Sexualité et cancer du sein

Le cancer du sein touche environ 8000 nouvelles femmes par an en Belgique. Le risque d’en souffrir, pour une femme belge, au cours de son existence, est d’environ 1 chance sur 9. Que devient la sexualité du couple lorsque la femme est malade ? Ou, que devient la sexualité de la femme pour elle-même ?

Il semble que pour la patiente la question de la sexualité passe souvent au second plan devant la notion simple de survie et de guérison. En fait, la demande de maintien de leur fonction sexuelle semble injustifiable aux patientes au regard de la visée beaucoup plus essentielle de la survie.

Ce constat est souvent, aujourd’hui, une raison importante pour ne pas placer la sexualité dans les priorités. (C’est d’abord la survie qui compte pour la patiente, la sexualité restant secondaire.) Cette mise au second plan peut également s’expliquer par la présence de facteurs tels que la fatigue, les nausées, la peur de la mort, les préoccupations financières et familiales.

Tout cela, peut en effet fournir une explication suffisante pour une baisse de désir sexuel. Il n’en reste pas moins que le cancer et les traitements qui y sont associés peuvent perturber de manière importante la sexualité.

La modification du corps

De fait, si les mastectomies atteignent les femmes par la mutilation d’un attribut de féminité, investi socialement et symboliquement, elles les touchent aussi par la disparition d’un organe qui a une fonction importante dans les stimulations participant à la satisfaction liée aux relations sexuelles.

De plus, la modification du corps n’est pas sans répercussions sur la capacité de la femme à se montrer à son mari, et ce, plus particulièrement lorsque le corps doit être investi à un niveau érotique.

D’un point de vue physiologique, le cancer du sein et ses traitements peuvent provoquer la duminution de plaisir, la dyspareunie (douleurs à la pénétration), une sécheresse vaginale, une baisse de libido. Tout cela, touche à la sexualité fonctionnelle et mécanique. Mais, ces désagréments peuvent créer un cercle vicieux dans lequel la relation sexuelle est douloureuse plutôt que plaisante. Cela provoque alors un évitement de l’activité sexuelle.

Le manque de désir

D’après les résultats de l’étude de Barni et Mondin (1997) nous pouvons constater que le problème le plus fréquent dans les troubles sexuels chez des femmes traitées pour cancer du sein est le manque de désir (48%) ; suivent l’absence d’orgasme (44%) et les problèmes de lubrification (42%). Seules 38% des personnes interrogées attribuent leur problème directement au traitement du cancer du sein.

De plus, le désir féminin peut demeurer vivant et fort mais être réfréné, refoulé par la femme en elle-même qui s’interdit la jouissance.

Cependant, le cancer du sein n’a pas nécessairement des effets négatifs sur la sexualité des conjoints. Si la maladie peut détruire la libido, à l’inverse, elle peut aussi ne rien modifier du tout.

Il faut toutefois constater que l’impact du cancer et de ses traitements au niveau de la sexualité présente et future varie selon le cycle de vie dans lequel se trouve la femme.

En effet, selon une étude de Ghizzani réalisée en 1995 dans son article, pour les jeunes femmes, il y l’inquiétude de la stérilité, associée à celle d’une survie assez longue pour mener leurs enfants à l’âge adulte. Chez la femme nullipare, il y a la crainte de ne pas être mère. A cela s’ajoute celle de ne pas trouver un nouveau partenaire. En ce qui concerne les femmes plus âgées, il semble que le facteur crucial est l’attention et l’amour du mari qui leur permettent de rester ouvertes à la sexualité.

En guise de conclusion nous pouvons constater qu’il est évident que la maladie vient mettre à mal la dynamique du couple ainsi que son rapport à la sexualité. Mais, la sexualité est quelque chose qui se vit à deux et qui peut s’adapter à chaque phase de la vie. Le couple peut réussir à re-trouver son harmonie sexuelle malgré un passé malade. L’ajustement sexuel semble essentiel pour une reprise ou pour une continuation de l’activité sexuelle dans le respect du désir de chaque partenaire.


En collaboration avec:


Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire