Plecotus Austriacus, une chauve-souris que l'on retrouve en Belgique. © Marc Paquay

Coronavirus : Doit-on se méfier de nos chauves-souris ?

Une espèce de chauve-souris asiatique est, très probablement, à l’origine la crise sanitaire qui frappe la planète. Qu’en est-il des chiroptères de nos régions ? Peuvent-ils nous transmettre le COVID-19 ? D’autres maladies ?

Depuis la nuit des temps, ces créatures surprenantes ont inspiré des mythes et des légendes et souffrent – à tort – d’une mauvaise réputation. L’apparition du nouveau coronavirus ne redore évidemment pas leur image ! En effet, un virus ressemblant au SARS-CoV-2qui provoque le COVID-19,a été retrouvé chez certaines espèces de chauves-souris du sud-ouest de la Chine. Le mammifère volant l’aurait transmis à un hôte intermédiaire qu’on présume être le pangolin, sur un marché d’animaux sauvages, à Wuhan. L’animal aurait, à son tour, transmis le virus à l’homme. La suite, on la connaît hélas...

Des espèces inoffensives

Dans le monde, on recense plus d’un millier d’espèces de chauves-souris dont une vingtaine ont été observées en Belgique. On peut donc légitimement se poser la question de savoir si elles sont porteuses du nouveau coronavirus... « D’une part, l’espèce incriminée dans la transmission du SARS-CoV-2 (Rhinolophus affinis) n’est pas présente en Belgique et, d’autre part, les scientifiques n’ont, à ce jour, pas trouvé le virus de cette maladie chez les chauves-souris de nos régions », rassurent les expertsde Plecotus, le pôle chauves-souris de l’association Natagora. La majorité des animaux à sang chaud qui nous entourent sont, en revanche, porteurs d’autres types de coronavirus inoffensifs pour l’homme. C’est le cas des animaux sauvages comme la chauve-souris mais aussi des animaux domestiques comme le chat, le cochon ou les poules.

Une seule zoonose

La seule zoonose (maladie transmissible de l’animal à l’homme) associée aux chauves-souris en Belgique est le lyssavirus, proche de la rage classique qui affecte principalement les chiens et les renards, précise Plecotus. Un diagnostic de lyssavirus a été confirmé, en 2016, chez une chauve-souris (Eptesicus serotinus) à Bertrix et un deuxième cas détecté, en 2017, à Etalle, chez la même espèce. Il est probable que ce virus circule chez certaines autres espèces de chauves-souris indigènes en Belgique car des cas sont détectés dans nos pays voisins. Mais il ne se transmet que par morsure, griffure ou mise en contact de salive du petit mammifère avec une muqueuse. « Il n’y a aucun risque si vous ne manipulez pas les chauves-souris à mains nues, il faut en effet une morsure à sang pour qu’un risque de transmission existe! », insistent les experts. Soulignons qu’aucune Pipistrelle commune – l’espèce de loin la plus courante en Belgique – n’a été déclarée porteuse de ce virus en Europe.

Sans danger pour nos animaux

Farouches, les chauves-souris évitent les contacts avec les humains et leurs compagnons poilus ! Dès lors, les seuls moments où ces créatures mystérieuses sont susceptibles d’entrer en contact avec un animal domestique sont le crépuscule et l’aube, lorsqu’elles quittent ou rentrent dans leur gîte : elles peuvent voler près du sol et donc être plus facilement attrapées. Aucun cas de contamination d’un animal de compagnie par une chauve-souris n’a été recensé en Belgique. Toutefois, deux cas de transmission de la rage au chat ont été observés en France. « Il n’y a pas d’autres maladies transmissibles aux animaux de compagnie connues liées aux chauves-souris en Belgique », indique le groupe de travail.

Un rôle écologique

Détruire les chauves-souris n’éliminerait certainement pas les coronavirus, surtout que de nombreuses autres espèces animales en hébergent et transportent ! Pire, supprimer ces mammifères volants aurait des conséquences catastrophiques d’un point de vue écologique, préviennent les experts. « Les chauves-souris à travers le monde jouent un rôle écologique majeur, dans la pollinisation d’espèces végétales, la dispersion de nombreuses graines des fruits dont elles se nourrissent et surtout pour la régularisation des populations d’insectes y compris les moustiques porteurs de maladies comme le Zika, la dengue et le paludisme. » Et de conclure que c’est notamment en fermant les marchés d’espèces sauvages et en cessant d’empiéter sur les écosystèmes naturels que l’homme pourra protéger sa propre espèce des effets les plus nocifs des pandémies...

Pas d’inquiétude donc si vous apercevez des chauves-souris voler dans votre jardin. Au contraire, c’est bon signe! Ces créatures fabuleuses sont, en effet, indicatrices d’un environnement sain: elles ont besoin de gîtes, d’eau propre pour s’abreuver et de beaucoup d’insectes à manger (non, bien sûr qu’elles ne sucent pas le sang!). L’observation de chauves-souris indique dès lors que vous habitez dans un endroit propice à une belle part de vie sauvage!

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