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Syndrome du côlon irritable : quand la digestion est loin d’être une partie de plaisir

Julie Luong

Douleurs abdominales, constipation, diarrhées : l’inconfort digestif est très fréquent. Le plus souvent, il est lié au syndrome de l’intestin irritable (SII), qui touche entre 10 et 20 % de la population.

Le syndrome de l’intestin irritable (SII), aussi appelé syndrome du côlon irritable ou colopathie fonctionnelle, est un trouble qui se caractérise par des sensations douloureuses ou inconfortables au niveau digestif.  » Les chiffres montrent que 50 % des consultations avec des plaintes digestives en médecine générale sont liées à un côlon irritable ! Et cela peut survenir à tout âge « , constate le Pr Edouard Louis, gastro-entérologue au CHU de Liège. Le SII est lié à un passage trop lent ou au contraire trop rapide des aliments dans le côlon (aussi appelé gros intestin). Lorsque le côlon se contracte de manière rapide et excessive, il est en effet incapable d’absorber l’eau contenue dans les aliments, provoquant des diarrhées. À l’inverse, lorsqu’il ne se contracte pas assez, il absorbe trop de fluides, ce qui entraîne de la constipation. Le syndrome peut donc combiner des phases de diarrhée et de constipation, même si un des deux symptômes est souvent plus présent. Douleurs, crampes, ballonnements et flatulences font aussi partie des désagréments, tout comme les borborygmes (bruits intestinaux) et l’urgence d’aller à selles...

Les causes du SII

Chronique, le syndrome de l’intestin irritable peut avoir différentes causes.  » Il y a probablement un facteur génétique mais celui-ci reste mineur. Ensuite, parmi les facteurs déclenchants, le mieux documenté est l’infection : une banale gastro-entérite virale pourrait être en cause. Plus elle est sévère et plus elle survient dans un contexte de stress, plus elle peut favoriser l’émergence du côlon irritable « , analyse le Dr Louis. Le deuxième facteur déclenchant identifié est d’ailleurs le stress luimême : certaines études montrent en effet qu’il existe une association entre le stress et le SII. On sait en effet aujourd’hui que l’intestin est notre  » deuxième cerveau « , autrement dit le miroir de nos états d’âme... Certaines recherches tendent par ailleurs à montrer que les personnes atteintes de SII auraient un seuil de sensibilité abaissé : elles ressentiraient comme inconfortables des contractions intestinales qui passent inaperçues chez la plupart des individus.

 » Aujourd’hui, on sait néanmoins que l’association avec une dépression est faible : seuls 5 % des personnes avec un côlon irritable ont aussi une dépression « , souligne le Dr Louis. Les hormones pourraient aussi jouer un rôle important : les femmes sont deux à trois fois plus touchées par le SII.  » Chez les femmes, les douleurs ont aussi tendance à varier suivant les moments du cycle, de la même manière que les douleurs liées à l’endométriose. Il faut donc toujours envisager une origine gynécologique des douleurs, même si c’est la minorité des cas « , explique le spécialiste. Enfin, une alimentation déséquilibrée pourrait également favoriser l’émergence d’un SII, en perturbant l’équilibre de la flore intestinale.

Hypnose et SII

 » Plusieurs études montrent que l’hypnose – et surtout l’autohypnose, bien plus praticable au quotidien – donne de bons résultats dans la prise en charge du syndrome de l’intestin irritable « , constate le Dr Louis, gastro-entérologue. Parfois lié à un contexte anxieux, le SII a lui-même tendance à augmenter l’anxiété. Certaines personnes développent même une véritable phobie sociale, liée à la peur de devoir aller aux toilettes à un moment inopportun (dans des toilettes mal isolées, au cinéma, en voiture, etc.) ou d’émettre des bruits gênants (borborygmes, flatulences...) en public.

Dans ce cadre, l’hypnose peut apprendre à mieux gérer les anticipations anxieuses. Elle est aussi utile pour apprendre à ne pas se focaliser sur ses sensations douloureuses. Cette technique s’avère particulièrement efficace chez les personnes qui sont convaincues qu’elles peuvent agir sur leurs symptômes par leur comportement et qui ont donc envie de le changer !

Exclure le cancer du côlon

 » Le SII peut survenir à tout âge. Il est donc probable que les plaintes digestives soient liées à ce syndrome, même après 50 ans. Mais plus on avance en âge, plus on a de risques de développer des pathologies organiques comme le cancer du côlon. Les symptômes doivent être un prétexte au dépistage ! Ce cancer est en effet le deuxième cancer après celui du sein chez la femme et le troisième après celui de la prostate et du poumon chez l’homme. « 

Le dépistage se fait par une recherche de sang occulte dans les selles complété, si besoin, d’une coloscopie, pour détecter la présence de lésions précancéreuses.  » C’est un dépistage intéressant car il permet de déceler des lésions à un stade tout à fait curable « , précise le Dr Louis. Enfin, en cas de symptômes digestifs persistants, il faudra exclure d’autres maladies qui donnent le même type de symptômes comme une intolérance au lactose, une malabsorption des sels biliaires ou encore une maladie coeliaque.

Infos : www.apssii.org, association des patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable

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