© GETTY IMAGES

Un psy, oui, mais lequel?

Julie Luong

En Belgique, 1 personne sur 3 témoigne d’un mal-être psychologique. Une bonne raison de consulter: encore faut-il savoir choisir son « psy », d’autant que différents métiers se cachent derrière ce diminutif.

Pour choisir un « psy », vous pouvez bien sûr vous renseigner sur ses domaines d’expertise, demander une recommandation à un proche, à votre médecin... Dans tous les cas, vous devez vous sentir en confiance et ne pas hésiter à en changer si le courant ne passe pas. « Certains patients ressentent une obligation de loyauté vis-à-vis de leur psy , explique Aurélie Wagener, psychologue clinicienne et chercheuse à l’ULiège. Quand ils en ont trouvé un, ils pensent qu’ils doivent rester. Il faut pourtant garder à l’esprit qu’il s’agit d’une relation humaine donc si ça n’accroche pas, mieux vaut chercher quelqu’un d’autre . »

Le psychologue clinicien

Il s’agit d’un titre protégé: le psychologue clinicien est détenteur d’un master en sciences psychologiques à finalité clinique. Tous les diplômés en psychologie ne sont donc pas psychologues cliniciens . « On peut consulter un psychologue clinicien à tout moment, de sa propre initiative et sans en avoir parlé à son généraliste », précise Aurélie Wagener. Lorsqu’on vit une situation difficile, qu’on ressent un certain mal-être et/ou que la qualité de vie est altérée, le psychologue clinicien peut apporter une aide ponctuelle ou plus suivie. « Beaucoup de personnes savent aujourd’hui qu’aller voir un psy ne signifie pas qu’on est fou! La démarche s’est démocratisée, même s’il existe parfois un peu plus de réticences chez les anciennes générations, analyse Aurélie. Il n’y a d’ailleurs pas d’âge pour consulter J’ai des personnes qui ont depuis toujours la phobie des araignées ou des hauteurs et qui consultent à 75 ans parce qu’elles ne veulent pas finir leur vie avec cette phobie . »

Les remboursements

  • Une consultation individuelle pour adulte chez un psychologue conventionné dans le cadre de soins de première ligne reviend désormais à 11€ (max. 8 fois par an) et à 2,5€ pour une séance de groupe (max 5 fois par an). Dans le circuit classique, 20 séances individuelles et 12 séances de groupe sont remboursées. La disposition qui permet de s’adresser directement à un psychologue, sans passer par un médecin généraliste donc, est valable jusqu’en 2023, date à laquelle elle sera réévaluée.
  • Le coût d’une séance auprès d’un psychologue clinicien est variable (50€ en moyenne), de même que les conditions de remboursement (en fonction de la mutualité à laquelle on est affilié).
  • Les psychologues conventionnées sont répertoriés sur www.psy107.be

Le psychiatre

Le psychiatre est diplômé en médecine avec une spécialisation en psychiatrie. Contrairement aux psychologues cliniciens, il peut donc prescrire des médicaments en plus de son intervention clinique. « J’explique souvent à mes patients que les médicaments sont comme une sorte de béquille , illustre Aurélie Wagener. Si vous vous êtes cassé la cheville, vous accepterez sans doute de prendre des béquilles dans un premier temps pour réapprendre à marcher. Ce sont des approches complémentaires . » Dans la pratique, il peut arriver qu’un psychologue clinicien oriente son patient vers un psychiatre pour un suivi plus médical. Inversement, certains psychiatres orientent leurs patients vers un psychologue clinicien pour compléter leur démarche.

Le psychothérapeute

Certains psychologues cliniciens se spécialisent dans un courant psychothérapeutique (formation universitaire de troisième cycle): psychodynamique, systémique, cognitivo-comportemental, humaniste... Toutes ces approches ont leurs atouts et chaque psychologue possède ses domaines d’expertises (troubles anxieux et dépressifs, dépendance, stress chronique, douleurs chroniques, problèmes de couple, etc.) « Pour les personnes qui hésitent, il peut être utile de s’adresser à des centres qui rassemblent des psychothérapeutes d’orientations différentes . » Vous serez alors aiguillé selon vos souhaits et besoins. C’est la formule proposée par certains centres universitaires ou par des centres privés comme Psypluriel (Bruxelles ou Liège). A noter qu’aujourd’hui, en Belgique, le titre de psychothérapeute n’est pas protégé.

« Tout le monde peut se dire psychothérapeute: il faut donc être vigilant », note Aurélie Wagener. Sous la dénomination de « psychothérapeute » ou de « coach », on trouve en effet des personnes qui ont suivi des formations diverses mais pas toujours reconnues. Gardez votre esprit critique: si vous ne vous sentez pas libre et en confiance dans cette relation, vous n’êtes probablement pas entre de bonnes mains.

Le psychanalyste

« Culturellement et historiquement, la psychanalyse est perçue comme un champ relativement distinct mais il s’agit en fait d’une spécialisation » , rappelle Aurélie Wagener. Du point de vue de la formation, la plupart des psychanalystes sont soit psychologues cliniciens soit psychiatres: ils choisissent ensuite de se spécialiser dans ce type de psychothérapie dite « psychodynamique », d’inspiration freudienne.

Néanmoins, certains psychanalystes n’ont pas de diplôme en psychologie ou psychiatrie. « Pour devenir psychanalyste, la condition est d’avoir suivi soi-même une analyse », souligne Aurélie Wagener. Cette exigence ou du moins cette recommandation d’avoir suivi soi-même une psychothérapie pour devenir psychothérapeute existe d’ailleurs dans d’autres courants.

Liens utiles:

Contenu partenaire