Big bisous

Avant, c’était simple. On embrassait les membres de sa famille (  » Et ne t’essuie pas la joue quand tante Marthe t’as fait la bise! « ). Point. Aux autres, on donnait la main ( » la belle main « ).

Il y avait bien des règles – qui tend la main le premier, etc. – mais tout cela était codifié par un très rigide savoir vivre auquel il suffisait de se référer en cas de doute.

En 2015, saluer exige un savoir social, nulle part coulé dans un mode d’emploi, qui, niveau complications, n’a rien à envier à l’étiquette de cour du temps du Roi Soleil. J’embrasse, j’embrasse pas ? D’abord, il convient de savoir qui on embrasse. Bien comprendre que cela n’a rien à voir avec le fait d’apprécier la personne ou pas. Et puis, combien de bises. Avec papouilles ou sans. Un mic mac pas possible qui fait que plus souvent qu’à son tour on se retrouve tout bête. Quand on tend la main à quelqu’un qui tend la joue, ou le contraire. Quand on bise une deuxième joue et que l’autre, qui n’en attendait qu’une, s’est déjà reculé. Quand on rencontre des amis sur le trottoir, qu’on les embrasse tous et... euh... on salue comment la souriante personne inconnue qui les accompagne ? Quand, dans un groupe, on embrasse tout le monde, que fait-on du collègue qu’on n’embrasse jamais ?

Omniprésent, le bisou se glisse aussi en signature de nos e-mails et autres sms. Je t’embrasse. Bises. Bisous. Bizz. XXX.

Le bisou est entré dans l’entreprise. A l’école: les enfants embrassent leur instituteur ou institutrice qu’ils appellent Mademoiselle Martine, alors que nous, on se perdait en conjectures sur le prénom de Madame

Dupont. Dans la sphère des loisirs.

Cette culture du bisou à tout va pourrait faire croire à un anthropologue du XXVe siècle que nous vivons une époque de fabuleuse douceur. Comment expliquer alors le succès des bars à câlins platoniques, sorte de boutiques où la tendresse est tarifée (1 dollar la minute !) ? Je sais, je sais, cela reste pour le moment cantonné aux Etats-Unis et au Japon, mais quand même. Effleurer distraitement une joue (une fois, deux fois ou trois fois) ne signifie pas avoir un vrai contact. Combien de personnes ne sont plus touchées, prises dans les bras ? Notamment les personnes âgées. Alors, lorsqu’on embrasse, embrassons vraiment, chaleureusement.

Mais nous voilà au Nouvel An, période de haut bisoutage, s’il en est. Ce qui me permet de vous embrasser trois fois sur les deux joues en vous souhaitant plein de bonheur !

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