Intrusive, envahissante, jalouse, possessive, surprotectrice, angoissée, étouffante... Brrr, ça en fait quand même beaucoup pour une belle-maman qui, paradoxalement, porte un aussi beau titre ! Nous avons demandé à Diane Drory, psychologue et psychanalyste, de nous éclairer sur la nature du lien si complexe et délicat qui unit, et désunit, une belle-mère et sa belle-fille. Elle nous fait remonter le temps jusqu'à un mode organisationnel dont on s'inspire encore de nos jours. " Pendant des milliers d'années, la femme a assumé la charge vitale de maintenir le feu allumé, raconte-t-elle. C'est de là que vient l'expression " femme au foyer ". Chaque foyer est porteur de particularités, d'habitudes et de valeurs qui se transmettent principalement de femme à femme, plus précisément de mère à fille. Quand elle se marie, une fille amène souvent l'homme dans sa famille et sa tradition. Elle reste généralement proche de sa mère et s'en inspire davantage que de sa belle-mère. "
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Intrusive, envahissante, jalouse, possessive, surprotectrice, angoissée, étouffante... Brrr, ça en fait quand même beaucoup pour une belle-maman qui, paradoxalement, porte un aussi beau titre ! Nous avons demandé à Diane Drory, psychologue et psychanalyste, de nous éclairer sur la nature du lien si complexe et délicat qui unit, et désunit, une belle-mère et sa belle-fille. Elle nous fait remonter le temps jusqu'à un mode organisationnel dont on s'inspire encore de nos jours. " Pendant des milliers d'années, la femme a assumé la charge vitale de maintenir le feu allumé, raconte-t-elle. C'est de là que vient l'expression " femme au foyer ". Chaque foyer est porteur de particularités, d'habitudes et de valeurs qui se transmettent principalement de femme à femme, plus précisément de mère à fille. Quand elle se marie, une fille amène souvent l'homme dans sa famille et sa tradition. Elle reste généralement proche de sa mère et s'en inspire davantage que de sa belle-mère. "Il est donc vivement déconseillé aux mères de vouloir à tout prix transmettre leurs valeurs et habitudes à leur fils et à sa compagne. " Le comportement d'une belle-mère qui veut imposer sa manière de voir les choses à une belle-fille qui n'en veut pas est perçu, à juste titre, par celle-ci comme terriblement intrusif. " Avec pour effet immédiat de voir germer et grandir une graine de rivalité entre les deux femmes dont tous les proches, enfants y compris, risquent de subir les dégâts collatéraux. Et face à la crainte toute maternelle que disparaisse le lien mère-fils lorsque celui-ci quitte le nid d'origine, Diane Drory est sans appel : " Le lien mère-fils ne peut pas être un lien de possession, prévient-elle. Ça doit être un lien de nature à rendre la mère heureuse de savoir que son fils a trouvé l'élue de son coeur. "Une belle-mère, débordante de gentillesse, qui s'immisce et impose ses idées avec les meilleures intentions du monde, c'est courant et... infernal ! " Il faut comprendre qu'une belle-mère qui débarque à tout moment sans prévenir, qui est sans cesse derrière son fils, lui téléphone souvent, explique comment éduquer les enfants et passe son temps à critiquer sa belle-fille, c'est extrêmement désagréable pour elle, et cela met son fils dans une situation particulièrement difficile. Dans un tel contexte, les tensions sont inévitables. "Comment dépasser cet antagonisme très féminin ? " Tout est dans la grandeur d'âme, rassure Diane Drory. Il est primordial que chacun(e) reste à sa place tout en cultivant le respect de l'autre. Une belle-mère doit avoir suffisamment de finesse pour se tenir à distance tout en étant ouverte et présente à la famille de son fils, pour se taire et donner son avis seulement si on le lui demande. L'aide apportée par les beaux-parents n'est pas une prise de pouvoir et doit faire l'objet d'accords très clairs. L'approbation de la belle-fille est bien sûr indispensable. "Le fils peut-il jouer le rôle de faiseur de paix ? " Absolument, nous répond Diane Drory. Pour y parvenir, le fils doit être ferme et clair envers sa mère, lui demander de respecter sa femme si nécessaire, mettre des limites à sa mère si elle est intrusive, ne pas la laisser devenir indispensable... "Par chance, les gênes du père sont généralement moins porteurs de l'envie de se mêler du couple formé par sa progéniture. Aussi peut-il profiter de cette grâce pour tenter de tempérer les ardeurs belliqueuses de sa femme. " Il peut essayer de calmer le jeu, d'aider sa femme à se déshabituer de vérifier si les chemises du fils sont bien repassées, reprisées, s'il mange bien, ne manque de rien. Le beaupère doit pouvoir oser dire à sa femme de laisser les jeunes adultes tranquilles parce qu'ils doivent apprendre, prendre leurs responsabilités, trouver leurs marques ". Et pour cela, faire leurs erreurs...Quoi de mieux que de profiter du départ des enfants pour s'occuper de sa femme, s'investir beaucoup plus dans la vie de couple ? " Il est important que le beau-père soit un peu le moteur, conclut Diane Drory. C'est l'occasion pour lui de sortir de son fauteuil et d'inviter sa femme à faire de nouveaux projets. " Et lui susurrer à l'oreille : " Maintenant qu'on est tous les deux, si l'on pensait un peu à nous, un peu à nous... ", comme le chante si joliment Sardou dans " Les vieux mariés ".