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Tout savoir sur les vaccins, piliers de la santé

Les vaccins sauvent de nombreuses vies depuis plus de deux siècles. Et les chercheurs du monde entier planchent actuellement sur un vaccin contre le Covid-19. Mais comment les fabrique-t-on ? Comment agissent-ils sur le système immunitaire ? Lesquels sont obligatoires ?

La vaccination est un des piliers de nos soins de santé, avec un calendrier adapté à toutes les classes d’âge. Passé 50 ans, les besoins ne sont plus les mêmes que pour un bébé ou un adolescent. En effet, à mesure qu’on vieillit, le système immunitaire s’affaiblit...

Il y a plusieurs explications à ce phénomène. A commencer par une baisse des défenses naturelles face aux virus. Les globules blancs ont tendance à diminuer tant en quantité qu’en qualité. Résultat : une moins bonne réponse immunitaire lors de la vaccination. Pour compenser cela, on peut augmenter le dosage des vaccins, utiliser des adjuvants voire modifier les calendriers de vaccination.

Que contient un vaccin ?

Les vaccins nous protègent contre des maladies infectieuses graves, provoquées par des virus ou des bactéries. Parmi elles, citons la polio, la rougeole, la grippe, le tétanos et la coqueluche. « Les vaccins sont composés de parties de ces virus ou bactéries, ou parfois de particules vivantes atténuées. En plus de ces particules actives, les vaccins comprennent des excipients ou des résidus, détaille le professeur Pierre Van Damme, spécialiste des vaccins et épidémiologiste. Ces composants, dont l’aluminium ou le formaldéhyde, ont pu susciter la controverse en raison de leurs effets supposément nocifs. On les a accusés à tort. Au contraire, ces substances boostent le système immunitaire et lui donnent un coup de pouce. Les adjuvants servent aussi à accroître l’efficacité du vaccin, à faciliter son administration ou à prolonger sa durée de conservation. L’aluminium aide les actifs à arriver jusqu’aux bons récepteurs dans le corps. »

Les vaccins nous protègent de maladies graves comme la Polio.

Les résidus, eux, sont des substances utilisées pendant la fabrication des vaccins. Il en reste des traces dans le produit fini, mais ils n’ont aucun impact. « Le vaccin en soi ne rend pas malade. Il arrive qu’on ressente de légers effets secondaires, comme de la fièvre, une rougeur ou un gonflement à l’endroit de l’injection. Exceptionnellement – dans un cas sur un million – il peut se produire un choc allergique sérieux. »

Comment agit un vaccin

Dès qu’un vaccin est introduit dans l’organisme, le système immunitaire réagit en produisant des anticorps et des cellules immunitaires contre « l’intrus ». C’est l’immunisation active : les cellules mémoire du système immunitaire enregistrent le code de l’intrus. Par la suite, lorsqu’on sera exposé aux vrais germes de la maladie, les cellules immunitaires le reconnaîtront et pourront lancer une action rapide et ciblée. Le virus ou la bactérie n’aura pas le temps de pénétrer dans les cellules du corps et de développer la maladie.

Grâce aux vaccins contre la grippe, les pneumocoques ou la coqueluche, on ne se rend compte de rien en cas d’infection, ce qui pousse certains à douter de leur utilité. « En fait, un vaccin fonctionne comme une assurance incendie. Vous n’en voyez l’utilité que le jour où votre maison prend feu. Mais ce jour-là, vous serez bien content d’être protégé ! »

Quel type de vaccin ?

Le vaccin contre la variole, le tout premier a avoir été introduit en Europe, il y a environ deux cents ans, était de type vivant atténué, c’est-à-dire basé sur une forme atténuée du virus. D’autres vaccins – notamment ceux contre la rougeole, les oreillons, la rubéole, la varicelle et le rotavirus – sont également de type vivant atténué. Le point de départ est le germe pathogène, qui est ensuite transformé en vaccin.

« Le virus d’origine peut être affaibli par un passage en culture cellulaire, par une atténuation chimique ou en partant d’un virus animal apparenté mais moins virulent. Ces vaccins sont très efficaces et protègent en général à vie. L’inconvénient, c’est qu’ils ne conviennent pas à tout le monde. Par exemple, on ne peut pas les injecter aux femmes enceintes ou aux personnes souffrant d’un trouble de l’immunité. Il y a un faible risque que le vaccin atténué les contamine », explique Pierre Van Damme.

A côté de cela, on utilise aussi des vaccins inactivés. « Avant on procédait en tuant des germes entiers, avant de les utiliser comme base pour le vaccin. Grâce aux nouvelles technologies, on est en mesure de sélectionner des parties de virus ou de bactéries qui feront en sorte que le germe puisse pénétrer dans les cellules du corps. Il s’agit le plus souvent de protéines membranaires ou de sucres. Le vaccin cible ces antigènes spécifiques. En recherchant des anticorps capables de bloquer ces antigènes, on s’assure que l’agent pathogène devient bel et bien inoffensif. » Ces vaccins inactivés offrent en général une immunité moindre : il faut donc prévoir un ou plusieurs rappels.

Plus récents, les vaccins à ADN, déjà utilisés en médecine vétérinaire sont encore largement en phase de test pour les humains. Avec ce type de vaccins, on injecte dans les cellules un code génétique pour certaines protéines virales.

Un long chemin

Les scientifiques s’attendent à ce qu’un vaccin Covid-19 soit prêt au plus tôt début 2021. Le parcours que doit franchir un candidat vaccin avant de prouver son efficacité et son absence totale de dangerosité est défini par des protocoles scientifiques très rigoureux. Tout commence par la conception d’un ou plusieurs candidats vaccins. « L’innocuité et l’efficacité sont tout d’abord évaluées sur une petite cohorte d’animaux de laboratoire, généralement des souris. Ensuite, on passe à des animaux qui présentent des récepteurs identiques ou similaires à ceux des êtres humains. Dans le cas du vaccin Covid-19, les hamsters semblent être les meilleurs candidats. »

Une fois déterminée cette cohorte plus large, place à la mise à l’épreuve. Une moitié du groupe reçoit le vaccin, tandis que l’autre reçoit un placebo. Ensuite, on expose l’ensemble du groupe à l’agent pathogène. « Cela donne une bonne indication de la réponse immunitaire des hamsters, et on voit si le vaccin atteint son objectif « , explique Pierre Van Damme. Si les résultats sont favorables, une demande est introduite auprès des autorités compétentes pour commencer les essais cliniques chez l’homme.

Ceux-ci se déroulent en trois phases. D’abord, on vérifie auprès d’un petit groupe de 50 à 100 personnes la sécurité du vaccin, la réponse immunitaire et la tolérance aux différents dosages. En cas de succès de cette première phase, lors de la deuxième on refait les mêmes essais, de manière plus approfondie, sur un groupe beaucoup plus important. Enfin, dans la phase finale, on démontre l’effet protecteur du vaccin sur des milliers de volontaires exposés à un risque d’infection.

« Dans le cas d’Ebola en Afrique, il y a quelques années, une entreprise avait réussi à formuler un candidat vaccin juste à temps pour pouvoir le tester sur les humains en pleine épidémie. Les résultats ont été a priori très positifs mais il faut savoir que cette troisième phase dure en général plusieurs années « , prévient Pierre Van Damme.

La course au vaccin Covid-19

Plus de 70 sociétés et organismes dans le monde planchent sur le développement d’un vaccin contre le Covid-19. Ce qui devrait nous valoir, courant 2021, différents vaccins. En Belgique, cet été verra le démarrage des premiers essais menés sur l’homme. Ce vaccin ne se présentera pas nécessairement sous forme d’injection : il pourrait aussi être administré par spray nasal ou par voie topique (sur la peau).

  • Plus tôt que prévu ?

« Certaines entreprises sautent l’étape des tests sur les animaux et commencent immédiatement les tests sur les humains, après approbation des autorités, précise le Pr Van Damme, épidémiologiste. Cela peut se justifier dans le cas où on part de modèles de vaccins existants, comme celui contre le virus d’Ebola et de la grippe, car leur innocuité a été testée. C’est un peu comme si on gardait un moteur de voiture, en remplaçant l’ensemble de la carrosserie pour le protéger d’un autre type d’agression. »

On pourrait aussi remplacer la troisième phase par un Controlled Human Infection Model ou CHIM. « Dans ce cas, les volontaires, dont certains ont été vaccinés et d’autres non, sont exposés au Covid-19. On parvient ainsi à démontrer l’efficacité du vaccin sur un groupe limité et dans un délai très court. Cette méthode a déjà été utilisée pour les vaccins antigrippaux. Mais ce genre d’approche accélérée ne serait possible que s’il existait un traitement efficace contre le Covid-19. Certains scientifiques défendent cette approche, d’autres pas. »

  • Un vaccin universel ?

Toutes les recherches se concentrent sur la souche actuelle du Covid 19. « Si on constate que des mutations du virus se mettent à circuler, cela nous permettra de rechercher un élément commun aux différentes versions du coronavirus. Sur cette base, on devrait alors pouvoir mettre au point un vaccin universel capable de protéger la population contre toutes les souches du virus », conclut le Pr Pierre Van Damme.

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