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Une dent manque et c’est votre santé bucco-dentaire qui est déréglée

Se balader avec une dent en moins à l’avant de la bouche ? Jamais de la vie ! Nous serions par contre nombreux à être moins pressés de remplacer les dents qui manquent plus loin dans la bouche, là où cela se voit moins...

Et pourtant !  » Lorsqu’une dent vient à manquer, c’est tout l’équilibre de l’arc dentaire qui est rompu « , prévient Geoffrey Lecloux, Chef de clinique dans le Service de parodontologie et chirurgie dentaire du CHU de Liège. Conséquence :  » Les dents postérieures à la zone édentée ont tendance à avancer ou à basculer dans l’espace vide. Avec comme nouvelle conséquence un risque de déchaussement de la dent déplacée.

Ce n’est pas tout :  » La face masticatoire de la dent qui a bougé n’est plus orientée dans le bon axe par rapport à la dent antagoniste. Par ailleurs, la dent antagoniste qui fait face au vide laissé par une dent manquante connaît un phénomène d’égression : la dent du haut descend, celle du bas monte, le but étant de combler le vide. « 

L’occlusion perturbée

La désorganisation dans les rapports entre les dents des deux arcades entraîne à son tour une perturbation de l’occlusion dentaire. Quand tout se passe bien, l’occlusion permet une bonne articulation entre les dents supérieures et inférieures, ainsi que des mouvements harmonieux de la mâchoire inférieure. Mais lorsque l’occlusion est perturbée, ce sont à nouveaux les dents qui risquent d’en prendre un coup.

 » On peut voir apparaître un réflexe de bruxisme, explique le parodontologue. Les dents se mettent à grincer car le corps, qui enregistre une interférence, veut l’éliminer. Inconsciemment, vous faites continuellement grincer la dent qui dépasse pour l’user. Et si elle ne s’use pas, la surcharge de l’occlusion finira par la faire bouger et se déchausser. « 

Les articulations mises à mal

Les faux mouvements des mâchoires risquent aussi de créer des tensions musculaires, avec à la clé des migraines et des douleurs lors de l’ouverture de la bouche.  » Des problèmes au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire peuvent apparaître, analyse Geoffrey Lecloux. Il peut s’agir d’arthrite (inflammation de l’articulation) ou d’une dégradation de l’articulation ou encore d’une luxation du ménisque de l’articulation (marquée par un claquement lors de l’ouverture de la bouche), avec éventuellement comme évolution finale une fibrose et des douleurs pouvant devenir permanentes.

Remplacer une dent ou plusieurs dents

En partant du budget le moins élevé au plus élevé :

  • La prothèse amovible peut remplacer une seule dent et jusqu’à toutes les dents. Elle est totalement en résine ou constituée d’une base métallique (squelettique).
  • La prothèse fixe remplace également une ou plusieurs dents. Elle peut faire un pont entre deux dents, d’où l’appellation  » bridge « .
  • L’implant dentaire est une racine dentaire artificielle, le plus souvent en titane, sur laquelle une dent ou une couronne peuvent être posées. Il est possible de poser un bridge sur des implants.

La fonte de l’os alvéolaire

À côté de ces problèmes d’ordre fonctionnel, il faut également s’attendre à des problèmes structurels.  » L’os des mâchoires est composé d’un os basal (embryologique) et d’un os alvéolaire, explique la spécialiste. Ce dernier, qui apparaît en même temps que l’éruption dentaire, permet de soutenir les dents. Or, suite à une extraction dentaire, l’os alvéolaire s’atrophie doucement, en épaisseur et en hauteur. Il perd en moyenne 50% de son volume dans les trois mois suivant l’extraction. » C’est ainsi qu’on voit des personnes âgées, qui n’ont plus du tout de dents, perdre leur prothèse en mangeant, en dormant, ou en riant, malheureusement.  » Lorsque l’os alvéolaire fond, les mâchoires deviennent de plus en plus plates et, au fils du temps, les prothèses amovibles finissent par ne plus tenir sur les gencives. C’est pourquoi, après une extraction dentaire, des techniques permettent désormais de combler la plaie de l’extraction (l’alvéole) avec des biomatériaux afin de garder le volume osseux, ce qui permettra plus tard de poser plus facilement un implant dentaire. « 

Déformation du visage

Autre phénomène : l’absence de molaires creuse les joues.  » C’est pour cette raison que les femmes à la Cour se faisaient extraire les molaires, au Moyen- Âge « , relate le parodontologue.

Un caprice esthétique lourd de conséquences !  » Sans les dents postérieures sur lesquelles s’appuyer, les mâchoires n’ont pour seul appui que les dents antérieures. Comme ces dents ne sont pas assez fortes pour résister à la pression des muscles masticateurs, elles vont subir un écrasement... et partir en éventail vers l’avant. « 

Enfin, lorsque les deux mâchoires s’écrasent et se rapprochent, il y a une perte de la dimension verticale du visage.  » Concrètement, la partie inférieure du visage s’affaisse, la pointe du nez se rapproche du menton. À l’extrême, quand la bouche est totalement édentée, le nez entre dans la bouche, comme chez Popeye « , avertit le spécialiste !

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