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3 grands pièges à la rénovation

Envie de vous inspirer des constructions neuves pour rénover votre maison? Attention : certains choix pertinents pour le neuf ne le sont pas dans le cadre d’une maison ancienne !

1. Une isolation preformante, mais incomplète

Dans une construction moderne, l’isolation est optimale : elle constitue une enveloppe continue, englobant toute la maison.  » Un tel exercice est beaucoup plus complexe dans le cadre d’une rénovation, assure Eric Cloes, architecte et rédacteur en chef du magazine  » Je vais construire & rénover « . Il est parfois impossible d’isoler la maison par l’extérieur (pour des raisons urbanistiques ou par manque de place) et il est assez compliqué de relier les différents isolants via une isolation intérieure.  » Si obtenir de bonnes performances reste envisageable, cela nécessite des travaux qui peuvent être onéreux.

Histoire d’étaler la dépense dans le temps, la plupart des gens qui rénovent préfèrent procéder par étapes.  » Ils isolent leur toit avec des matériaux hyper-isolants, puis quelque temps plus tard les fenêtres, les façades, les sols...  » Bien souvent, le processus n’est pas mené à terme: pour des raisons budgétaires ou parce qu’on s’est entre-temps installé dans la maison, il devient compliqué de rehausser les sols, de rajouter des doublages intérieurs... Problème: une isolation incomplète perd beaucoup en efficacité et entraîne facilement des problèmes d’humidité.  » L’exemple classique est celui du triple vitrage installé dans une maison mal isolée, illustre l’architecte. Les murs sont plus froids que les fenêtres et l’humidité va s’y condenser, avec des moisissures à la clé. « 

Pour éviter cette déconvenue, une seule solution : mener une réflexion globale sur l’isolation dès le départ et l’adapter à son budget.  » Il vaut mieux une isolation complète et cohérente, mais moins performante que dans une construction neuve, que de se retrouver avec des zones sur-isolées et d’autres qui ne le sont pas. « 

2. Une ventilation nécessairement double-flux

Un système de ventilation est indispensable dans une maison bien isolée, mais s’avère aujourd’hui recommandable pour toute habitation. La plupart des constructions neuves proposent une ventilation double flux, dans laquelle l’air extérieur est réchauffé par l’air sortant de la maison. Ce système s’avère assez compliqué et cher à mettre en place dans une construction existante, puisqu’il nécessite un double circuit de circulation d’air, assez encombrant.

Dans le cadre d’une rénovation, il pourrait être plus intéressant de choisir pour une ventilation simple flux (« système C »). « Ce système admet des entrées d’air contrôlées via des aérateurs placés sur les fenêtres, tandis que l’air vicié est évacué par ventilateur via un système de gaines, détaille Eric Cloes. Ce type de ventilation a été décrié autrefois mais il est aujourd’hui très efficace, car il est équipé de capteurs de CO2 et d’humidité, qui permettent de ne pas ventiler plus que nécessaire, tout en garantissant une excellente qualité de l’air.  » L’installation d’aérateurs implique la pose de nouvelles fenêtres mais ne nécessite qu’un seul circuit de gaines, moins gourmand en espace et plus simple à installer dans une maison ancienne. La perte énergétique est de son côté limitée.

3. Un chauffage par le sol et/ou une pompe à chaleur

Opter pour un chauffage par le sol dans une construction ancienne, c’est nécessairement devoir démolir et couler une nouvelle chape, voire rehausser le sol de sa maison. Ce n’est pas toujours possible, ni même recommandable: un tel système n’a de sens que si la maison est correctement et fortement isolée. « Si elle ne l’est pas, le chauffage par le sol n’est absolument pas efficace, met en garde l’architecte-journaliste. Là où les chauffages traditionnels montent à 60-65°C, ce système fonctionne à basse température (30-35°C).  » Insuffisant pour réchauffer des pièces aux murs glacés !

L’intérêt d’une pompe à chaleur est quant à lui directement lié au mode de chauffage choisi.  » Les pompes à chaleur ont un bon rendement, pour autant que la différence de température entre l’extérieur et l’eau du circuit de chauffage ne soit pas trop forte, explique Eric Cloes. Le rendement sera beaucoup plus mauvais s’il faut chauffer des radiateurs à 65°C plutôt qu’un chauffage par le sol à 35°C. « 

Si certains fabricants proposent désormais des pompes à chaleur qui, selon eux, sont suffisamment performantes pour chauffer des radiateurs, cela se traduit dans les faits par une consommation accrue d’électricité et une facture qui augmente en conséquence. « Dans ce cas, la pompe à chaleur est certes plus durable que le recours aux énergies fossiles, mais rappelons que l’électricité est plus chère que le gaz... »

Dans le cas d’une maison chauffée par des radiateurs et à l’isolation imparfaite, le meilleur scénario écologique et économique est donc d’opter pour des installations hybrides, soit des pompes à chaleur complétées par une petite chaudière à mazout/gaz qui, lorsque la température chute, prendra le relais pour chauffer la maison et l’eau à usage domestique.

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