp que je risque de ne pas oublier lorsque je revisiterai cette boutique en ligne. Ça, c’est ce dont je suis persuadée le soir où je le crée (rires). La fois suivante, et plusieurs mdp créés entretemps : je partais de quoi encore ? Ma fleur préférée ? Le prénom de la femme de mon frère ? Et puis il y a les mots de passe utilisés pour des sites que vous avez enregistrés, et donc oubliés. Ce qui n’est pas grave... jusqu’au moment où votre ordi passe sans préavis l’arme à gauche. A épingler encore, les rois du stress : ceux qui vous éjectent à la troisième erreur (cartes de crédit, par ex.).

Des mots de passe et autres codes, aujourd’hui, il y en a pour tout et partout. Comme sur le cadenas de la grosse valise que vous n’avez plus utilisée depuis l’été dernier et dont vous avez inscrit le mdp sur un papier qui se trouve dans la commode du living... Vous, vous trouvez dans une chambre d’hôtel madrilène. 1234...2234...3234...4234... Vous ne vous souveniez plus qu’il pouvait faire aussi chaud en Espagne !

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