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Sprays pour le nez et sirops pour la gorge, utiles ou pas?

C’est l’hiver : bonjour les nez bouchés, les gorges qui grattent, les toux qui nous tiennent éveillés ! Les sirops pour la toux et les sprays pour le nez tiennent alors la vedette dans notre pharmacie familiale. Mais sont-ils vraiment indispensables ? Comment bien les utiliser pour éviter les effets indésirables ? Suivez notre mode d’emploi...

Toux, nez qui coule, maux de gorge : dès que le mercure part à la baisse, les rhumes font leur apparition, avec leur cortège de symptômes déplaisants... Pour les soulager, nous avons souvent tendance à user et abuser de sirops contre la toux et de sprays pour le nez. Mais sont-ils vraiment utiles ? Sont-ils vraiment inoffensifs ? Comment les utiliser en toute sécurité ? Et par quoi peut-on les remplacer ?

Toux : sirop ou pas ?

La toux est un réflexe d’autoprotection de l’organisme et même un moyen de défense vital, puisqu’elle nous permet d’expulser les hôtes indésirables de nos voies aériennes afin de faciliter la respiration !

Glaires, aliments avalés de travers, corps étrangers : il suffit que nos voies respiratoires soient titillées par une présence anormale pour qu’elles avertissent automatiquement la zone du cerveau qui se charge de réguler la toux. Celle-ci ordonne aussitôt à l’organisme de prendre une brève mais profonde inspiration, de fermer la glotte et de détendre le diaphragme, de façon à accroître autant que possible la pression dans la cage thoracique... puis de rouvrir la glotte, avec à la clé une brutale expulsion d’air accompagnée d’un son caractéristique. Si leur cause la plus courante est un banal rhume d’origine virale, les quintes de toux peuvent aussi révéler un problème plus sérieux, comme une pneumonie, une embolie pulmonaire ou même un dysfonctionnement de la  » pompe  » cardiaque.

Toux aiguë ou chronique ?

Une toux n’est pas l’autre et il faut donc bien identifier les symptômes avant de se soigner. La toux aiguë est le plus souvent provoquée par une infection des voies aériennes supérieures (comme un simple rhume), une sinusite bactérienne ou une coqueluche. Parmi les autres coupables potentiels, citons encore les rhinites allergiques, les irritations provoquées par des poussières ou des fumées, un air trop sec ou une pathologie comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive. Ce sont surtout les sirops et pastilles visant à soulager ce type de toux nous avons une fâcheuse tendance à consommer sans modération.

La toux chronique, elle, se caractérise par des quintes persistant durant plus de trois semaines. Lorsque le symptôme est présent de manière prolongée ou chronique, il signe généralement une pathologie sous-jacente telle que l’asthme, ou encore un écoulement rhino-pharyngé postérieur qui, accompagné d’une sensation d’avoir en permanence des glaires au fond de la gorge, induit une irrépressible envie de tousser. La toux du fumeur est un autre exemple de cette variante chronique... qui peut cependant aussi être un simple tic nerveux. Le médecin sera le plus souvent en mesure d’identifier et de combattre la cause de ce symptôme persistant.

La toux grasse

 » Un rhume banal ne demande aucun traitement, affirme le Dr Martine Van Hecke qui collabore à Test-Achats. Le mieux est d’attendre qu’il passe de lui-même. Dans certains cas, un nez qui coule ou une forte toux peuvent être gênants, au point, parfois, de perturber le sommeil. Dans ce cas, le recours à un traitement de confort est envisageable. La plupart des médicaments contre la toux sont toutefois franchement déconseillés chez l’enfant et même les adultes ne devraient y avoir recours qu’avec prudence : bien souvent, leur efficacité n’est pas démontrée et ils comportent en outre un risque d’effets secondaires, notamment de réactions allergiques.  » Il faut absolument éviter de réprimer une toux dite grasse ou productive au moyen d’un antitussif.  » Ce type de toux a une fonction très utile, puisqu’elle permet d’éliminer l’excès de glaires, et désactiver ce mécanisme à l’aide d’un sirop risque d’entraver la respiration et même d’aggraver l’infection. La meilleure solution consiste à boire beaucoup d’eau.

Si votre état ne s’améliore pas, vous pourrez éventuellement envisager de prendre un sirop expectorant qui vise à fluidifier le mucus afin d’en favoriser l’expulsion, quoique l’efficacité de ce genre de produit reste à démontrer. Veillez toutefois à choisir un médicament à base d’un seul principe actif : les préparations combinées qui permettent à la fois d’inhiber la toux et de libérer les glaires sont à éviter, car même si un de leurs constituants devait s’avérer efficace, les autres seraient de toute façon superflus. « 

La toux sèche

La toux sèche n’a aucune utilité pour l’organisme. Elle a pour seul effet d’irriter et de fatiguer. « Inhiber ce type de toux, par exemple pour avoir moins de mal à s’endormir, peut soulager durant quelques jours. L’idéal est alors de prendre un sirop à base de codéine, une substance apparentée à la morphine qui possède un effet apaisant et antalgique. « 

Mais gare aux excès, car ce type de produit est loin d’être inoffensif : il risque en effet non seulement d’inhiber la toux mais aussi d’affaiblir la respiration. En outre, comme il peut provoquer une dépendance, son utilisation devra autant que possible être limitée dans le temps.

Il existe également des antitussifs à base de dextrométhorphane, une autre substance apparentée à la morphine et à la codéine, qui ne possède toutefois pas leurs propriétés antalgiques.  » Certaines personnes très sensibles aux médicaments devront se montrer particulièrement prudentes lorsqu’elles prennent un sirop contre la toux ; c’est le cas des diabétiques, qui veilleront à choisir une formule sans sucre, mais aussi des allergiques, car ces produits contiennent des colorants et des aromatisants susceptibles de provoquer des réactions indésirables. Et puis, n’oubliez pas que le sucre contenu dans de nombreux produit est mauvais pour les dents... « 

Les bons réflexes quand on tousse

  • Si vous l’estimez nécessaire, préférez un sirop à base d’un seul principe actif. Evitez ceux qui cumulent propriétés antitussives et expectorantes.
  • Limitez l’utilisation à quatre ou cinq jours.
  • Ne buvez pas le sirop à la bouteille mais utilisez le bouchon-doseur qui est prévu à cet effet... et prenez garde au surdosage !

Nez bouché : spray ou pas ?

On estime actuellement à plus de 200 le nombre de virus en circulation susceptibles de provoquer un rhume. Autant dire que mettre au point un vaccin qui protège contre cette véritable légion d’agresseurs relève de la mission impossible... et il en va de même des traitements curatifs, qui se bornent à soulager les symptômes les plus pénibles tels que la toux ou le nez bouché.

Si vous prenez votre mal en patience, il disparaîtra de lui-même en cinq à sept jours. Mais la nuit peut sembler longue lorsqu’on la passe à se moucher au lieu de dormir ! Pas étonnant dès lors que les sprays nasaux à action rapide figurent en bonne place dans toutes les pharmacies familiales...

 » Pourtant, mieux vaut ne pas y avoir recours trop vite, conseille le Dr Van Hecke. Un simple lavage au sérum physiologique est tout à fait suffisant. C’est sans danger pour le nez et on peut même le pratiquer chez les jeunes enfants. La solution saline permet de fluidifier les glaires pour les évacuer plus facilement en se mouchant, de façon à dégager le nez. « 

Un spray oui, mais pas plus de 5 à 7 jours !

Lorsque la situation demande des mesures plus énergiques, on peut utiliser des sprays vasoconstricteurs.

 » Ils permettent de rétrécir les vaisseaux sanguins du nez et, ainsi, de réduire la production de mucus. La xylométazoline et l’oxymétazoline sont deux molécules très efficaces, mais leur utilisation doit être limitée à cinq à sept jours au maximum, sous peine de faire plus de tort que de bien. Au-delà, elles vont, en effet, déclencher une contre-réaction qui aggravera les symptômes. Au lieu de limiter sa production de mucus, l’organisme va se mettre à en générer davantage ! « 

Comme pour les sirops contre la toux, de nombreux sprays nasaux contiennent une combinaison de principes actifs.  » Ils sont à déconseiller : un certain nombre de substances sont susceptibles de provoquer des réactions allergiques ou des effets secondaires... Sans compter que leur efficacité n’est pas démontrée.

Un spray à la cortisone n’a, par exemple, aucune utilité, car cette substance met un certain temps à faire de l’effet, alors qu’on ne peut l’utiliser que brièvement. Les formules contenant des antibiotiques sont également à proscrire : ceux-ci n’ont aucun effet sur les virus et peuvent favoriser l’apparition de résistances bactériennes. « 

Alors, faut-il préférer les bons vieux remèdes de grand-mère ?  » Oui. Respirer les vapeurs d’un bol d’eau chaude soulage très efficacement. Et il est inutile d’y ajouter de la camomille ou de l’eucalyptol, car cela sent bon, d’accord, mais cela ne sert à rien d’autre ! « 

Les bons réflexes quand on est enrhumé

  • Respirez les vapeurs d’un bol d’eau chaude.
  • Utilisez une solution saline physiologique pour aider à éliminer les glaires.
  • Si vous êtes vraiment accablé, utilisez un spray ou des gouttes pour le nez à base d’oxymétazoline ou de xylométazoline. Evitez les préparations combinées.
  • Veillez à ce que l’air soit suffisamment humide.

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