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Y a pas d’âge pour les MST !

Les cas d’infections sexuellement transmissibles explosent en Belgique. Un problème qui concerne aussi les 50+!

Ce matin, nous écrit une lectrice de longue date, la presse belge publie un article sur le nombre d’infections sexuellement transmissibles (IST) qui explose en Belgique. Cela m’interpelle fortement car j’en suis témoin personnellement. Libre, je suis à la recherche d’une relation amoureuse durable et suivie. Sans succès car aucun des partenaires potentiels ne voulait avoir d’intimité protégée. Ces hommes de plus de 50 ans sont souvent universitaires, pères et grands-pères, en couple, avec des relations multiples et éphémères. Merci d’alerter sur ce sujet.  » Il est vrai qu’on croit souvent que la nécessité de se protéger diminue avec le temps; les campagnes de sensibilisation sont d’ailleurs exclusivement axées vers les très jeunes adultes.

 » C’est parce qu’ils constituent la principale population à risque, explique le Dr Agnès Libois, responsable de la S clinic et infectiologue au CHU Saint-Pierre. Si on regarde les statistiques sur les infections sexuellement transmissibles, les 50-60+ sont moins représentés, pour tout un tas de raisons. Ils sont plus nombreux à être en couple et à n’avoir qu’un seul partenaire, certains ne sont plus sexuellement actifs... Cela masque le fait que, quel que soit l’âge, un risque existe pour ceux qui ont des partenaires multiples ! « 

La prévalence des IST a fort augmenté ces dernières années et toutes les générations sont concernées. Pour 2016 (derniers chiffres disponibles), Sciensano, l’institut belge de Santé publique, a ainsi dénombré plus de 600 nouveaux cas diagnostiqués de chlamydia, de gonorrhée et/ou de syphilis chez les plus de 50 ans.

DÉPISTER ET DÉDRAMATISER

La liste des centres de dépistage en Wallonie et à Bruxelles est disponible sur le site depistage. be. Pour le VIH, il existe aussi une thérapie d’urgence et une prophylaxie préexposition.

Face à un refus du préservatif, demandez pourquoi et dédramatisez la pose. En cas de non catégorique, on reste libre de refuser la relation.

COMPLICATIONS POSSIBLES

Le danger est d’autant plus insidieux que de nombreux porteurs peuvent transmettre virus et bactéries sans savoir qu’ils sont eux-mêmes atteints.  » On préfère d’ailleurs parler d’infection sexuellement transmissible (IST) plutôt que de maladie, poursuit la spécialiste. Une IST peut être asymptomatique : on peut être porteur toute sa vie sans symptômes ou en avoir qui n’apparaissent que très tardivement. »

A l’exception du VIH, la plupart des IST se guérissent facilement grâce aux antibiotiques, mais il convient de rester prudent.  » Certaines infections à gonocoques deviennent résistantes et peuvent aller jusqu’à une infection plus sévère de l’appareil gynécologique. Une syphilis qui n’est pas traitée à temps peut avoir des complications très graves, au niveau cardiaque ou neurologique. Ce sont des cas rares, mais ils existent. « 

Si, pour le VIH, le risque de contamination varie suivant le type de rapport, les autres IST se transmettent très facilement.  » Une fellation suffit « , précise le Dr Libois. Il est donc très important de se protéger avec un préservatif ou, à défaut, de se faire dépister après chaque rapport à risque.  » Il existe des centres de dépistage [voir encadré] mais la plupart des infections ne sont détectables qu’après plusieurs semaines ! « 

BLOCAGES PHYSIQUES OU PSYCHIQUES

Reste à comprendre pourquoi, malgré le risque encouru, la capote n’a pas la cote chez les hommes de plus de 50 ans.  » Le préservatif est avant tout vu comme un moyen contraceptif, et ce problème ne se pose évidemment plus passé un certain âge, suppute Morgane Xhon-neux, sexologue et chercheuse à l’UCLouvain. Il y a par contre plus de fluctuation érectile: mettre un préservatif peut s’avérer stressant, pas très agréable, ce qui peut favoriser l’angoisse que ça ne fonctionne pas très bien... « 

A cela, il faut ajouter des considérations générationnelles: les 60+ ont généralement entamé leur vie sexuelle avant les années sida.  » Comme le disait un patient de 70ans, à l’époque, on ne se prenait pas la tête : on faisait l’amour si on en avait envie ; l’arrivée du sida a amené un vent de peur sur la sexualité « . Et pour peu qu’on ait eu une relation très stable pendant ces décennies troublées, avant de se remettre à  » papillonner « , le préservatif n’a rien d’un réflexe ! Il y a enfin l’impression que toutes ces maladies concernent les  » autres  » et qu’on n’y sera jamais confronté...

LES IST ET LEURS SYMPTOMES

Chlamydia et gonorrhée: douleurs en urinant, douleurs au bas-ventre, écoulements génitaux anormaux, inconfort lors de rapports sexuels.

Syphilis: au stade 1, ulcères non douloureux sur les parties génitales, l’anus, la bouche...

Herpès: lésions douloureuses et ulcères au niveau génital/anal, parfois fièvre.

VIH: fatigue extrême, perte de poids inexpliquée, diarrhée, ganglions, fièvre... lors de la primoinfection.

Trichomonas: changement de la texture et de l’odeur des pertes vaginales, démangeaisons, douleurs en urinant, sensation de brûlure. Généralement asymptomatique chez les hommes.

HPV: verrues, irritations au niveau génital, démangeaisons.

Rappel: une IST peut être asymptomatique !

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