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Trop de fer dans mon sang

Gerda nous écrit avoir trop de fer dans le sang et devoir se prêter à une saignée toutes les six semaines. Sa question: qu’est-ce que cela implique et quelles pourraient être les conséquences à long terme?

Environ 1 Belge sur 200 présente une prédisposition génétique à l’hémochromatose ou excès de fer mais seul 1 sur 1.000 développe la maladie. « L’hémochromatose est une des affections génétiques les plus courantes mais curieusement, fort peu connue du grand public », analyse le Pr David Cassiman, coordinateur du Centre des maladies métaboliques de l’UZ Louvain.

Un avantage génétique

« Il s’agit davantage d’une mutation génétique que d’une maladie. Les problèmes apparaissent généralement vers 40-50 ans, un peu plus tôt chez les hommes que chez les femmes car les menstruations les protègent un peu jusqu’à la ménopause. L’hémochromatose est une absorption excessive par l’organisme du fer contenu dans l’alimentation. D’un point de vue historique, les personnes présentant cette mutation avaient une meilleure espérance de vie. En cas de famine ou de saignement abondant, elles étaient plus résistantes puisque capables d’absorber une plus grande quantité de fer dans les rares aliments disponibles. »

Des symptômes diffus

L’organisme qui n’arrive pas à éliminer le fer excédentaire le stocke dans les organes (foie, pancréas, coeur, articulations). Son accumulation peut, à terme, provoquer des problèmes tels que le diabète, la cirrhose ou l’arthrose. La surcharge en fer ne provoque pas de douleurs spécifiques mais entraîne une série de symptômes diffus comme de la fatigue, des problèmes articulaires ou des paramètres hépatiques anormaux. D’où la difficulté, autrefois, de poser le bon diagnostic.

« A l’heure actuelle, la plupart des patients sont traités à un stade précoce, se réjouit le Pr Cassiman. Une analyse de sang et un test génétique permettent de confirmer tout soupçon d’hématochromatose. Lorsqu’une maladie génétique est détectée, il faut également tester les membres de la famille au premier degré de manière à entamer un traitement suffisamment tôt ».

Un traitement simple

« Pour diminuer le taux de fer, il suffit de pratiquer une saignée, comme pour un don de sang, précise le Pr Cassiman. Au début, on en fait une, une fois par semaine. Dès que le taux de fer est normalisé, les saignées peuvent être espacées. On peut donner son sang à la Croix Rouge six fois par an, par exemple. La tendance à absorber trop de fer subsiste mais si le traitement est mis en place à temps, avant l’apparition des symptômes, les personnes ayant une hémochromatose ont la même espérance de vie que les autres. »

Il n’est pas nécessaire de suivre un régime pauvre en fer. « Mieux vaut éviter les compléments vitaminés et la vitamine C qui favorise l’absorption de fer en particulier. Les médicaments antiacides, qui réduisent considérablement l’absorption de fer, constituent une alternative valable si la saignée n’est pas possible pour raisons médicales. »

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