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Bénévolat: aider les autres, ça rend heureux!

Un coup de main, une oreille bienveillante ou de la compagnie. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous engager dans la voie du bénévolat. Avec, à la clé, le bonheur assuré !

Il suffit de taper le mot « bénévolat » sur Google pour voir apparaître un nombre incroyable de propositions. « C’est vrai, confirme Eva Hambach, directrice d’une association active depuis quarante ans dans le soutien des bénévoles. Avant, on associait surtout le bénévolat au secteur des soins mais c’est loin d’être aussi limité. Le profil des bénévoles a changé. Dans le passé, beaucoup s’engageaient dans une association jusqu’à leur pension et l’engagement se transmettait souvent d’une génération à l’autre. C’est moins le cas aujourd’hui. On subit, dans le cadre professionnel, une pression qui n’a jamais été aussi forte, si bien qu’il est devenu très difficile de mener de front vie professionnelle, familiale et bénévolat. Beaucoup de gens offrent leur aide mais pour une courte période. On s’engage moins sur la durée et on précise le nombre d’heures qu’on peut libérer. Parfois, on ne s’engage que sur un événement particulier. On attend de voir l’effet du recul de l’âge de la pension sur cet engagement. Aujourd’hui, la majorité des bénévoles ont 50 ans et plus, mais proportionnellement nous voyons au moins autant de jeunes qui s’engagent. On remarque aussi que les bénévoles restent actifs jusqu’à un âge avancé. Je trouve important que les associations offrent aux bénévoles plus âgés des tâches qui leur conviennent, pour qu’ils puissent continuer. Pour éviter des situations pénibles, il faudrait pouvoir en parler ouvertement. »

Le bon déclic

Ceux qui font du bénévolat en retirent des bénéfices au niveau émotionnel. « On existe aux yeux de quelqu’un, on élargit son réseau et on engrange une expérience. » Selon une enquête internationale, les bénévoles sont globalement moins stressés, vivent plus sainement et se sentent davantage reliés aux autres. « A ceux qui souhaitent se lancer, je conseille de choisir un domaine qui leur convient et une activité à laquelle ils s’adonneront avec plaisir. Il faut se poser la question suivante : qu’ai-je envie que cela m’apporte ? Ai-je envie de développer des contacts sociaux, d’apprendre quelque chose ou d’aider les gens ? Il faut que le courant passe avec l’association choisie. Osez formuler clairement vos atouts, le temps que vous pouvez consacrer au bénévolat, etc. C’est en effet une erreur de s’engager pour une cause si le bénévolat ne vous plaît pas. On trouve sur internet des tests qui aident à cibler quel genre de bénévole vous êtes. Vous pouvez aussi vous inspirer des banques de données proposant des postes bénévoles. Il faut savoir qu’en matière de bénévolat tout est possible. Nombre d’associations ciblent désormais les tâches à attribuer, au lieu de les distribuer au petit bonheur la chance. Cela augmente le taux de réussite. »

Frans Martens, 60 ans, dresse des chiots, futurs chiens d’aveugles

Bénévolat: aider les autres, ça rend heureux!
© Wim Kempenaers

« Ce qu’un jeune chien apprend et expérimente de 8 à 2 semaines reste gravé dans son comportement futur. Un bon apprentissage précoce permet donc de poser de bonnes bases pour l’avenir. » Depuis sept ans et avec un indéfectible enthousiasme, Frans Martens élève des chiots à ce moment crucial de leur vie. « Cette passion – je ne peux franchement pas parler d’un travail – m’a permis de concrétiser un rêve. Voici quelques années, j’ai été impressionné par les dons incroyables des chiens d’aveugles et j’ai eu envie d’aider à les dresser. Mais c’est quasiment un job à plein temps ! Quand on s’occupe de jeunes chiots, les journées sont intenses. J’ai dû attendre d’être pensionné pour trouver le temps. »

Depuis, Frans a déjà élevé 8 chiots. « Je leur apprends tout : de la propreté aux bruits de la vie quotidienne, du contact avec les enfants et avec d’autres chiens à la façon de réagir dans la foule... L’idée, c’est qu’ils puissent, plus tard, réagir comme il faut. Ils deviendront les yeux et les oreilles de leur maître non-voyant. J’emmène les chiots partout pour les socialiser. Quand ils ont atteint l’âge de 14 mois, une fois leur apprentissage terminé, je reste en contact téléphonique avec le centre qui les prend en charge pour leur véritable instruction. J’ai toujours du mal à me séparer des chiots, et eux de moi, mais cela fait partie de l’apprentissage. Dans la vie, on ne possède personne. Idem quand les enfants quittent la maison : on espère que tout va bien se passer.

Pour ne pas déstabiliser les chiens, je n’ai pas le droit d’aller les voir – du moins dans un premier temps. Mais les gens du centre de dressage restent à l’écoute. Par la suite, lorsque le chien a trouvé son maître, je peux aller le voir si je le souhaite. Cette activité bénévole a considérablement élargi mon horizon. J’ai découvert le monde des non-voyants, je me suis fait des amis dans tout le pays et j’offre une meilleure vie à ces jeunes chiens. C’est extrêmement gratifiant. »

Ingrid Verdonck, 67 ans, aide des familles en difficulté

Bénévolat: aider les autres, ça rend heureux!
© Wim Kempenaers

« Une fois pensionnée – j’étais professeur de sciences sociales – j’ai voulu adopter un mode de vie plus « lent ». Mais au bout d’un an, j’avais envie de plus d’action », raconte Ingrid Verdonck, active dans un grand nombre d’associations. Au sein de l’asbl Domo (aide aux familles avec jeunes enfants), Ingrid s’occupe aussi bien des dossiers financiers ou administratifs que des tâches de coordination ou de l’accompagnement des mères célibataires pendant leur grossesse. Chez Domo, j’ai trouvé l’engagement social qui me convient. Le bureau est situé près de chez moi et, tout en aidant les autres, je continue à apprendre et à me former. C’est très motivant.

En tant que bénévole, je me rends en amie au domicile de personnes en difficulté. Ce sont souvent des familles sans aucun réseau. Nous ne forçons rien mais nous offrons une présence, une écoute, nous jouons avec les enfants, nous informons les parents quant aux possibilités de bons culturels et de réductions pour les stages... Nous mettons l’accent sur les talents des parents et des enfants, en espérant les voir s’épanouir. On agit aussi de manière préventive en aidant les familles dès la naissance d’un enfant. J’ai ainsi été en contact avec une Africaine qui attendait une enfant. Finalement, c’est moi, sa seule connaissance, qui ai assisté à son accouchement et pris le bébé dans mes bras à sa naissance. Un moment inoubliable, qu’on ne vit même pas avec ses petits-enfants.

Emotionnellement, je reçois beaucoup en retour et je découvre des cultures différentes. Nous sommes parfois confrontés à des choix compliqués. Par exemple, quand il faut, dans l’urgence, déterminer jusqu’où notre engagement peut empiéter sur notre vie privée. Mais, dans ces cas-là, on peut toujours s’appuyer sur notre coach ou nos collègues bénévoles. J’apporte ma pierre à l’édifice et cela me donne beaucoup de satisfaction. Voir des parents reprendre confiance en eux, découvrir qu’ils peuvent s’occuper autrement de leurs enfants ou aller les voir disputer un match de sport. Quand cela se produit, je ne vous dis pas à quel point cela m’émeut. »

Joelle (*) rend visite aux détenus isolés

Tout a commencé par une petite annonce pour des bénévoles acceptant de rendre visite à des détenus qui n’en recevaient aucune, explique Joëlle qui, depuis douze ans, passe chaque semaine sa pause de midi au parloir d’une prison. Je travaille dans un tout autre secteur mais le monde judiciaire m’a toujours attirée. Depuis que j’ai commencé, j’ai déjà rendu visite régulièrement à 32 détenus. En général, le courant passe vite et bien. Nous parlons très peu des crimes qu’ils ont commis. Il m’est arrivé de rencontrer des cas lourds, mais je ne pose jamais de jugement. Pour moi, tout le monde est égal.

Je reste en général une heure auprès du détenu. J’écoute. La plupart des hommes à qui je rends visite travaillent au sein de la prison. J’essaie de les motiver à poursuivre cet effort, afin qu’ils puissent dédommager leur victime. Ils apprécient mes visites et savent que je reviens tous les quinze jours, ce qui permet de nouer un lien. En même temps, je veille à garder mes distances. C’est la règle d’or : ne jamais évoquer de sujets privés ou échanger ses coordonnées. Chaque fois que je retourne au travail, je mets le bouton sur off. Ce qui se passe derrière les portes de la prison relève d’un autre univers.

Ces visites sont pour moi une détente, elles m’apportent de l’énergie et beaucoup de satisfaction. Dommage que je ne puisse que très peu parler de mon activité bénévole avec d’autres gens... Je bute très vite sur des préjugés ou des réactions négatives. Je veille à rester très discrète quant aux victimes. A côté de cela, deux autres missions me tiennent à coeur. Je m’occupe d’adultes handicapés et je tiens compagnie à des personnes âgées qui vivent en maison de repos et n’ont pas de famille. »

* Joëlle a demandé à conserver l’anonymat

André Gaublomme, 70 ans, coache des entrepreneurs

Bénévolat: aider les autres, ça rend heureux!
© Wim Kempenaers

« J’ai travaillé au service gestion du personnel d’une grande banque pendant des années. Pensionné, j’ai voulu faire profiter les autres de mon expérience. Je me suis donc adressé à une association qui avance des fonds à ceux qui ont envie de concrétiser un projet qui, pour toutes sortes de raisons, a été refusé par une banque classique. Une fois leur dossier accepté, j’entre en scène : je suis une sorte de coach, de mentor. Je réfléchis avec l’entrepreneur, je le mets en garde contre d’éventuels pièges mais je ne tiens pas la comptabilité, ou quoi que ce soit d’autre, à sa place.

Ce travail bénévole m’amène dans les endroits les plus variés, à la rencontre de toutes sortes de gens et de projets. Cela va de la friterie au toilettage pour chiens, du bar à ongles au studio de photo. Je n’ai en général aucune connaissance dans le domaine d’activité en question mais j’aide la personne à gérer le volet administratif, à faire un pronostic réaliste et je donne des conseils commerciaux. Certains candidats ont beaucoup de talent et de créativité mais ne savent pas les concrétiser. Je me souviens d’un photographe, expert dans son domaine et membre d’un club sportif, qui ne disait à personne ce qu’il faisait. Pas évident quand on cherche des clients. On doit parfois aussi faire comprendre à la personne qu’il n’existe pas de débouchés pour tel ou tel produit.

Le coaching exige une confiance mutuelle : je ne peux aider la personne que si elle joue cartes sur table et m’autorise à régler toutes les difficultés qui peuvent se présenter. Dans 80% des cas cela se passe super bien. Après la prise de contact, je peux déjà me faire une idée. Ce travail bénévole m’apporte énormément au plan intellectuel. Grâce à ces missions très variées, je me tiens au courant des tendances. Je prends chaque projet à coeur, sans être stressé, mais il va de soi que cela me fait très plaisir quand je peux contribuer, un tant soit peu, à la concrétisation d’un rêve. »

Du 4 au 12/3, la semaine annuelle du bénévolat donne un coup de projecteur bienvenu sur ces travailleurs de l’ombre. www.levolontariat.be, www.yaquasengager.org, pour toutes les petites annonces : www.guidesocial.be

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