Une scoliose traitée avec des tiges de croissance magnétiques

Un enfant souffrant d’une scoliose a, pour la première fois en Belgique, été traité avec des tiges de croissance contrôlées magnétiquement, des magnetic rods. Les tiges sont étirées par commande magnétique et à distance. Cette technique évite au moins cinq opérations à l’enfant.

La scoliose est une déformation de la colonne vertébrale caractérisée par une courbure et une rotation. Un adulte souffrant d’une scoliose sévère peut être traité par chirurgie : des tiges et des vis sont fixées définitivement à la colonne vertébrale. Chez l’enfant, ce type d’opération n’est pas possible puisque sa croissance n’est pas terminée. Les chirurgiens orthopédistes procèdent dès lors avec des tiges de croissance, qui se développent dans la colonne vertébrale. Au cours de l’opération, les tiges sont fixées à la colonneen haut et en bas de la courbure par des crochets et des vis aux deux extrémités de la tige. Cette intervention est répétée tous les six mois pour pouvoir étirer les tiges. De cette manière, l’enfant continue à grandir d’environ un centimètre par opération. C’est une technique éprouvée, mais qui nécessite une intervention sous anesthésie générale tous les six mois.

Une technique moins invasive

Les tiges de croissance magnétiques se fondent sur le même principe, mais elles offrent l’avantage de ne plus avoir recours à la chirurgie, une fois que les tiges ont été posées. L’étirement des tiges ne requièrent aucune intervention puisque celles-ci sont dotées d’un aimant qui est contrôlé à distance. Chaque manipulation fait ainsi gagner deux à trois millimètres de croissance à l’enfant. C’est le Dr Pierre Moens, chirurgien orthopédiste à l’UZ Louvain qui a placé les premières tiges magnétiques chez un jeune patient. Une première en Belgique.  » Nous évitons environ cinq opérations et hospitalisations à l’enfant. Nous pouvons aussi contrôler les tiges après des périodes plus réduites, par exemple après trois ou quatre mois, ce qui suppose moins de pression sur les points d’ancrage, contrairement à une opération classique. La manipulation peut aussi avoir lieu lors d’une consultation normale et elle n’est pas douloureuse. Il y a également moins de risques d’infection pour le patient. Par ailleurs, beaucoup de nos patients avec une scoliose souffrent aussi d’une affection neuromusculaire et sont donc plus sensibles aux anesthésies. Avec cette technique, ils ne doivent pas être endormis. Enfin, l’aspect psychologique n’est pas négligeable : de nombreux patients ont une peur panique de la salle d’opération. Cette angoisse est ici balayée « , explique le spécialiste.

Pas encore de remboursement

Dans les pays voisins, comme la Grande-Bretagne et le Grand-Duché du Luxembourg, la technique des tiges de croissance magnétiques est déjà utilisée depuis plusieurs années.  » Malheureusement, chez nous, elle n’est pas encore remboursée. Nous espérons un changement rapidement « , souligne le Dr Moens.  » Des études économiques portant sur le coût des interventions sur des enfants souffrant d’affections neuromusculaires ont montré que les tiges de croissance magnétiques engendraient moins de dépenses pour la société que cinq opérations et hospitalisations « , ajoute-t-il.

Environ deux pourcents des enfants scolarisés sont atteints d’une scoliose moyenne ou sévère. La plupart d’entre eux sont traités grâce à un corset. Les formes les plus graves de scoliose nécessitent une intervention chirurgicale.

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