10 idées fausses (ou presque) apprises au cours d’Histoire

Les Gaulois moustachus vivaient dans des villages au milieu de la forêt, les gens étaient sales au Moyen-Âge, Christophe Colomb avait trois caravelles... Et si une grande partie de ce que nous avons appris durant nos cours d’histoire était faux ?

La science historique est en constante évolution : chaque année, de nouveaux documents, de nouvelles traces archéologiques font évoluer notre connaissance du passé. Avec, à la clé, beaucoup de revirements : quantité d’informations autrefois enseignées s’avèrent aujourd’hui inexactes, imprécises ou complètement farfelues. Notre vision du passé est donc parfois complètement tronquée ! Et si nous passions en revue quelques détails de l’histoire appris à l’école, à la lumière des dernières découvertes et interprétations ?

Les hommes préhistoriques allument du feu en percutant deux silex -> Pas si simple !

Lorsque vous étiez enfant, peut-être avez-vous voulu faire du feu à la manière des hommes préhistoriques. D’un air docte, votre professeur vous avait alors appris qu’en percutant deux silex l’un contre l’autre, il était possible d’obtenir des étincelles... et d’allumer un feu. Et, de fait, les deux silex produisent leur lot d’étincelles. Par contre, il est très peu probable que vous ayez su en tirer une bonne flambée crépitante. Pour la bonne et simple raison que les hommes préhistoriques n’utilisaient pas deux silex, mais un silex et une autre pierre bien précise !

Nos ancêtres entrechoquaient en fait leur silex (ou une autre pierre très dure, comme le quartz) contre une pierre riche en sulfure de fer, comme la pyrite. Ce sulfure de fer, en s’arrachant de la pierre, s’oxydait et entrait en incandescence, donnant naissance à de petites étincelles à la durée de vie très courte, mais très exothermique. Pas de quoi embraser directement le bois, mais suffisant pour mettre le feu à un matériau très inflammable, comme un morceau d’amadouvier, un champignon parasite. Restait encore à obtenir une mini braise, à la transmettre à de l’herbe sèche, avant d’enflammer le bois. Bref, faire du feu à l’époque, c’était du boulot !

Les Gaulois vivent dans des petits villages isolés dans la forêt -> Faux !

On imagine souvent la Gaule d’avant la conquête romaine comme une immense forêt impénétrable, si ce n’est par des petits sentiers reliant des villages isolés. C’est oublier le fait que les Gaulois sont des agriculteurs hors pairs : quand César met le pied en Gaule, celle-ci est presque intégralement défrichée et mise en culture. Les Gaulois sont à l’origine de quantité d’innovations technologiques (labour profond, houe, râteau...) qui leur ont permis de créer des champs sur les terrains même les plus ingrats. Seules quelques forêts – comme celle d’Ardenne – demeurent ici et là. D’ailleurs, il est amusant de constater que, selon les recherches les plus récentes, il y a davantage de zones boisées dans nos régions à l’heure actuelle qu’à l’époque gauloise !

Cette agriculture extensive fait que les villages sont rares et les  » villes  » presque inexistantes : l’habitat gaulois, très dispersé, se limite le plus souvent à quelques misérables masures de paysans encadrant une grosse ferme ou une villa aristocratique. Les plus gros villages ne comprennent que quelques dizaines d’habitations, tandis que l’oppidum, qui peut faire penser à un grand centre urbain, n’est utilisé qu’en période de danger, pour mettre paysans, femmes, enfants et vieillards à l’abri.

Enfin, s’il n’existe pas de grandes infrastructures collectives, le réseau routier semble avoir été de bonne qualité. C’est César lui-même qui en donne la meilleure preuve : lors de la Guerre des Gaules, il parvient à faire marcher quotidiennement ses troupes – lourdement chargées – sur des distances de 40 à 70 kilomètres. C’est difficilement imaginable en l’absence de routes dignes de ce nom... Avec leurs chaussées romaines, les Romains n’ont fait qu’améliorer un réseau déjà efficace.

Les Gaulois portent d’impressionnantes moustaches -> Une mode, ça évolue !

C’est un peu le stéréotype du Gaulois, tel qu’on peut notamment le trouver sur la statue d’Ambiorix à Tongres : un guerrier aux longues bacchantes, cheveux au vent, torse nu et épaules couvertes d’une peau de bête. Cette image d’Epinal date du XIXe siècle, quand la France et la Belgique se cherchaient des figures nationales, ancêtres virils portant haut les couleurs de la nation.

Mais ce portrait correspond-il à la réalité ? Diodore de Sicile dit des Gaulois qu’ils  » se rasent la barbe et d’autres la laissent croître modérément, mais les nobles se rasent les joues, et laissent pousser les moustaches, de manière qu’elles leur couvrent la bouche. Aussi arrive-t-il que, lorsqu’ils mangent, les aliments s’y embarrassent, et, lorsqu’ils boivent, la boisson y passe comme à travers un filtre.  » D’autres auteurs antiques parlent de cheveux longs, bien que parfois rasés sur l’arrière du crâne, à la mode germanique.

Pour autant, César ne parle jamais des moustaches gauloises (alors qu’il parle bien de celles des Bretons) et les statues gauloises les plus tardives montrent des visages imberbes, à la chevelure artistiquement arrangée. Conclusion : les chercheurs estiment aujourd’hui que la moustache gauloise, qui n’était arborée que par la noblesse (les  » guerriers « ), a disparu au cours du IIe siècle avant Jésus-Christ. Les Gaulois contemporains de Vercingétorix et d’Ambiorix étaient probablement... complètement glabres et coiffés avec soin.

 » De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves  » -> Pas de quoi pavoiser

Jules César, dans son livre De Bello Gallico ( » La guerre des Gaules « ), commence sa présentation de la Gaule par ces mots :  » Toute la Gaule est divisée en trois parties, dont l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui, dans leur langue, se nomment Celtes, et dans la nôtre, Gaulois « . Il souligne immédiatement que cette Gaule ne forme pas un ensemble uniforme :  » Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les institutions et les lois « .

En réalité, le pays  » Gaule  » n’existe pas sur le plan historique : la Gaule n’a jamais constitué un véritable Etat, et n’a jamais eu de limites géographiques nettes. C’est César lui-même qui en fixera arbitrairement les frontières (le Rhin, la Mer du Nord et l’Océan, les Alpes et les Pyrénées). La sphère d’influence gauloise est beaucoup plus étendue et difficile à délimiter. On retrouve par exemple des Belges en Angleterre ou aux frontières de la Grèce actuelle.

Les Belges gaulois (dont le territoire correspond grosso modo à la Belgique, au nord de la France et à l’Allemagne cisrhénane) semblent en tout cas avoir laissé une forte impression à César, puisqu’il ajoute :  » De tous les peuples [de la Gaule], les Belges sont les plus braves « . Mais il faut remettre cette citation dans son contexte : César explique que cette bravoure est due au fait que les Belges ne connaissent ni la politesse, ni rien d’autre de la civilisation romaine, et qu’aucun marchand ne se rend chez eux pour apporter des marchandises de luxe ou de confort qui amollissent le courage. En lisant entre les lignes, on peut donc en conclure qu’aux yeux de César, les Belges sont les plus braves car ils sont les plus rustres, les plus barbares et les moins civilisés de tous les Gaulois...

L’Occident s’affole à l’approche de l’an mil -> Faux !

Souvenez-vous : peu avant l’an 2000, des illuminés – dont le couturier Paco Rabane, qui voyait la station spatiale Mir tomber sur Paris – prédisaient la fin du monde. A en croire les livres scolaires de notre jeunesse, cette psychose aurait eu un précédent : au Moyen-Âge, l’Occident Chrétien a été pris d’une véritable panique, craignant un retour de l’antéchrist aux premiers jours de l’an mil. Des cohortes de flagellants – nus jusqu’à la ceinture et se fouettant le dos – parcouraient alors les campagnes, appelant à l’expiation des péchés. A l’origine de cette peur incontrôlable, on retrouve le livre de l’Apocalypse, dans lequel Jean prédit le retour de Satan mille ans après la venue du Christ :  » Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison. Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre...  » De quoi effrayer les esprits les plus influençables !

Pourtant, il est impossible de trouver la trace d’un affolement général à l’époque. Et pour cause : l’usage du calendrier chrétien est alors encore très peu répandu dans la population. Seuls les chroniqueurs, généralement membres du clergé, l’utilisent pour dater les événements importants. Paysans et gens d’arme ignorent donc en quelle année de l’ère chrétienne ils vivent : l’an 1000 est très probablement passé inaperçu dans la plupart des foyers.

La rumeur d’une  » Grande Peur de l’An Mil  » date en fait du XVIe-XVIIe siècle : les penseurs des Lumières imaginent le Moyen-Âge comme une période d’obscurantisme religieux et de superstitions. En tombant sur quelques rares textes médiévaux annonçant une apocalypse prochaine, ils en ont déduit que la crainte était générale. A tort, visiblement ! Quant aux flagellants, ils ne feront leur apparition qu’à l’occasion de la Grande Peste Noire, au XIVe siècle.

Au Moyen-Âge, les gens ne se lavent pas -> Faux !

Le Moyen-Âge a longtemps été décrit comme une période peu ragoûtante : encore aujourd’hui, on l’imagine peuplé de chevaliers barbares et assoiffés de sang, de bourreaux experts dans l’art de la torture, de gens crasseux et nauséabonds... Sur ce dernier point, on sait désormais que l’hygiène corporelle n’était pas si catastrophique, loin de là. Le Moyen-Âge est même globalement bien plus propre que la Renaissance !

Pour s’en rendre compte, il suffit de faire référence à l’une des plus vieilles allées de Bruxelles : la rue de l’étuve. Elle tire son nom des nombreux établissements de bains qu’on y retrouve à l’époque médiévale. Il est alors de bon ton de s’y rendre régulièrement pour se laver – c’est d’ailleurs un pourboire souvent offert aux domestiques ou aux artisans. Les étuves se composent principalement de bains de vapeur et de grandes cuves en bois remplies d’eau. On y reste de longues heures, on y mange, on y boit et on y dort même parfois, dans des lits mis à disposition des clients ! Bien sûr, pas question de fréquenter ces bains tous les jours : au quotidien, on se contente de se laver à l’eau claire les parties visibles du corps, à savoir le visage et les mains.

La fréquentation des bains et le nettoyage à l’eau disparaissent peu à peu à partir du XVIe siècle. Les médecins de la Renaissance estiment en effet que l’eau, en pénétrant les pores de la peau, apporte des maladies ; le clergé voit pour sa part d’un mauvais oeil les bains où la fréquentation des cuves est mixte... et où il n’est pas rare de se retrouver nu avec des personnes du sexe opposé ! Dès lors, petit à petit, on en vient à se contenter de toilettes sèches : on frotte la crasse de son corps avec des linges blancs et secs, avant de mettre un peu de parfum et basta ! Bonjour l’odeur...

Christophe Colomb traverse l’Atlantique avec trois caravelles -> il n’y en avait que deux !

Ne nous méprenons pas : Christophe Colomb découvre bien le Nouveau Monde en 1492 grâce à trois navires. Parmi ceux-ci, les deux plus petits sont effectivement des caravelles, de petits bateaux très robustes, qui combinent hauts bords et faible tirant d’eau, voiles latines et fond plat. Bref, il s’agit d’esquifs parfaits pour l’exploration, capables à la fois de tenir la haute mer et de s’approcher des côtes. Le navire amiral, passé à la postérité sous le nom de Santa Maria, n’a par contre rien de la caravelle. Il s’agit d’une caraque, un navire médiéval arrondi et lourd, bien moins maniable. Christophe Colomb n’a d’ailleurs que peu d’estime pour cet esquif, qu’il dédaigne ouvertement et qui finira par s’échouer sur un banc de corail dans les Caraïbes.

Si, dans les cours d’histoire devotre adolescence, vous avez dû retenir le nom de ces navires – Santa Maria, Niña et Pinta -, sachez que vous vous êtes fait du mal pour rien. Niña ( » La Petite « ) et Pinta ( » La Maquillée « ) sont des surnoms donnés aux bateaux par l’équipage. En réalité, leurs noms sont bien plus classiques et religieux : La Santa Anna et La Santa Clara. Quant à la Santa Maria, impossible de connaître sa réelle identité : Christophe Colomb la déteste tellement qu’il n’en donne jamais le nom, ni dans son journal de bord, ni dans ses mémoires.

Léonard de Vinci écrit à l’envers pour que personne ne puisse lire ses textes -> Faux !

Quel génial inventeur, quel artiste prolifique, ce Léonard ! Tout le monde a en tête son dessin de l’Homme de Vitruve, ses prototypes d’avion, de char d’assaut ou encore d’hélicoptère... Mais, pour célèbre qu’il soit, l’Italien a su garder sa part de mystères et de légendes. L’une d’elle, parfois encore enseignée à l’école, raconte que Léonard écrivait à l’envers dans ses codex, afin de ne pouvoir être lu ou copié. N’en déplaise aux amateurs du Da Vinci Code ou des théories du complot, c’est tout à fait faux.

Certes, il suffit de se pencher sur une page écrite par Léonard pour se rendre compte que son écriture est illisible. Un examen plus attentif prouve que Léonard écrit effectivement à l’envers,  » en miroir « , de la droite vers la gauche : sous sa plume, le mot cavallo devient ainsi ollavac. Mais il ne faut pas y voir là une volonté de dissimulation : en réalité, Léonard est gaucher et souffre d’un trouble de la graphie baptisé  » écriture spéculaire « , souvent synonyme d’une pathologie du système nerveux central.

Il est possible de corriger ce trouble durant l’enfance, mais ce n’a pas été le cas pour l’inventeur italien : fils illégitime d’un notaire toscan, il est avant tout autodidacte et n’a pas bénéficié d’une instruction littéraire poussée. A l’âge adulte, Léonard est néanmoins capable d’écrire normalement, au prix de quelques difficultés. Pour ses documents personnels, comme ses codex, il garde l’écriture inversée, par facilité.

New York, anciennement Nieuw-Amsterdam, est fondée par les Hollandais -> ... et grâce aux Wallons !

Au XVIIe siècle, les Pays-Bas tentent d’établir des colonies en Amérique du Nord, sur un territoire qui s’étend jusqu’aux actuels Etats de Virginie et de Nouvelle-Angleterre : la  » Nouvelle-Nérlande « . Les colons remontent alors l’Hudson et délaissent la côte, afin de s’enfoncer dans les forêts giboyeuses et riches en fourrures. L’île de Manhattan, futur centre historique de New-York, reste longtemps inoccupée. Mais vers 1623, une trentaine de familles protestantes wallonnes, réfugiées aux Pays-Bas à cause de leur religion, décident de s’établir dans le Nouveau-Monde. Parmi elles, dix-huit colons s’installent alors à Manhattan.

Quelques années plus tard, Pierre Minuit, issu d’une famille de protestants tournaisiens réfugiée aux Pays-Bas (où elle néerlandisera son nom en Minnewit), négocie le rachat de l’entièreté de l’île aux indiens Manhatte. Il entame alors la construction d’un fort au sud de Manhattan, qui deviendra Fort-Amsterdam et qui, en se développant, deviendra ensuite Nieuw-Amsterdam, puis New York (en 1164, à l’issue de la guerre anglo-néerlandaise).

Si, du temps de la Nouvelle-Nérlande, la langue officielle sur l’île était bien évidemment le néerlandais, les Wallons ont laissé quelques traces toponymiques dans la ville actuelle : selon les New-yorkais, Wall Street ne ferait que découler de Waalse straat...

La Belgique accède pour la première fois à l’indépendance en 1830 -> Faux !

Il n’aura pas fallu attendre que la Muette de Portici résonne au Théâtre de la Monnaie en 1830 pour que les Belges montent aux barricades. Entre 1789 et 1790, la majorité du territoire belge connaît un bref épisode d’indépendance sous le nom d’  » Etats Belgique Unis « . Un nom très fortement inspiré des Etats-Unis d’Amérique.

La création de cet Etat éphémère est la conséquence d’une révolte brabançonne en 1787 : hostiles aux réformes lancées par le gouvernement autrichien, qui possède alors les  » Pays-Bas du Sud « , les Brabançons se révoltent et proclament leur indépendance, entraînant avec eux le reste de la Flandre, le Hainaut et Namur. Les territoires de la principauté de Liège ne sont pas directement concernés, mais se lancent eux aussi dans une  » révolution « , avant de créer brièvement une  » République liégeoise « .

Faute de soutien international et suite à des problèmes financiers, les Etats Belgique Unis et la République de Liège ne seront pas aptes à assurer longtemps leur indépendance : dès la fin de 1790, les troupes autrichiennes parviennent à récupérer le pouvoir.

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