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90% des plus de 50 ans sondés ne se sentent « chez eux » que s’ils sont propriétaires

Vous êtes tout simplement heureux chez vous et, de toutes, la pièce que vous préférez est le salon ou la cuisine (ouverte). Côté fantasme, vous rêvez d’une maison avec vue sur mer ou de la dolce vita dans un pays du sud.

80% se disent très heureux chez eux

Vous êtes un peu plus de 8 sur 10 à vous déclarer très satisfaits de votre habitation. Mieux : près de 90 % des sondés affirment se sentir bien chez eux. Plus on est jeune, plus on reconnaît qu’il y aurait des améliorations à apporter à son home sweet home, mais il faudrait que cette maison – neuve ou rénovée – soit à la hauteur des attentes : les 50 – 60 ans estiment à 7,9/10 leur note de satisfaction, et à 8,5/10 pour les 60 +. Plusieurs facteurs contribuent au fait de se sentir bien chez soi. Les plus cités ? Etre propriétaire de son logement, avoir des voisins sympathiques, bénéficier d’un environnement agréable et d’une réelle sensation d’espace chez soi.

La décoration et l’aménagement comptent aussi, mais dans une moindre mesure.  » De toutes les enquêtes menées, il ressort que le Belge se sent vraiment bien chez lui et, surtout, qu’il espère pouvoir y rester le plus longtemps possible, confirme Hilde Heynen, professeur de Théorie de l’architecture à la KUL. Nous remarquons toutefois un revirement. On ne considère plus forcément son chez-soi comme une maison qu’on construit vers l’âge de 30 ans et où on passera toute sa vie. Aujourd’hui, on se voit plutôt vivre dans une succession de logements susceptibles de changer en fonction de l’âge et des besoins. « 

La cuisine, espace de communication

Les espaces les plus importants de la maison sont à vos yeux les pièces de vie.  » A savoir, des pièces qui constituent un mix entre vie privée et vie publique, précise Damien Vanneste, sociologue belge, Maître de conférence à l’Université catholique de Lille. En d’autres termes, ce sont les pièces dans lesquelles on reçoit les invités mais aussi où on on vit et se rencontre. Cette tendance n’a rien d’étonnant et s’explique par le fait que la communication au sein du foyer, notamment entre membres du couple, entre parents et enfants, est bien plus développée aujourd’hui qu’elle ne l’était auparavant ; elle est même au coeur du fonctionnement familial « .

On remarque ainsi une évolution du rôle de la cuisine : cette pièce fermée dévolue à la préparation des repas devient de plus en plus un espace de vie central, et s’ouvre sur le living ou la salle à manger.  » Son importance est plus grande chez les 50-60 ans que chez les 60+, pointe Damien Vanneste. Au fil des générations, la différentiation des tâches genrées s’amenuise : la cuisine est moins un espace réservé à la femme du foyer, elle est fréquentée par tout le monde et gagne en importance...  » Reste que, si la cuisine est de plus en plus considérée comme un espace mixte, dans la pratique, c’est encore surtout la femme qui y officie !

La génération baby-boom n’a pas été élevée comme cela, mais peut-être commence-t-elle aussi à se poser la question – une fois les enfants partis de la maison – de savoir si le bonheur consiste vraiment à passer le restant de ses jours dans une grande maison familiale construite en-dehors du centre-ville. Cela explique peutêtre pourquoi les 50-60 ans avouent être un tout petit peu moins satisfaits de leur logement.

90% ne se sentent  » chez eux  » que s’ils sont propriétaires

 » Cela ne m’étonne pas du tout, assure Hilde Heynen, professeur de Théorie de l’architecture à la KUL. Les chiffres de la pauvreté coïncident souvent avec le fait de ne pas posséder son habitation. Une fois qu’on a remboursé son logement, on dispose de plus de budget par rapport à ceux qui doivent payer un loyer. Dans les villes où on construit beaucoup de bâtiments neufs, on constate que ce sont surtout les 50 + qui achètent des appartements. Ils ont revendu leur villa hors de la ville et ont les moyens de s’offrir un appartement bien situé. Pourtant, souvent, cela ne suffit pas. Car quand on a vécu dans une grande maison, on veut vivre dans un appartement de deux chambres minimum. Il n’est pas facile d’accepter de vivre dans un logement nettement plus petit. « 

90% des plus de 50 ans sondés ne se sentent
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60% ont besoin d’un lieu où s’isoler

Plus de la moitié des sondés tiennent à avoir un lieu où ils peuvent s’isoler. Les néerlandophones disent en avoir plus besoin (68 %) que les francophones (54 %). Et plus on est instruit, plus c’est le cas (68 % des universitaires contre 55 % de ceux qui ont un diplôme de l’enseignement secondaire).  » Cela dépend de la possibilité d’aménager une pièce à cet effet. Quand on vit dans un petit appartement, par exemple, ce n’est pas possible, et on n’y songe même pas. Mais les gens qui sont habitués à avoir une pièce rien qu’à eux auront du mal à s’en passer. Si c’est votre cas et que vous comptez emménager dans un logement plus exigu, pensez-y. Dans un appartement deux chambres, par exemple, chacun pourra s’aménager un espace personnel. « 

98% accordent de l’importance à l’espace et à la lumière

Le quartier, les voisins la décoration et l’aménagement des pièces jouent un rôle dans le fait de se sentir heureux chez soi. Mais ce qui compte plus que tout, c’est l’espace et la lumière naturelle.  » C’est assez surprenant, réagit Hilde Heynen. Les maisons construites avant la Seconde Guerre mondiale avaient de très petites fenêtres pour éviter les déperditions de chaleur. Puis l’architecture moderne a valorisé les larges baies vitrées et les pièces ouvertes. Il faut croire que la population a très vite embrayé sur cette tendance, car dans les années 60-70, c’était encore le style fermette qui était en vogue, avec ses plafonds bas et ses petites fenêtres. « 

Familles du Nord, familles du Sud

Dans les différents chapitres de notre sondage, les différences entre lecteurs francophones et néerlandophones ne sont souvent pas flagrantes. Néanmoins, pour Damien Vanneste, certaines réponses laissent entrevoir des tendances variant légèrement de part et d’autre de la frontière linguistique : les francophones auraient une conception de la famille plus  » latine « , plus sentimentale et collectiviste, que les néerlandophones, plus individualistes et en ce sens plus proches des conceptions anglo-saxonnes/germaniques.  » Je ne dis pas que les conceptions de la famille sont opposées au nord et au sud, nuance le sociologue. On parle ici de tendances : dans les réponses aux questions qui touchent aux liens familiaux, la différence entre francophones et néerlandophones atteint parfois l’ordre de 10 %. « 

Les francophones sont ainsi plus nombreux à se transmettre des meubles de famille (70,9%) que les néerlandophones (58,1%).  » On pourrait supposer qu’il y a là des raisons économiques, mais vu le grand nombre de propriétaires dans vos répondants, l’argument ne tient pas : la raison d’être de cette conservation est très probablement une histoire de transmission familiale.  » Les francophones sont aussi plus nombreux à avoir gardé en l’état la chambre d’un enfant parti, et accordent moins d’importance au fait d’avoir un espace rien que pour eux (54 % trouvent cela important, contre 68,1 % de néerlandophones).

74% mettent à profit les anciennes chambres d’enfants

Lorsque les enfants quittent le nid, les chambres libérées ne restent pas longtemps vides. Vous en faites le plus souvent une chambre d’amis (supplémentaire) (41 %), un bureau (19 %), un atelier (16 %) ou tout autre chose, par ex. un sauna (17 %). A noter que les plus jeunes d’entre vous ont tendance à laisser davantage la chambre telle quelle (31 % des 50-60 ans contre 24 % des 60 +). Sans doute avez-vous besoin de laisser passer un peu de temps avant d’oser imprimer votre marque sur la chambre qui fut celle de votre fils ou votre fille. Hilde Heynen :  » Il ressort d’une vaste enquête menée auprès de ceux dont les enfants ont quitté le nid que les chambres libérées trouvent un nouvel usage, mais qu’on y fait rarement de grands travaux. Les couples s’en servent pour faire chambre à part, pour y mettre un vélo d’appartement ou un autre appareil de gym, comme buanderie avec la planche à repasser ou comme chambre d’étudiant, etc. Mais on hésite à faire un grand chambardement, sans doute parce que les parents se disent : mon enfant est susceptible de revenir de temps à autre dormir à la maison. Même si telle n’est pas l’intention du jeune devenu adulte. A l’inverse, les enfants apprécient peu de voir leur chambre modifiée tout de suite après leur départ. Ils veulent pouvoir se dire qu’ils sont libres de revenir y loger au besoin. « 

65% ont chez eux un meuble ou un objet de famille

Plus on est âgé, plus on a de chance d’avoir chez soi un meuble hérité de ses parents ou de ses grands-parents : une armoire (38 %), un tableau (29 %) ou une horloge ancienne (18 %). Et ceci ne s’explique pas seulement parce que, arrivé à un certain âge, on n’a plus ses parents et que le partage des biens a été fait.  » Depuis l’apparition des grandes chaînes de déco, comme Ikea, rares sont ceux qui achètent du mobilier durable pour le transmettre à ses enfants, analyse Hilde Heynen. Avant, il n’était pas rare de recevoir en cadeau de mariage un ensemble de mobilier en chêne massif – style Malines – qui se transmettait à la génération suivante. Après la Seconde Guerre mondiale, les meubles sont devenus des biens de consommation comme les autres : quand ils sont usés ou cassés, on rachète du neuf. Ce qui se transmet encore, c’est le design haut de gamme, par exemple un fauteuil Eames ou un canapé Le Corbusier. Mais les meubles en chêne de nos parents, nous n’en voulons plus ! Par contre, on trouvera tout de même de la place pour une ou deux belles pièces anciennes, dont on estime qu’elles en valent la peine.

Hilde Heynen, prof.de théorie de l'architecture.
Hilde Heynen, prof.de théorie de l’architecture.© ROB STEVENS

Aujourd’hui, on mixe les styles. On peut ainsi acheter son salon chez Ikea et y associer une armoire ancienne. C’est même considéré comme le summum du bon goût. « 

Même si 36 % des répondants possédant des meubles de famille affirment connaître plus ou moins leur valeur, en règle générale, ces estimations sont en décalage total avec la réalité. D’où, parfois, de fameuses déconvenues lorsqu’il s’agit de mettre ce mobilier en vente !

 » Les meubles typiques de la seconde moitié du XIXe ou du tout début XXe, ne valent presque plus rien, explique Christian Herickx, antiquaire et vide-maison. Une salle à manger complète de ce type se vendait autrefois 50.000 francs mais c’est à peine si on retire 10 ou 20 ? par pièce actuellement. Et le constat est partout pareil, que ce soit dans un petit magasin de village ou chez un grand antiquaire des Marolles ! « 

Reste de rares cas où l’estimation familiale s’avère inférieure à la valeur réelle du bien.  » Le style nordique, Scandinave des années 60, est par exemple très recherché : j’ai déjà vu un bureau pour lequel je n’aurais pas donné 50?, partir à plus de 2.000?. Les meubles qui ont une valeur actuellement étaient surtout prisés par les citadins branchés de l’après-guerre : dans les villages et les campagnes, on n’en trouve pratiquement jamais. « 

Où préféreriez-vous vivre ?

  1. A la côte (belge ou étrangère) 25%
  2. Dans un petit village, une petite commune 18%
  3. Au soleil (Espagne, Italie) 17%
  4. Je n’y ai jamais pensé / pas de villégiature rêvée 16%
  5. A la campagne 13%

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