© iStock

Vivre avec la dépression : « Redonner un sens à ma vie a été d’une grande aide »

Dépression majeure. Tel a été le diagnostic de Els, au bord du gouffre après une série d’événements violents survenus vers l’âge de 18 ans.

« À cette époque, on m’a dit que je ne pourrais peut-être jamais avoir d’enfants, en raison d’une maladie héréditaire. Même avec la FIV, c’était quasiment exclu. Bien que je sois encore jeune, je savais que j’avais envie d’avoir des enfants. Mes espoirs anéantis par cette annonce, le coup a été rude. Peu de temps auparavant, j’avais également perdu un très bon ami dans un accident de voiture alors que nous nous rendions ensemble à l’école. Un autre ami avait fait une tentative de suicide et j’avais moi-même été victime d’un viol. La nouvelle de mon infertilité est venue s’ajouter à tout cela et s’est avérée être une goutte de trop. Avec le recul, il semble logique que j’aie perdu complètement pieds après un tel traumatisme, mais à l’époque, je n’avais aucune idée de ce qui m’arrivait. »

Désir de mort

Els a fini par se retrouver dans un service SPHG (service psychiatrique d’un hôpital général), mais le psychiâtre en charge de son dossier ne comprenait pas d’où venait le problème. « Au départ, ils ont attribué ma dépression à une crise de puberté tardive, ce qui n’avait bien sûr aucun sens. Je ressentais alors un très fort désir de mort, mais je ne savais pas d’où venaient ces idées noires. Par conséquent, j’ai commencé à tout remettre en question. Les études ne marchaient plus du tout non plus, même si j’étais en dernière année de latin-mathématiques et que j’avais l’intention d’aller à l’université. La dépression m’a aussi donné d’étranges façons de penser. Par exemple, je voulais toujours vraiment obtenir mon diplôme, mais pour mes parents. Pour les rendre fiers de moi, même après ma mort. Très bizarre quand j’y repense maintenant. J’ai fini par obtenir mon diplôme et par aller à l’université, mais même là, les choses ont commencé à mal tourner à cause de ma dépression. »

Hyperactivité

« Pendant ma dépression, j’ai continué à fonctionner plus ou moins bien. Le truc fou avec moi, c’est que je deviens hyperactive pendant mes épisodes dépressifs. Je suis alors si agitée que je ne peux pas rester au lit et je commence à faire toutes sortes de choses. Il ne faut pas confondre cela avec une manie car je n’étais pas maniaco-dépressive. Mais rester occupée m’a permis de me distraire et de ne plus être confrontée à mon mal-être intérieur. Mon agitation, bien sûr, ne correspondait pas au cliché de la dépression, si bien que les autres et même les spécialistes l’interprétaient souvent mal. Finalement, je dépassais mes limites au point de finir aux urgences. Cela s’est produit plusieurs fois au cours de cette période, sans pour autant qu’on ne comprenne qu’il s’agissait là d’une dépression sous-jacente. »

Il est progressivement apparu à Els que sa vie manquait de sens et que c’est sans doute cela qui était la cause de tous ses symptômes. « Au départ, les travailleurs sociaux se sont surtout attachés à combattre mes symptômes sans que personne ne s’interroge vraiment sur ce qui avait pu m’arriver. Par conséquent, on m’a donné des antidépresseurs, qui ne m’ont pas aidé. Au contraire, ces drogues ont complètement aplati mes émotions, me donnant l’impression de ne rien ressentir du tout. J’ai fini par arrêter de les prendre et après environ deux semaines, j’ai recommencé à me sentir bien. Beaucoup de tristesse et de peur m’ont envahi. Pas tout de suite les choses les plus agréables, mais j’étais surtout heureuse de pouvoir ressentir à nouveau. »

Fertilité

« On n’a pas fait grand-chose pour en trouver la cause jusqu’à ce que je décide de consulter un psychologue qui faisait de la psychanalyse. Cela m’a aidé, contrairement à la plupart des autres formes de thérapie que j’ai essayées. Là, ils ont examiné les causes de mon mal-être, telles que mon infertilité et mon grand désir d’avoir des enfants. En fin de compte, la méthode qui m’a permis de sortir de cette dépression a été de travailler sur ma fécondité. Un travail qui a duré 12 ans et, bien que cela n’ait pas abouti à des enfants, cela m’a permis d’avoir un objectif concret. En redonnant du sens à ma vie, tout en suivant une thérapie traumatique pour m’aider à faire face à mon passé et à ma situation familiale compliquée, ma dépression a fini par disparaître. »

Soulager les personnes sur liste d’attente

Aujourd’hui, Els travaille elle-même dans le domaine de la santé mentale et est une future famille d’accueil. Elle étudie également la psychologie et travaille à un projet visant à apporter un soutien aux personnes figurant sur les listes d’attente des soins de santé mentale. « Entre autres choses, j’enseigne la thérapie par l’écriture, quelque chose qui m’a beaucoup aidé pendant ma dépression. Pendant longtemps, parler n’était pas un langage sûr pour moi. Par conséquent, j’ai commencé à écrire pour décrire mes émotions et à les peindre ».

Contenu partenaire