Un rendez-vous chez l'hygiéniste dentaire

Un quart des Belges omet de se rendre chaque année chez le dentiste. Et ce pour toutes sortes de raisons : de la phobie à la trop longue liste d'attente. Depuis juin, les premiers étudiants en hygiène bucco-dentaire ont achevé leurs études. Désormais diplômés, ils peuvent s'acquitter de tâches de dentisterie, mais aussi faire de la prévention." Nous espérons ainsi réduire les temps d'attente chez le dentiste et inciter les gens qui ont peur à consulter ", précise Jasmine Vervoort, professeur et hygiéniste bucco-dentaire (à la Haute École UCLL). Les hygiénistes bucco-dentaires exercent aussi en clinique, en binôme avec les stomatologues (ou chirurgiens maxil-lo-faciaux). On peut aussi faire appel à eux en MRS, dans des écoles et des institutions.Certains soins dentaires peuvent, en effet, être directement pris en charge par un hygiéniste bucco-dentaire, alors que d'autres - comme les plombages - ne sont réalisés que par un dentiste. Les médecins (et dentistes) peuvent confier une série de traitement aux hygiénistes bucco-dentaires, mais le dentiste reste responsable du diagnostic et du suivi du traitement. Le remboursement se fait (pour l'instant) via le dentiste, mais une étude est en cours pour mettre au point un modèle de remboursement en propre." Le coeur de notre tâche consiste à faire de la prévention et à communiquer, précise Jasmine Vervoort. Se brosser correctement les dents peut sembler évident, or il n'en est rien. On nous l'apprend enfant mais, par la suite, plus personne n'est là pour nous guider, alors que les recommandations ont beaucoup évolué. Ce qui explique qu'on observe des routines erronées. L'erreur la plus fréquente consiste à se brosser les dents trop peu longtemps ou trop superficiellement, à frotter trop fort ou à oublier de passer à certains endroits. Difficile de s'en rendre compte soi-même. Nous examinons la façon dont la personne se brosse les dents et corrigeons au besoin, en lui conseillant une gestuelle ou du fil dentaire, l'usage d'une brosse différente ou d'un gratte-langue. Ce coaching individuel, qui permet de tester de nouvelles approches, ouvre bien souvent les yeux. "N'est-ce pas un peu exagéré de se pencher ainsi sur le brossage des dents ? " Absolument pas. La santé globale est directement liée à la santé buccale. Celle-ci impacte diverses affections, allant des rhumatismes à la démence, en passant par les affections cardiovasculaires, le diabète, les maladies pulmonaires, les problèmes d'érection, la grossesse, les troubles gustatifs, etc. Les gens qui souffrent de parodontite courent quatre fois plus de risque d'avoir des rhumatismes. Une parodontite non traitée aggrave le taux de sucre chez les diabétiques. Les bactéries buccales peuvent se retrouver dans les poumons... À partir du moment où l'on n'a plus que vingt dents d'origine - ou moins - on court un risque accru de retard cognitif. "On peut se rendre chez un hygiéniste bucco-dentaire pour faire son contrôle tous les six ou douze mois. Celui-ci va vérifier notamment l'état des gencives, s'assurer qu'il n'y a pas d'inflammation et faire un nettoyage professionnel de la bouche et des dents, y compris retirer la plaque dentaire ou le tartre, et nettoyer les surfaces racinaires. " Pour le traitement de la parodontite (une grave inflammation des gencives, du cément, du ligament alvéolo-dentaire et/ou de l'os alvéolaire), qui nécessite de retirer le tartre sous les gencives, nous travaillons avec le dentiste qui s'occupe de l'anesthésie locale. "Le blanchiment des dents (en cas de taches) peut, lui aussi, être réalisé par un hygiéniste bucco-dentaire. " Mais on ne peut envisager de blanchiment que sur des dents saines et impeccables, sans carie ni inflammation. Il faut que le dentiste donne son feu vert. "