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Stopper le remboursement des médicaments anti-Alzheimer « pas suffisamment efficaces »

La Mutualité chrétienne plaide pour un arrêt partiel des remboursements des médicaments anti-Alzheimer, ne les estimant pas suffisamment efficaces, rapportent Le Soir, De Standaard et Het Nieuwsblad.

« Leur utilité n’est pas démontrée et leurs effets indésirables sont importants », assure Jean Hermesse, secrétaire général de la Mutualité chrétienne, qui a mené une étude auprès de 100.000 membres concernés.

Un manque d’efficacité également épinglé par le Centre belge d’information pharmacothérapeutique (CBIP), une ASBL indépendante des lobbys du secteur.

Pourtant, l’utilisation de ces remèdes a un coût pour l’Inami : environ cinq millions d’euros par an, selon la Mutualité chrétienne, qui plaide dès lors pour mettre partiellement fin à ce remboursement – tout en permettant aux utilisateurs actuels de continuer à en bénéficier.

« Notre mutualité a d’ailleurs entamé une procédure en ce sens auprès de la Commission de remboursement des médicaments (CRM) », précise Jean Hermesse. « La somme économisée pourrait être consacrée à l’accompagnement des personnes atteintes de démence et, pourquoi pas , à la recherche scientifique visant à trouver des alternatives aux médicaments actuels », ajoute-t-il.

Les patients atteints d’Alzheimer ont droit à une juste information, selon une experte

La proposition de médecins et de mutuelles de mettre fin au remboursement des médicaments contre la maladie d’Alzheimer est une décision compréhensible, a réagi Christine Van Broeckhoven, experte en la matière de l’Université d’Anvers et de l’Institut flamand pour la biotechnologie. Pour elle, les patients ont droit à une bonne information. « Vous ne pouvez pas continuer à dire que les médicaments retardent ou postposent la maladie. Ce n’est absolument pas correct ».

Le Conseil général du Comité de l’assurance de l’Inami se prononcera définitivement sur cette proposition la semaine prochaine. « Ils suivent ce qui s’est passé en France, où les médicaments ne sont plus remboursés car ils n’ont pas d’effet significatif sur les fonctions cognitives et qu’il existe de nombreux effets secondaires », explique l’experte. « Nous savons cela depuis un moment déjà. Ce sont les mêmes médicaments que ceux qui sont prescrits depuis des années. »

La situation doit toutefois être nuancée, selon Christine Van Broeckhoven. « Le seul effet positif des médicaments est que certains patients peuvent rester chez eux jusqu’à deux ans de plus. Sur ce point-là, les conditions de vie sont meilleures », analyse-t-elle. « Une alternative à la cessation complète pourrait dès lors être par exemple d’arrêter le traitement après deux ans. Le patient devrait alors se rendre en maison de repos. Ou bien y mettre fin dès qu’il s’y installe. »

Dans ces deux scénarios, il est question d’un patient moyen, souligne l’experte. « Tous ne répondent pas bien. Il n’est également pas certain que l’effet positif potentiel provienne du médicament lui-même ou de la prise du médicament, c’est-à-dire l’effet placebo. »

D’après Christine Van Broeckhoven, le message principal est surtout que l’on ne peut plus mentir aux patients. « Vous ne pouvez pas continuer à dire que les médicaments retardent ou postposent la maladie. Ce n’est absolument pas correct. Ce n’est pas vrai non plus qu’ils préviennent la perte de mémoire », dit-elle. « Les patients ont droit à des informations précises. Il est important que les médecins soient honnêtes avec eux. C’est pourquoi il faut également veiller à ce qu’ils disposent des données nécessaires pour informer correctement les patients. »

Il est ainsi important qu’ils leur indiquent clairement qu’ils doivent notamment rester actifs, entrer en contact avec d’autres personnes et faire du sport. « Il est également important de bien suivre les patients et d’arrêter de leur prescrire des médicaments s’ils n’ont pas d’effets significatifs », préconise l’experte.

« Peut-être que les gens n’aimeront pas entendre cela mais la recherche de nouveaux médicaments pour soigner la maladie n’a pas (encore) abouti », reconnait-elle. Un travail préventif est par contre possible, souligne-t-elle. « Avec la nouvelle approche, nous essayons d’intervenir à un stade précoce avec, par exemple, des médicaments ou un traitement. Je pense que c’est la seule approche qui aura un effet réel. Nous devons y investir », conclut-elle.

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