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Une bactérie peut-elle nous aider à perdre du poids ?

Akkermansia municiniphila est le nom de la « bête » découverte il y a plus de dix ans. Les premiers tests durant lesquels cette bactérie a été administrée à l’homme en complément semblent indiquer qu’elle réduit le risque de maladies cardiovasculaires.

La bactérie Akkermansia a été découverte pour la première fois en 2004 par le microbiologiste néerlandais Willem De Vos de l’Université de Wageningen. Avec le professeur belge Patrice Cani (UCL), une société de biotechnologie a été fondée lorsqu’il est apparu que cette bactérie avait des propriétés particulières.

Plusieurs études sur des souris ont clairement indiqué que la bactérie Akkermansia était capable de lutter contre le diabète de type 2 et l’obésité. Une forme pasteurisée de la bactérie s’est avérée encore plus efficace dans ces essais sur les animaux. Lors des tests effectués sur les souris, les chercheurs se sont rendus compte que la bactérie combattait plus efficacement divers facteurs de risque liés aux maladies cardiovasculaires, comme l’obésité, l’hypercholestérolémie ou l’insulinorésistance. Ce qui a également eu un effet positif sur leur santé. Les souris ont notamment retrouvées un poids plus sain. Compte tenu de l’augmentation de l’obésité chez l’homme, cette découverte a rendu la bactérie d’autant plus intéressante.

Placebo

Entre-temps, la première étude limitée sur des personnes a également été menée avec succès. Quelque 32 participants volontaires présentant un risque accru de maladie cardiovasculaire étaient impliqués. Les participants à l’étude avaient tous, soit un problème d’obésité, soit un problème de surpoids, soit un problème de production d’insuline. Pendant trois mois, certains ont reçu un placebo, d’autres une bactérie Akkermansia vivante, et les derniers ont recu une forme pasteurisée (morte) comme complément alimentaire.

Sécurité

Le premier objectif de cette étude était de démontrer que la bactérie pouvait être utilisée de façon sécuritaire et efficace chez les humains. À ce niveau-là, le test s’est bien passé. Les chercheurs ont ensuite examiné dans quelle mesure la bactérie était capable de réduire les facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (c.-à-d. l’obésité, l’insulinorésistance et les taux élevés de cholestérol). Dans le cas des participants qui ingéraient un placebo, ces facteurs de risque n’ont fait qu’empirer au cours de la période d’étude, tandis que dans le cas des groupes qui prenaient l’Akkermansia, les risques ont moins augmenté et dans certains cas ont même diminué. Entre autres, la bactérie a entraîné une légère diminution du poids, une diminution des facteurs inflammatoires et une baisse du taux de cholestérol. « Cela ne signifie pas qu’Akkermansia peut guérir les maladies cardiovasculaires, mais peut-être qu’elle peut réduire les risques « , dit le Professeur De Vos.

Tests de suivi

Les résultats positifs doivent maintenant être confirmés et approfondis par une étude de suivi à grande échelle auprès de la population. Les chercheurs espèrent déjà pouvoir commercialiser la bactérie comme complément alimentaire dans environ deux ans. Il semble qu’Akkermansia sera en mesure d’aider à l’avenir à réduire l’évolution de l’obésité. « Mais ce n’est pas une panacée. L’exercice et une alimentation saine seront toujours importants« , prévient le professeur De Vos.

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