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Vertiges: comment en venir à bout

Les vertiges peuvent avoir des causes très variées, ce qui explique qu’on mette parfois longtemps avant de pouvoir les traiter. Une nouvelle approche, où le mouvement joue un rôle-clé, change la donne...

Un adulte sur cinq a souffert ou souffrira de vertiges au cours de sa vie, de l’incident isolé au problème chronique. Ils peuvent se manifester de diverses façons: du tournis (sensation de tourner sur soi-même ou de sentir le décor tourner autour de soi) aux jambes en « coton », d’une impression de flottement aux étourdissements et aux nausées, avec ou sans troubles de l’ouïe et de la vue. « Si cela vous arrive, mieux vaut faire un check-up pour en déterminer les causes. Car, si pénibles que soient les vertiges, il est en général tout à fait possible de les traiter », assure le Dr Marc Lammers, médecin ORL au centre spécialisé de l’UZ Antwerpen.

LE SYNDROME DE MÉNIÈRE

La maladie ou syndrome de Ménière est une forme assez rare de crises aiguës de vertiges, souvent associées à des acouphènes, une pression sur l’oreille, voire une perte d’audition. C’est une affection connue de longue date, mais ses causes restent mystérieuses. « Les crises surviennent brutalement et peuvent durer plusieurs heures. Dans les jours qui suivent, on peut avoir des problèmes d’équilibre et se sentir nauséeux. Le centre de l’équilibre est en effet perturbé et doit compenser », analyse le Dr Lammers.

LA SOLUTION. Des médicaments et des exercices sous contrôle médical.

LES INFLAMMATIONS

Une inflammation de l’oreille, du système d’équilibre lui-même ou du nerf auditif peut provoquer de très forts vertiges et/ou nausées. « Vu l’intensité de la crise, les gens se rendent souvent aux urgences. Ce genre de problème peut mettre K.O. pendant des semaines. » L’inflammation résulte parfois d’un simple rhume ou d’une grippe, mais elle peut aussi survenir spontanément.

« Ce type d’inflammation laisse souvent des séquelles au niveau vestibulaire, avec pour conséquence des pertes d’équilibre par la suite. En réponse, le système de l’équilibre, situé dans le cerveau, compense en ordonnant au cerveau de se concentrer davantage sur les informations envoyées par les yeux et les récepteurs situés dans les muscles et les articulations. »

LA SOLUTION. Après la crise aiguë, il est primordial de se lever et de bouger à nouveau sans tarder. C’est la seule façon de « réapprendre » au système d’équilibre à compenser correctement, sans quoi les symptômes risquent de se chroniciser.

LE VERTIGE PAROXYSTIQUE POSITIONNEL

La cause la plus fréquente de vertiges ou de tournis soudain sont des cristaux qui se détachent dans l’oreille interne. C’est ce qu’on appelle le vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB). Il suffit de se lever trop vite ou de tourner la tête au lit pour sentir la pièce tourner autour de soi. On peut aussi avoir le tournis sans bouger la tête, le temps que les cristaux se stabilisent, ce qui prend quelques secondes. Avec l’âge, le risque de VPPB augmente. Parmi les facteurs déclencheurs: les opérations à la tête, un alitement de longue durée ou les traumatismes crâniens post-accident... Le VPPB peut aussi survenir spontanément.

LA SOLUTION. Un traitement chez un spécialiste (ORL) ou chez un kiné vestibulaire peut remettre les cristaux en place. Cela se fait par une série de manipulations lors desquelles le praticien fait bouger la tête dans des directions spécifiques. Deux séances sont parfois nécessaires. On peut aussi apprendre cette technique soi-même, ce qui est pratique si le problème se répète. Dans 40% des cas, en effet, les vertiges reviennent, parfois après plusieurs années. Cette forme de vertiges se traite efficacement mais elle survient de manière imprévisible, ce qui peut être source d’angoisse.

LES VERTIGES CHRONIQUES

De nombreux cas de vertiges chroniques sont, en fait, le résultat d’un manque de compensation du système d’équilibre. Chez certaines personnes, les stimuli visuels prennent le dessus et contrôlent l’équilibre. C’est pourquoi on peut avoir des vertiges en passant devant des rayons hyper colorés au supermarché ou qu’on regarde défiler des images sur sa tablette.

« Ces expériences peuvent être si angoissantes qu’on a peur de sortir de chez soi. L’anxiété elle-même affecte le système d’équilibre sur le plan neurologique, car elle a un effet négatif sur le traitement des informations par le cerveau. Si vous avez des antécédents de troubles anxieux ou de crises de panique, vous êtes plus sujet aux symptômes de vertige. »

LA SOLUTION. A la rééducation du système d’équilibre ( voir plus loin) s’ajoute parfois la prescription d’un psychotrope pour réajuster le traitement des informations par le cerveau. Lorsque certains mécanismes de compensation sont ancrés depuis des années, il faut pouvoir rétablir de nouvelles connexions. Plus les vertiges chroniques sont anciens, plus ils sont difficiles à guérir.

BOUGER, LA BONNE IDÉE!

Depuis quelques années, on sait que bouger est primordial pour traiter la majorité des cas de vertiges. La rééducation vestibulaire (du système d’équilibre) comprend des exercices de posture et des exercices oculaires. « Il est recommandé de faire de l’exercice, même si vous vous avez en permanence l’impression de « flotter », souligne le Dr Lammers. Mais allez-y doucement, avec précaution et, éventuellement, avec une aide extérieure. Si vous avez des vertiges à cause d’une inflammation de l’oreille droite, cette sensation a toute son importance, puisque c’est elle qui indiquera à la zone d’équilibre encore en fonctionnement (de l’autre côté) comment faire pour compenser correctement le problème. Un rétablissement complet n’est pas garanti mais le bénéfice est certain.

Vous pouvez demander de l’aide à un kinésithérapeute, mais si vous êtes familiarisé avec le yoga et le tai-chi, vous pouvez faire les exercices de rééducation seul. Marcher sur un sol irrégulier, par exemple, est un excellent exercice pour mettre le sens de l’équilibre à l’épreuve. »

Monique, 59 ans: c’est comme si j’étais dans une essoreuse!

Un matin de février 2018, en voulant sortir de mon lit, j’ai eu un vertige d’une force inouïe. L’impression de me trouver dans une machine à lessiver essorant à 1600 tours. Impossible de bouger la tête. Le généraliste m’a prescrit de la bétahistine, sans succès. Le temps faisant son oeuvre, les vertiges se sont faits moins violents, mais j’étais toujours incapable de passer une porte sans me cogner aux montants, de m’orienter dans la pénombre, et je marchais comme perpétuellement ivre. J’ai obtenu un rendez-vous chez un kiné vestibulaire qui m’a diagnostiqué des vertiges paroxystiquespositionnels bénins. Miracle, iI a réussi à les faire passer après deux séances d’exercices très particuliers, non douloureux et moins désagréables qu’on ne le dit, qui, en cas de réussite, se soldent par un vertige libératoire. Le lendemain du traitement, on est très fatigué. Ces vertiges sont revenus, mais j’étais moins angoissée puisque je savais de quoi il s’agissait et qu’il y avait une solution. Il me reste néanmoins l’angoisse de savoir que je peux en attraper un n’importe quand au sortir du lit ou chez le coiffeur ou en prenant l’avion.

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