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Vers un dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer

Dans un futur proche, il devrait être possible de dépister précocement les protéines responsables de la maladie d’Alzheimer sur base d’une prise de sang.

La maladie d’Alzheimer couve généralement durant des années dans les circuits neuronaux avant que n’apparaissent les premiers symptômes de démence. Une fois diagnostiquée, elle est irréversible. C’est pourquoi les recherches actuelles sont axées sur un dépistage précoce dans l’espoir de parvenir à empêcher la dégradation définitive des cellules cérébrales.

Détecter les protéines dysfonctionnelles

Au niveau biologique, la maladie d’Alzheimer est détectée par la présence conjointe d’agrégats de protéines bêta- amyloïdes et de protéines Tau dans le cerveau. Deux techniques permettent de dépister l’accumulation de ces protéines. « La ponction lombaire se pratiqué uniquement quand un patient présente des troubles cognitifs, précise Bernard Hanseeuw, professeur de neurologie à l’UCLouvain et neurologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Le pet scanner amyloïde et le pet scanner de la protéine Tau sont, eux, très onéreux et non remboursés par l’Inami. Ils ne sont pratiqués que dans le cadre de programmes de recherche . »

Impossible prévention

« La prévention restera irréalisable tant qu’il faudra attendre l’apparition des premiers symptômes pour prescrire une ponction lombaire au patient, déplore le Pr Hanseeuw. La solution serait de pouvoir réaliser un contrôle de routine assez simple chez le généraliste afin de voir si une personne est à risque ou pas de développer la maladie . »

Depuis 2018, la prise de sang est souvent évoquée comme outil de détection précoce, jusqu’à vingt ans à l’avance... « Des études montrent qu’elle est de plus en plus performante et promet d’être aussi efficace que la ponction lombaire et le pet scanner, s’enthousiasme le neurologue. Certains hôpitaux belges sont en train d’acquérir la première machine (appelée SIMOA) permettant de réaliser ces analyses sanguines, uniquement dans un cadre de recherche, pour commencer. « 

On ne peut malheureusement pas affirmer que la prise de sang pourra prédire l’apparition d’un Alzheimer à l’avance, tempère le neurologue. « De la même manière qu’on ne peut pas affirmer avec certitude que les personnes qui présentent un taux de cholestérol trop élevé feront un infarctus, la présence de plaques amyloïdes met en évidence un risque, mais n’est pas non plus une prédiction absolue.

Actuellement, les suivis se limitent à des périodes de cinq à dix ans. La seule chose que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que parmi les personnes qui avaient des plaques amyloïdes dans le cerveau, sans présenter aucun symptôme cognitif, environ 15 à 20% ont développé une démence d’Alzheimer. Les 80 à 85% restants ne présentent toujours pas de symptôme cinq ans après le pet scanner. On peut supposer que ces personnes développeront une démence d’Alzheimer si on les suit pendant vingt ans, mais sans aucune certitude . »

De nouvelles perspectives

La facilité d’accès à la prise de sang ouvre de nouvelles perspectives. Mais, même s’il existe aujourd’hui des médicaments capables de supprimer les plaques amyloïdes, on ne sait pas vérifier s’ils empêchent l’apparition des symptômes liés à la démence d’Alzheimer. Les bénéfices de ce genre de traitement semblent plutôt limités. Dans un futur proche, la prise de sang permettra de tester l’efficacité clinique des médicaments anti-amyloïdes en prévention. « 

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